En 2023, l’été a été rythmé par plusieurs polémiques à cause de barbecues organisés dans le quartier du Sanitas à Tours. « Parfois on avait jusqu’à 200 personnes par soir » rappelle Philippe Geiger, adjoint au maire en charge des questions de sécurité. Des rassemblements qui ont déclenché des plaintes à cause du bruit, mais qui tombaient également sous le coup de la loi car il s’agissait d’événements commerciaux non déclarés avec de la vente d’alcool sans licence, ou encore un non-respect de la chaîne du froid (avec des risques pour la santé).
Face à cette situation, la ville et les forces de l’ordre ont organisé des contrôles et ont vite compris qu’il allait être compliqué de bannir totalement ce type de festivités. Il a donc été décidé de tolérer certains rassemblements en les encadrant, notamment en les organisant sur des friches le plus loin possible des immeubles mais aussi en passant une convention avec une association pour éviter les dérives.
Ce mode de fonctionnement va être renouvelé pour cette année 2024.
La municipalité et la préfecture ont travaillé sur un protocole qui permet d’organiser librement des barbecues. L’idée est de canaliser le phénomène pour permettre aux personnes qui le souhaitent de passer des moments conviviaux en extérieur, sans déranger le voisinage. « On veut répondre à la demande légitime de certains habitants qui n’ont pas d’espace extérieur chez eux » insiste Philippe Geiger.
4 zones de la ville ont donc été prédéfinies :
- Les barbecues familiaux seront possibles au centre de la plaine de la Gloriette dans le quartier des Deux-Lions, ainsi que sur 3 espaces en herbe de l’Île Balzac entre le quartier des Fontaines et les Rives du Cher. Seuls les petits rassemblements seront autorités : la vente de nourriture et d’alcool seront interdites
- Les barbecues de plus grande ampleur pourront être proposés dans deux zones du Sanitas : la friche du Hallebardier le long du Boulevard de Lattre de Tassigny et dans le secteur Marie Curie, dans un triangle d’herbe au pied de la Passerelle Fournier
Dans les deux cas, ces événements seront uniquement autorisés de 11h à 23h. Les espaces autorisés seront délimités par des panneaux de signalisation. Pour les barbecues avec activité commerciale, ils devront être organisés via une association ou une société pour garantir leur légalité. Selon la ville, le renouvellement d’une convention passée en 2023 est en cours et elle est ouverte au recrutement d’autres partenaires.
En dehors des zones citées ci-dessus il sera strictement interdit d’organiser le moindre barbecue sous peine d’une amende de 135€. La consommation d’alcool sur la voie publique sera également interdite. Des dispositions valables jusqu’au 30 septembre, mais l’arrêté municipal ,pourra être prolongé ou renouvelé si nécessaire (par exemple si il fait encore chaud en octobre).
« Pour le Sanitas nous avons choisi les zones les plus éloignées des habitations : l’idée c’est d’éviter les troubles sur la Place Anne de Bretagne ou le Jardin Meffre » commente Philippe Geiger pour justifier le plan de la mairie. Des contrôles de la police nationale et des policiers municipaux de Tours sont tout de même prévus pour éviter les abus, assurer la fin des festivités à 23h ou encore vérifier le respect des règles d’hygiène.
Des patrouilles se monteront dès le début de l’après-midi pour surveiller les installations et la préfecture espère obtenir le renfort de compagnies de CRS pour éviter des troubles. Les 9 médiateurs de l’association Régie Plus verront par ailleurs leurs missions prolongées jusqu’à 23h pour pouvoir informer correctement les habitants.
Les partenaires réunis autour de ce plan précisent qu’il s’agit d’une expérimentation. « On verra si on a besoin de réglages pendant la période » nous explique-t-on. Parmi les craintes : que les horaires soient bien respectés mais aussi que les 4 sites ne deviennent pas des poubelles géantes après le départ des participants.
Quant à savoir si ce procédé pourrait être étendu à d’autres quartiers comme le Beffroi ou Maryse Bastié, ce n’est pas à l’ordre du jour mais pas exclu. Le retour de barbecues en accès libre qui étaient disponibles à la Gloriette est également exclu « car il y avait des bagarres pour y accéder » explique Philippe Geiger. Il faudra donc venir avec son propre matériel de grillade.
Olivier Collet
