Fermeture de Sandvik : l’entreprise cherche-t-elle vraiment un repreneur ?

La Préfecture s’agace face à la lenteur des démarches.

Le groupe suédois Sandvik veut et va fermer son usine de Fondettes en 2019. 161 salariés risquent de perdre leur emploi et rien ne pourra aller contre cette décision. Alors que les négociations ont commencé il y a quelques semaines entre représentants du personnel et direction, l’Etat suit de près les démarches engagées par l’industriel pour trouver un repreneur. Légalement, il est obligé de les entreprendre. Mais la façon dont il s’y prend est libre : « quelque soit la bonne volonté de la direction locale, le travail pour une éventuelle reprise n’est pas bien fait » déclarait ce vendredi le délégué interministériel aux restructurations des entreprises Jean-Pierre Floris, à la sortie d’une visite des installations tourangelles.

Le représentant de l’Etat, lui-même ancien industriel, en est persuadé : « la justification économique de cette fermeture n’est pas vraiment donnée. Faire des investissements pour cette usine coûterait moins bien cher que le plan social, la somme pourrait être deux fois moins élevée. Il n’y a pas de raison que cette usine soit moins productive qu’un autre site du groupe. »

« Chercher un repreneur c’est comme faire une prospection commerciale »

Vu ce contexte, la « priorité » de Jean-Pierre Floris c’est « le maintien de l’activité industrielle », donc la recherche d’un repreneur. Et c’est là que ça coince. D’après lui, le cabinet mandaté pour faire les démarches – pourtant réputé – n’insiste pas forcément assez : « je n’ai pas vu de travail assez sérieux, ni eu de réponse précise sur ce qu’ont dit les entreprises qui avaient été contactées. Je ne dis pas que c’est possible de trouver un repreneur mais que les choses doivent être faites sérieusement. Il faut vérifier que les secteurs d’activité proches aient été bien fouillés, est-ce que les entreprises ont été relancées, à quelle date, qu’est-ce qu’elles ont répondu… Comme une prospection commerciale. » A noter qu’on ignore aujourd’hui à quel prix le groupe suédois veut vendre ses locaux (on se souvient que ce sujet avait empêché un projet de rachat du site Tupperware de Joué il y a plusieurs mois).

Jean-Pierre Floris

Et même si Sandvik assure être prêt à vendre à un concurrent, encore faut-il convaincre cette autre société que le site fondettois est une bonne opportunité : « on a le sentiment que la façon dont ils présentent l’usine n’est pas au top » résume la préfète d’Indre-et-Loire Corinne Orzechowski. D’autant qu’elle ne fonctionne qu’à 25% de ses capacités avec des équipes peu motivées pour accélérer la cadence : « on ne trouvera pas de repreneur si l’usine ne tourne pas et ce n’est pas non plus dans l’intérêt des syndicats » argumente Jean-Pierre Floris. Réponse de Franck Lanne, de la CGT : « Sandvik a retiré 75% de départs de commandes de Fondettes. » Donc si l’usine tourne au ralenti, c’est aussi – selon lui – parce que la direction organise cette baisse d’activité. « Je pense que c’est aussi une stratégie de leur part » ajoute-t-il.

Un souhait de réunions plus fréquentes

Actuellement, on ne connait pas la date précise de fermeture de Sandvik Fondettes, les dates évoquées sont situées entre mars et avril, et le délai pour trouver un repreneur court jusqu’en juin, sachant que l’Etat ne dispose d’aucun pouvoir de contrainte. Il peut déplorer la tournure des événements, instaurer un dialogue, mais c’est tout. « On va demander un comité de suivi très rapproché entre la direction et les représentants syndicaux » explique Jean-Pierre Floris.

En parallèle, il faut négocier le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) en cas de licenciements. Les réunions ont commencé, elles devraient se poursuivre jusqu’à fin janvier : « ça évolue sans cesse » explique Pierre Fabre de la Direction Régionale des Entreprises et de l’Emploi (DIRECCTE). L’organisme se prononcera en février sur les modalités de ce plan, et il peut ordonner le lancement de nouvelles discussions s’il n’est pas convaincu : « on est là pour trouver un consensus » assurent tous les acteurs de l’Etat dans ce dossier.

Des « mesurettes » insuffisantes pour l’avenir des salariés

En face, Franck Lanne de la CGT est partagé entre fatalisme et impatience : « on avait demandé des réunions plus fréquentes mais ils ont refusé » déplore le délégué du personnel. Selon lui, la recherche d’un repreneur s’annonce « compliquée » : « le bâtiment est très grand avec des accès un peu mal organisés. Ça ne peut intéresser qu’une société avec une activité similaire, comme en mécanique général. »

Sur les négociations sociales, Franck Lanne évoque des propositions « un peu plus intéressantes » lors de la réunion qui s’est tenue ce jeudi 13 décembre mais « insuffisantes, notamment concernant les classes d’âge. Ce qui est proposé, même pour les gens de 55 ans, c’est pratiquement la garantie de se retrouver à Pôle Emploi pour chercher des trimestres pour compléter la retraite. Sur des salariés âgés c’est incompréhensible car le marché de l’emploi est complètement fermé. »

D’après le représentant de la CGT, pour l’instant, la direction bouge seulement sur les « mesurettes » du projet comme l’accompagnement des conjoints. Pour les primes de départ ou les formations, « ils sont sur des propositions minimales » déplore Franck Lanne dans l’attente de l’annonce de nouvelles dispositions lors du prochain rendez-vous programmé le 20 décembre.

Olivier Collet

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