Les TER Tours-Chinon et Tours-Loches menacés ?

Le rapport Spinetta sur la SNCF déclenche une grosse colère de la région Centre-Val de Loire. A raison ?

Pris au pied de la lettre, le rapport Spinetta chargé de faire des propositions pour l’avenir de la SNCF est une énorme bombe : il s’intéresse au TGV, au statut des cheminots, au modèle économique de l’entreprise ferroviaire et… aux petites lignes TER. Non rentables, elles pourraient purement et simplement être supprimées tel que le conseille le document qui cite 6 exemples en Centre-Val de Loire : Paris-Châteaudun-Vendôme-Tours, Chartres-Courtalain, Tours-Loches, Tours-Chinon, Salbris-Valençay et Bourges-Montluçon (dans le même temps le texte préconise un renforcement de la liaison TGV historique Tours-Paris).

Des trains remplacés par des bus et des camions ?

Alors qu’il y a seulement quelques semaines la région Centre-Val de Loire se félicitait de son accord avec l’État pour la reprise de la ligne Paris-Orléans-Blois-Tours pour laquelle de nouveaux trains vont être achetés, elle est cette fois très remontée contre Paris et c’est le vice-président du conseil régional en charge des transports Philippe Fournié qui dégaine : « le rapport est extrêmement dur et méprisant. Sa logique est libérale et financière » s’agace l’élu qui craint que les mesures préconisées sont déjà pré-validées par le gouvernement et que les lignes citées sont réellement menacées.

Pour bien comprendre, il faut savoir qu’aujourd’hui l’État possède les infrastructures ferroviaires (les rails, le ballast) et que la région finance la circulation des trains. Mais si demain Paris demande à l’entreprise SNCF Réseau de stopper l’exploitation des lignes, le Centre-Val de Loire ne pourra plus y faire circuler de TER… à moins de récupérer la gestion. Philippe Fournié dit non : «  il faut 150 millions de travaux pour remettre en état ces 6 lignes en plus des travaux d’entretien quotidiens à plusieurs millions par an, ce n’est pas possible. Nous n’avons pas les moyens financiers, ni les ressources humaines nécessaires pour ces chantiers techniques. »

Des propositions, pas des décisions selon les députées

Philippe Fournié s’alarme également des conséquences d’une éventuelle fermeture de ces lignes : « si on veut installer une maison de santé pluridisciplinaire, sans train ce sera encore plus difficile de faire venir des professionnels de santé. Et puis il y a le fret : des milliers de tonnes de céréales sont transportées entre Tours, Châteaudun et Paris. Mettre 2 à 3 000 camions sur les routes à la place, je dis non. » Pour le vice-président de la région, pas question non plus de remplacer les trains par des bus : « aux heures de pointe quand il y a 80, 100 personnes dans un train ça veut dire mettre 2, 3 ou 4 bus sur la route au même moment, dans la circulation » (ce qui implique qu’il y ait au moins 80 personnes chaque matin dans les TER Loches-Tours ou Chinon-Tours, ce qui n’est pas forcément le cas…).

Philippe Fournié en appelle maintenant à tous les élus locaux, notamment les députés de la majorité. En Indre-et-Loire, Fabienne Colboc (députée LREM de Chinon) est visée et se veut rassurante : « ce n’est qu’un rapport qui fait des propositions. Toutes ne seront pas forcément retenues, ce qui a par exemple été le cas après le rapport sur la réforme du bac » et elle ajoute, à propos de l’axe sur sa circonscription, « il n’est pas question que Tours-Chinon ferme, si ça venait à être annoncé on se mobiliserait avec la sénatrice Isabelle Raimond-Pavéro. Au contraire je veux renforcer cette ligne ». Afin de clarifier la situation, elle prévoit – avec d’autres députés concernés – de rencontrer la ministre des transports Élisabeth Borne dans les prochains jours.

Des concertations jusqu’au printemps

Il ne faut pas traîner, car le projet de loi Mobilités doit être présenté en avril. Fabienne Colboc le juge « crucial » et se veut sereine : « suite aux assises de la mobilité, on a dit que de toute façon on donnerait un accès à la mobilité à tout le territoire et  les petites lignes TER sont gérées dans le cadre du contrat de plan Etat-Région qui n’est pas remis en cause. » L’élue Chinonaise complète : « il y a un travail de fond à faire dans la loi. Après, comment on y arrive… il y a toutes les formes », c’est-à-dire du train, du bus… « mais c’est mieux en train » note la députée qui veut agir collectivement avec les élus et les citoyens, « faire les choses avec précaution, ne pas sur-réagir », de quoi penser que la région s’alarmerait un peu vite ?

Députée du Lochois, Sophie Auconie se dit-elle « vigilante » mais démine aussi la situation : « ce rapport n’a que pour objectif de faire des préconisations visant à réduire le déficit de la SNCF. La suppression de certaines lignes pourrait donc être une solution mais alors que le ministre de l’environnement Nicolas Hulot ne cesse de nous rappeler qu’il nous faut trouver une démarche environnementale sur tous les sujets, on ne peut pas remettre le tout voiture ce n’est pas possible. Par ailleurs à Orléans le 20 juillet, Emmanuel Macron a dit la que ruralité ne serait pas la variable d’ajustement pour le gouvernement. » 

L’élue ajoute : « je veux faire confiance aux déclarations du président. Je n’imagine pas qu’Emmanuel Macron et Nicolas Hulot puissent suggérer la suppression d’une ligne comme Tours-Loches. Je suis ouverte sur une réforme structurelle de la SNCF mais je ne suis absolument pas d’accord sur les aspects de la réforme territoriale. La ruralité est à feu et à sang entre les fermetures de classes et les problèmes des agriculteurs, il n’est pas opportun d’en rajouter… » Elle aussi veut rencontrer la ministre des transports pour « anticiper » tout projet gouvernemental.

Olivier Collet

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