Ateliers périscolaires : en vrai, comment ça se passe ?

On a tout entendu sur le retour de la semaine de 4 jours et demi à l’école et la création des TAP, ces ateliers organisés après la classe. Nous avons voulu voir comment ça se passait concrètement dans une école du quartier des Fontaines à Tours.

Au départ, on voulait faire ce reportage au mois de novembre. L’idée étant d’observer le déroulement des activités périscolaires dans une école de Tours en compagnie de l’élue en charge de l’éducation histoire de voir comment ça se passe et de faire le bilan avec elle. Bref, de se mettre en marge des polémiques politiques pour s’intéresser au concret. Pour des raions d’emploi du temps, de vacances…iIl a fallu attendre ce jeudi 19 mars pour que la visite puisse enfin avoir lieu au sein de l’école primaire Arthur Rimbaud du quartier des Fontaines à Tours Sud, un établissement que nous avons choisi.

Sur 1h30, si on a 45min ou 1h d’activité, c’est bien »

Pour rappel, à Tours, les Temps d’Activités Périscolaires (TAP) sont organisés comme suit : deux fois 1h30 dans la semaine, après la classe, de 15h à 16h30. Soit le lundi et le jeudi, soit le mardi et le vendredi. Le temps de cours ainsi supprimé étant reporté au mercredi matin. Nous arrivons donc à 15h dans l’établissement, pile au moment où la sonnerie retentit. Le premier contstat qui s’impose c’est que les activités ne démarrent pas tout de suite. Les éducateurs et intervenants associatifs ne prennent pas sur le champ le relais des maîtres et maîtresses. Il y ainsi une sorte de temps de battement, où les élèves soufflent, rejoignent leur salle d’activité, font quelques caprices…

Dans le couloir, Mélodie gère le tout. La jeune femme de 21 ans est la référente TAP de l’établissement. C’est elle qui gère l’équipe de 11 animateurs en faisant le tour des ateliers, gérant les élèves désreux de changer de groupe, les disputes, les petits bobos… Pour chaque période de classe entre deux vacances, les enfants peuvent formuler 3 choix d’activité, et l’objectif est que l’un d’eux soit toujours accepté. A Rimbaud, il y a du foot, de la boxe, des ateliers manuels, des jeux, du jardinage, du théâtre et même un art médiéval japonais : la chambara, « très demandé » se félicite Pierre, son animateur qui a fabriqué des épées en mousse avec les enfants et organise des « combats » dans un préau interne de l’école. De quoi enseigner des valeurs de respect, « loin d’être inutile dans les quartiers ».

Plus de problèmes majeurs dans l’organisation

Il est 15h20 et les activités commencent réellement. Julien Menzeneaud – en charge des TAP au Pôle Educatif de la ville – nous précise qu’elles prendront fin vers 16h15. Donc en fait, les écoloiers n’ont jamais vraiment 1h30 d’atelier. « 45 minutes à 1h, c’est bien. S’ils duraient vraiment 1h30, il faudrait 2 activités pour maintenir leur attention ». Mais alors, pourquoi pas organiser ces TAP sur un seul créneau de 3h un jour dans la semaine pour limiter le temps perdu dans les déplacements ou le passage au vestiaire. Réponse de Barbaba Darnet-Malaquin, adjointe à l’éducation : « dans les villes où cela a été mis en place on s’est rendu compte que ça ne fonctionnait pas bien, que c’était trop long. Et puis ce serait trop compliqué à organiser, on devrait tout faire le même jour » enfin, elle n’est même pas sûre que l’inspection d’académie lui en donnerait l’autorisation.

6 mois après la rentrée, l’élue et ses services estiment globalement que le paquebot « TAP » a trouvé son rythme de croisière, même s’il reste encore des ajustements à faire à la marge. Par exemple, dans certaines écoles maternelles, les siestes se poursuivent parfois après 15h en accord avec les ATSEM afin de ne pas réveiller brutalement les enfants, et ce même si du coup cela réduit le temps consacré à l’entretien des établissement. Les locaux c’est d’ailleurs ce qui pose le plus de problèmes à la ville. Quand il fait beau, les choses s’organisent assez bien : une partie des élèves va dans la cour, d’autres dans les salles communes, certains dans les clubs sportifs alentour… La mission est d’utiliser les classes le moins possible, pour marquer une rupture avec le temps éducatif. Mais certains établissements se retrouvent encore à l’étroit. D’autant que les écoles sont pleines et que les effectifs augmentent.

Jusqu’à 95% de participation aux TAP

Même si elle est toujours convaincue que cette dépense de 2,5 millions d’euros n’est pas justifiée pour la ville, Barbara Darnet-Malaquin se félicite d’une chose : le taux de participation aux ateliers périscolaires. 8 000 élèves sur 9 000 y participent, soit plus de 80% « et on frôle les 95% dans certaines écoles des quartiers ». Bien décidée à faire perdurer la gratuite des TAP, l’élue souligne que cela permet aux enfants de découvrir de nouvelles activités, et peut-être de les encourager à s’inscrire dans des associations à la rentrée pour en poursuivre une si ils ont été séduits. Elle même n’exclut pas d’être un jour convaincue par l’utilité du dispositif mais souligne qu’il faudra vraiment attendre plusieurs années pour faire un véritable bilan éducatif et qualitatif de cette réforme. Pour l’instant, « j’ai l’impression que personne n’en est satisfait, que chacun fait ce qu’il peut » dit-elle.

Personne de satisfait ? Pas si sûr. Les enfants que nous avons rencontrés avaient franchement l’air heureux. Que ce soit ceux qui maniaient les épées en mousse, ceux qui faisaient des faux mariages au théâtre, ceux qui fabriquaient des masques, ceux qui boxaient, ceux qui jardinaient… Clairement, nous avons vu des petits intéressés par le programme proposé, impliqués au moins autant que leurs animateurs. Nous avons enfin posé la question qui est souvent revenue dans le débat autour de cette semaine de 4 jours et demi : « les enfants sont-ils fatigués ? ». Tous les intervenants interrogés nous ont dit « pas plus que ça ». Dont acte.

Olivier COLLET

Des animateurs multi-tâches :

A l’image de Mélodie – référente des animateurs sur l’école Arthur Rimbaud – le boulot confié aux encadrants des enfants est complexe. Ceux-ci travaillent 1h30 par jour pour les TAP, 2h pour les référents. Du coup, certains se partagent entre plusieurs écoles pour travailler du lundi au vendredi. Mais ils n’y ont pas le même rôle. Par exemple, Mélodie n’est référente qu’aux Fontaines. Elle fait aussi des heures d’encadrement au moment de la pause déjeuner. Son travail lui plait mais elle reconnait bien que c’est assez délicat à gérer, et surtout qu’on est bien loin du temps complet.

Voilà pourquoi le turn over reste encore assez important : « on est en recrutement permanent » nous dit-on à la mairie. La ville s’apprête d’ailleurs à lancer un nouvel appel d’offres au mois de mai pour proposer son programme d’ateliers de l’année scolaire 2015-2016. Aujourd’hui, une soixantaine d’associations sont partenaires du dispositif, plus les animateurs de la ville ou les intervenants des musées et bibliothèques ce qui représente un total d’environ 500 personnes. De quoi encadrer des petits groupes d’enfants, une dizaine maxi. Un autre choix politique, car rien n’empêchait légalement Tours de faire des groupes de 20 enfants et donc de diviser par deux le personnel.

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