Doutes et espoirs pour Jean-Patrick Gille

Présidentielle, métropole… Le député de Tours fait un point sur l’actualité.

Il y a quelques jours, Jean-Patrick Gille a rencontré le dalaï-lama à Paris, « un grand honneur » dit-il. Si le Tibétain n’a pas été reçu officiellement par les autorités françaises (pour ne pas froisser la Chine), ce rendez-vous avec des élus n’était pas anodin : « on n’a pas parlé bouddhisme mais politique » souligne naturellement le député socialiste de Tours, coprésident du groupe d’étude sur le Tibet à l’Assemblée Nationale et qui semble s’inspirer des techniques de discours du dalaï-lama pour faire passer ses propres messages. Un peu comme lui, Jean-Patrick Gille pratique ainsi l’art du zigzag, il parle par sous-entendus mesurés, utilise l’humour, mais n’en pense pas moins.

Ainsi, quand il s’agit d’évoquer la présidentielle et la campagne qui va la précéder, celui qui est aussi président du groupe socialiste au conseil régional fait nettement part de ses doutes, de son scepticisme, en faisant en sorte d’être pragmatique : « nous allons vivre une année curieuse, pleine d’incertitudes. Les gens sont perdus. » François Hollande ? « Je n’ai jamais été un grand admirateur du président et on ne peut pas dire que son mandat m’ait convaincu. Sa candidature en 2017 sera très difficile. »

Par exemple, pour Jean-Patrick Gille, « un deuxième tour François Hollande-Marine Le Pen ça parait peu crédible. » Mais il nuance sur son bilan : « il y a un peu de reprise économique, on voit qu’il y a de la création d’emploi. Les chiffres de l’INSEE sont très différents de ceux de Pôle Emploi, il y a 700 000 chômeurs d’écart et j’ai plutôt tendance à penser que les données de l’INSEE sont plus justes. Globalement, on n’a pas à rougir de ce qui a été fait depuis 2012. C’est juste que l’on n’arrive pas à le faire entendre. »

S’il ne croit pas à l’hypothèse Hollande pour la présidentielle, Jean-Patrick Gille assure qu’aujourd’hui, il ne voit pas bien quel candidat serait susceptible de le séduire à gauche : « il faudrait faire émerger un candidat social-démocrate. Construire quelque chose de nouveau. Mais bizarrement, pour l’instant, je ne vois personne. » Hamon, Montebourg, Filoche… (qui ont tous fait part de leurs ambitions) ce n’est donc pas pour lui. Ni Valls. Le député de Tours reste néanmoins un farouche partisan d’une grande primaire de toute la gauche, « de Mélenchon à Macron avec les Verts », ce qui ressemble à une belle utopie. « Personne ne veut d’un match retour Hollande-Sarkozy. Et si jamais on a Sarkozy-Le Pen au second tour de la présidentielle, beaucoup d’électeurs de gauche n’iront pas voter. Et là, personne ne sait ce qu’il se passera. »

S’il fait donc part de ses doutes sur la situation globale du pays, Jean-Patrick Gille se veut plus optimiste sur les sujets locaux. Comme les ambitions de Tours qui veut devenir métropole (et même s’il estime que ça manque de projets par ici…) : « je défends cette candidature à fond aux côtés de la droite », mais avec une petite pique : « c’est eux qui se sont ralliés à notre idée » puis une deuxième : « le passage de Tour(s)Plus en communauté urbaine était prévu dès le 1er janvier 2015. Mais il y a eu 18 mois de flottement à cause du changement de majorité. » Résultat : cette évolution du statut de l’agglo ne se fera qu’au 1er janvier 2017. A priori un handicap pour réussir à obtenir le titre de métropole, mais le député n’abandonne pas : « avec les élus de gauche dont le président de la région François Bonneau nous préparons un courrier pour le président de la République. » Il pourra même lui glisser quelques mots en face à face samedi, puisque François Hollande est annoncé au congrès des pompiers à Tours.

Les démarches et le lobbying de Tours se poursuivent donc, même si Orléans a pris de l’avance dans ce domaine. Ce n’est plus qu’une question de paperasse : la capitale régionale devrait devenir métropole le 1er juillet 2017 grâce à l’article 42 d’une loi qui sera examinée dès octobre au Sénat et qui pourrait être promulguée début 2017. Un texte dans lequel on pourrait aussi imaginer l’ajout d’un amendement qui permettrait à Tours d’attraper le train en marche. Et si la démarche est faite conjointement par les élus de droite et de gauche d’Indre-et-Loire (Gille, Briand à l’Assemblée, Riocreux au Sénat…), cela lui donnerait de bonnes chances d’aboutir. Des discussions sont aussi engagées avec le cabinet du premier ministre.

L’enjeu ? « Dans ce dossier, la question c’est surtout qu’est-ce qu’on a à perdre si l’on ne devient pas métropole… On ne sera plus dans la bonne carte, celle des villes qui comptent. Ca va devenir compliqué » résume Jean-Patrick Gille qui qualifie l’évolution plus rapide d’Orléans « d’injustice ». Un avis partagé, plus ou moins fort, par une grande partie des élus de la région. Des élus qui ont des ambitions, des rêves, mais qui manquent un peu de dynamisme et d’audace. Pourtant, selon le député (qui ambitionne de se représenter l’an prochain), le Centre-Val de Loire « a des atouts, touristiques, culturels, gastronomiques. C’est un peu la Toscane française. » Mais sous un ciel un peu plus gris…

Olivier COLLET

Crédit photo : Olivier Adam.

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