Comment soutenir les femmes victimes de violences conjuguales en Touraine ?

A l’occasion du forum de lutte contre les violences faites aux femmes organisées ce mercredi à Tours, rencontre avec deux femmes dont le métier est d’aider celles qui souffrent.

Ce vendredi 19 décembre, une convention départementale entre le Préfet d’Indre-et-Loire, le Conseil Général, le procureur de Tours, les forces de l’ordre, l’ADAVIP et la chargée de mission aux droits des femmes et à l’égalité doit être signée afin de proposer un meilleur suivi des femmes venant dénoncer des violences conjugales… L’occasion de relire cet article publié au moment de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes fin novembre.

 

Du 1er janvier 2014 au 20 novembre, 1059 plaintes ont été déposées pour des violences au sein de la famille en Indre-et-Loire, un bilan quasiment identique à celui observé sur la même période en 2013. Si les services de l’Etat ne détaillent pas plus ces chiffres, on sait qu’une large majorité des faits concernent des femmes. Au niveau national, la statistique choc que l’on entend souvent est celle-ci : une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon. Ce mercredi, toute la journée, le centre de vie du Sanitas de Tours accueille un grand forum pour parler de ces violences au sein du couple. Parmi les personnes qui y participeront : le major de police Jacqueline Golupeau et l’assistante sociale Sandy Leroy. La première est responsable du bureau d’aide aux victimes du commissariat de Tours, la seconde est une intervenante sociale en poste depuis un an et qui partage son temps entre commissariats et gendarmerie de Touraine pour venir en aide aux victimes.

Au cours de la conversation, les deux femmes définiront le plus souvent leur rôle ainsi : « nous accompagnons les femmes victimes de violences, on essaie de les orienter au mieux vers nos différents partenaires (ADAVIP, CIDFF, Planning Famillial, Entr’Aide Ouvrière…) ». « Je me saisis au vu des comptes rendus de mes collègues ou des plaintes puis je recontacte les victimes » précise Jacqueline Golupeau. « Parfois, il suffit d’un contact téléphonique sinon je les reçois au commissariat notamment pour leur expliquer leurs droits. Bien souvent, elles ne savent pas quoi faire. Par exemple, certaines veulent divorcer rapidement pour faire cesser les violences et je leur explique que déposer plainte va ralentir la procédure. A contrario, sans plainte, nous ne pouvons rien faire… ».

« Faire comprendre aux femmes que l’on s’occupe d’elles »

Le major aiguille ensuite les victimes vers Sandy Leroy, dont le poste est cofinancé par l’Etat et le Conseil Général. « J’accueille, écoute et oriente les victimes que la police, la gendarmerie ou l’ADAVIP m’envoient. On essaie de les diriger au mieux vers des assistantes sociales de secteur, une aide juridique, médicale ou psychologique. De répondre à leurs questionnements. Ce protocole permet de faire comprendre aux femmes que l’on s’occupe d’elles. Ca change l’image de la police et de la gendarmerie. Quand elles réussissent à faire ce pas de venir parler, il faut qu’elles aient l’impression d’avoir une prise en charhe globale ».

Et cette démarche reste marginale : « on estime que 10% des victimes de violences conjuguales portent plainte » complète le major Golupeau. Faut-il d’ailleurs les encourager à le faire ? « On leur conseille, mais la décision leur revient personnellement. On ne les force pas. C’est un long cheminement ». Par ailleurs, un protocole de suivi des mains courantes (signalement de faits sans dépôt de plainte) doit prochainement entrer en vigueur en Indre-et-Loire afin de compléter le dispositif d’accompagnement.

« Il faut faire en sorte que les femmes ne se sentent pas seules. Il faut parler » ajoute encore la policière, « c’est compliqué, car certaines femmes ont encaissé pendant longtemps ». « Isolées et soumises parfois pendant des années, elles ont du mal à faire les choses par elles-mêmes » détaille de son côté Sandy Leroy. Mais les deux femmes, passionnées, restent optimistes : « quand on revoit certaines victimes avec le sourire quelques mois plus tard, quand elles ont repris leur vie en main, c’est satisfaisant de faire partie de cette chaîne d’aides. C’est elles qui franchissent notre porte. Alors si elles doivent être fières de quelqu’un, c’est d’elles-mêmes » conclut joliment Sandy Leroy.

Olivier COLLET

Programme du forum de ce 26 novembre au Sanitas (entrée libre) :

  • 10h30 – 11h30 : « violences et justice »
  • 13h15 – 14h00  : « le viol et les agressions sexuelles »
  • 14h15 – 15h00  : « l’accompagnement global des femmes victimes de violences »
  • 15h15 – 16h00  : « hébergement logement »
  • 16h15 – 17h00  : « la prise en charge des auteurs de violences conjugales »
  • 17h15 – 18h00  : « violences et accompagnement des femmes étrangère »

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