Au fait, on mangeait quoi dans les tranchées en 14-18 ?

Pendant la première guerre mondiale, les familles des poilus tourangeaux leur envoyaient rillons et rillettes pour leur remonter le moral.

Emmanuelle Cronier est une bonne interlocutrice. Maîtresse de conférence en histoire contemporaine, elle connait plein de détails sur la vie quotidienne des poilus pendant la guerre 14-18. Ses connaissances, elle a eu l’occasion de les présenter ce jeudi soir à Tours au cours d’un dîner inspiré des habitudes culinaires du début du XXème siècle, une réception organisée par la ville dans le cadre des commémorations du centenaire de la Grande Guerre (parce qu’elle n’avait pas beaucoup d’idées d’événement à célébrer pour 2016 et que ça change des lectures ou du théâtre, nous dit-on).

Au menu : rillettes et rillons « à l’ancienne », pot au feu (ou « soupe grasse »), fromages et trois desserts : riz au lait, flan de rhubarbe et biscuits Anzac (à base de farine, flocons d’avoine, noix de coco…). Sur le principe on ne semble pas forcément hyper loin de ce que l’on peut trouver sur nos tables, un siècle après. Pourtant, il y a des choses qui ont bien changé : « on est beaucoup moins habitué au gras aujourd’hui » constate un convive en mangeant la soupe du Pot au Feu, clairement bien plus grasse.

L’ensemble, préparé par la cuisine centrale des Fontaines et arrosé de vin rouge (un chinon 2014 et un vin faiblement titré) était commenté au fil de la soirée. Ainsi on a appris que dans les tranchées, les soldats pouvaient manger jusqu’à 1kg de viande par jour et boire 75cl de vin, une quantité qui a augmenté au fil de la guerre. Les autobus parisiens, réquisitionnés, servaient à transporter le bétail. C’était aussi le début de la cuisine standardisée, face au nombre de bouches à nourrir. D’ailleurs, les techniques ont évolué en 4 ans avec par exemple l’apparition de cuisines roulantes dès 1915, alors que les Allemands les avaient mises en place bien plus tôt.

Quant au pain, ou plutôt aux pains, ils étaient beaucoup plus roboratifs que ceux de 2016. On a pu en découvrir trois : l’Américain, assez proche du pain de main. Le Français, avec une croûte très épaisse et qui pouvait se garder jusqu’à une semaine. Et le « pain KK » allemand (oui, ça a aussi fait l’objet de beaucoup de blagues pendant la guerre) qui se conservait lui jusqu’à 3 semaines, la pomme de terre faisant partie de ses ingrédients, pour économiser les céréales afin de lutter contre la pénurie.

Bref, une soirée pour bien comprendre que manger était vraiment important pour les poilus. Un moment de réconfort, dont ils parlaient fréquemment dans les lettres envoyées à leurs proches. Et c’est par courrier que les Tourangeaux recevaient aussi rillons et rillettes, des mets qui leur manquaient et qui pouvaient en quelques bouchées leur redonner le moral. Un point forcément essentiel pour rester confiant face à l’ennemi.

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