Réforme du collège : près de 200 manifestants à Tours

Et ils en voulaient à Najat Vallaud-Belkacem…

En ce moment, à chaque fois que les profs descendent dans la rue à Tours, il se met à pleuvoir. La dernière fois c’était contre les suppressions de postes. Ce mardi, c’est la réforme du collège qui a poussé environ 200 enseignants de Touraine (et certains autres venus du Loir-et-Cher) à sortir le parapluie pour marcher du Champ Girault à la préfecture d’Indre-et-Loie où une délégation syndicale devait être reçue par le directeur de cabinet du préfet.

En poste au collège Rabelais de Tours où elles dispensent des cours de français, deux des manifestantes commencent par nous raconter leurs craintes : « cette réforme va entraîner un nivellement par le bas, un pseudo-égalitarisme. La ministre nous ment et fait preuve de mauvaise foi. Cette réforme c’est juste une façon de cacher une baisse des moyens. » Ce qu’elles redoutent, c’est de perdre une partie de leurs 4h de cours hebdomadaires au profit des EPI, ces heures où plusieurs enseignants se retrouveront face à une classe pour parler langues anciennes ou développement durable : « nous ne sommes pas profs pour construire des cabanes » exagèrent-elles, « on ne peut pas apprendre le latin en un semestre puis passer au développement durable juste après » ajoutent-elles.

« Faire autant d’heures de français que de sport ce n’est pas possible ! »

Elles estiment aussi « qu’un enfant de 12 ans n’est pas capable de choisir » les 6 EPI les plus adaptés pour lui parmi les 8 différents qui seront au programme : « leurs intitulés sont fumeux et même les parents ne sauront pas de quoi il s’agit. Tout ça sera très compliqué à mettre en place et se fera au détriment des heures de base ». Tout de même d’accord sur le principe pour que le collège soit réformé, elles recentrent le débat sur l’éternelle question des moyens : « 28 ou 30 élèves par classe en 6ème, ce n’est pas possible, il faut plus de profs ! ».

« Cette réforme est économique, c’est de l’enfumage » complètent deux profs de lettres venues de Montoire, près de Vendôme : « Je n’ai jamais vu une réforme qui s’appliquait sur tous les niveaux en même temps. C’est ingérable; » Elles craignent elles aussi que l’enseignement du français soit marginalisé : « les élèves qui choisiront d’apprendre le latin devront le faire au détriment de cours de français » croient-elles savoir « alors qu’aujourd’hui, comme on a déjà diminué le quota d’heures, nos élèves de 3ème ont le niveau des ados de 5ème des années 90. Il ne faudrait pas 4h de français au collège mais 6 à 8h. Avoir autant de français que de sport dans un emploi du temps ce n’est pas normal ! »

« Les élèves ne ZEP ne peuvent pas suivre les cours classiques »

Syndiqué au SNES-FSU, Pierre Viandin, prof de maths au collège de La Rabière de Joué-lès-Tours, regrette lui aussi que sa matière soit en partie sacrifiée au profit des EPI. Exerçant en ZEP, il estime que le collège unique que cette réforme prétend instaurer n’est pas la solution, qu’il vaudrait mieux plusieurs formes de classes selon le niveau des élèves : conserver les actuelles SEGPA, créer un niveau intermédiaire et un niveau pour les meilleurs (l’Allemagne pratique en partie ce système). « En ZEP, les élèves ne peuvent pas suivre les cours classiques » estime-t-il, persuadé qu’on trouvera des enseignants motivés pour faire face à ces classes défavorisées (lui ne changerait de lieu pour rien au monde, notamment satisfait de n’avoir que 20 élèves en cours).

Philippe Baretto De Souza, venu de Loches, reproche lui au texte la part d’autonomie qu’il laisse aux établissements pour l’élaboration des programmes : « chaque collège aura des décisions différentes et il sera impossible d’aller d’un collège à l’autre et d’avoir le même enseignement. » Et Pierre Viandin de renchérir : « on sait bien que certains collèges ne pourront pas faire tous les EPI alors que d’autres y arriveront » ce qui fait que selon lui, les inégalités que la ministre Vallaud-Belkacem prétend vouloir faire tomber persisteront.

Olivier COLLET

Alors que, de source syndicale, 30, 40 voire 50% des profs étaient en grève ce mardi selon les établissements, le rectorat de l’académie Orléans-Tours annonce 21,65% de personnels mobilisés en région Centre-Val de Loire.

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