Il essaye de se faire discret au milieu des arbres mais quand on regarde bien il tranche avec le paysage ambiant fait de vieilles pierres et de maisons à colombages. Dans le Vieux-Tours, un énorme mat se dresse au milieu des terrasses de la Place Plumereau. Un vestige de l’ancien parking qui se trouvait à cet endroit ? Un habitacle pour les oiseaux ? Un socle de caméras de surveillance ? Que nenni.
Cette étrange construction est en fait un outil technique pour l’illumination nocturne de celle qui a été un jour élue plus belle place de France pour prendre l’apéro. Depuis 2018, celle-ci est en effet éclairée avec une ambiance particulière qui change au fil des mois (une version pour Noël, une autre pour la St Valentin…).
Au total il y a 12 scénarios, tous conçus par l’agence tourangelle Lyum à qui l’on doit l’ensemble du Parcours Lumière du centre-ville (la mise en valeur de l’Opéra, de la Rue Nationale de la Place du Grand Marché ou encore de l’Hôtel de Ville avec ses pas moins de 40 scénarios différents pour coller à l’actualité avec l’affichage d’un drapeau français ou d’une façade rose pour le mois Octobre Rose dédié à la lutte contre le cancer du sein.
La réalisation de ce chemin lumineux a nécessité un an de préparation pour le Vieux-Tours et une autre année pour son extension à l’Est de la Rue Nationale. Parmi les démarches réalisées : des négociations avec les Architectes des Bâtiments de France qui veillent au respect du patrimoine historique. Et c’est là qu’on reparle de notre gros poteau de la Place Plume.
« Il y a eu une bataille à ce sujet » se souvient le fondateur de Lyum Sylvain Bigot à l’occasion des 20 ans de son entreprise. Il évoque ainsi des réunions « tendues » avec l’administration qui ne voulait pas de projecteurs au sol (à cause des terrasses) ni d’installations sur les maisons. « L’ABF de l’époque m’a alors proposé de dessiner ce poteau » explique le créateur… « mais, par la suite, son successeur m’a dit qu’il trouvait ça très moche. »
Autre anecdote : cet édifice de couleur foncée a aussi failli être d’une autre couleur, 3 ABF ayant chacun émis un avis différent sur la question. « Ça me fait beaucoup rire car ils étaient tous sûrs de leur truc, et sûrs d’avoir raison. Ils ont fait les mêmes études mais ont des avis complètement opposés » se remémore Sylvain Bigot qui bataille régulièrement avec ses clients pour des problèmes techniques du genre.
Malgré cette installation assez disgracieuse, le Parcours Lumière de la ville de Tours est aujourd’hui « une référence nationale » selon son concepteur qui le montre régulièrement à d’autres villes. « Avant lui, c’était le Moyen Âge alors que maintenant 3 000 points lumineux consomment l’énergie équivalente à celle utilisée pour une maison de 4 personnes » revendique Sylvain Bigot dont le portrait détaillé est à lire sur 37 degrés.
Olivier Collet
