Le projet était dans les cartons depuis quelques années, avant même qu’Emmanuel Denis devienne maire de Tours. Le voici en voie de concrétisation. En 2022, la Place du Grand Marché va bénéficier d’un bon gros relooking parce qu’elle est jugée peu pratique avec ses marches (surtout avec une canne, une poussette ou un fauteuil roulant) mais aussi parce qu’il y a des risques d’accidents importants, qu’elle manque de végétation ou encore qu’on lui reproche de manquer d’espaces pour se poser sans consommer.
Toutes ces critiques viennent des commerçants, riverains ou usagers qui ont participé à des ateliers de co-construction pour l’avenir de celle qu’on appelle aussi la Place du Monstre. Au total une soixantaine de personnes qui ont planché pendant quatre mois pour définir un plan d’attaque présenté par la mairie ce mercredi 12 janvier.
Jugée géniale pour son aspect central, sa diversité de commerces, son atout patrimonial ou sa statue de monstre présente depuis 2004, la Place du Grand Marché n’en demeure pas moins vétuste, bruyante, sale et un peu trop remplie de fast food si l’on demande aux gens de faire des remarques à son sujet. Afin de gommer tous ces aspects négatifs, Tours Métropole va investir 1,8 million d’€ pour des travaux qui vont débuter lundi 24 janvier et se terminer en fin d’année.
Elaboré avec un cabinet spécialisé, le projet a été pilote par le spécialiste de ce genre de mission à la ville de Tours : le paysagiste Philippe Herlin. Charge à lui et aux services espaces verts, voirie ou urbanisme de concevoir une place adaptée aux différents besoins (déplacements, commerces, loisirs mais aussi événements festifs type Foire à l’Ail organisée fin juillet). Des associations de cyclistes ou de personnes à mobilité réduite ont également été sollicitées. Avec un objectif final : faire au moins aussi bien que pour la requalification de la Place Châteauneuf où l’on a transformé un grand parking en lieu de vie arboré.
Déjà on rassure tout le monde : le Monstre va rester à sa place (il va juste s’en aller quelques mois pendant les travaux, l’occasion de le nettoyer de fond en comble dans les ateliers de la ville). Ensuite, voici le détail du plan :
- La voie dédiée aux voitures va disparaître pour être remplacée par une piste cyclable à double sens qui ira du carrefour avec la Rue des Halles jusqu’aux Tanneurs (les camions de livraison pourront toujours passer de de 6h à 11h grâce à un système de borne, et les clients qui ont besoin de stationner devant les commerces pourront passer à la demande et se stationner jusqu’à 20 minutes sur des places dédiées)
- La Rue Châteauneuf sera également piétonnisée (mais les navettes Fil Bleu de la ligne C1 pourront toujours l’emprunter)
- Fini les trottoirs et les marches : l’ensemble du secteur sera au même niveau (afin d’éviter les chutes)
- Le goudron et les vieilles dalles seront remplacés par des pavés en calcaire
- Les terrasses des bars et restaurants prendront l’espace des places de parking
- La zone centrale sera libérée des terrasses pour laisser de l’espace aux piétons. Des bancs seront installés par-dessus les racines qui dépassent du sol afin de créer des espaces de repos et de rencontres
- La ville prévoit d’augmenter le nombre de poubelles, d’installer des cendriers, d’améliorer la luminosité et d’ajouter une fontaine à eau
En gros ça va ressembler à ça…
Au final, la municipalité promet une nouvelle Place du Grand Marché « apaisée », avec beaucoup moins de pollution automobile puisque le trafic sera très réduit. L’idée est aussi de respecter l’environnement avec par exemple des pavés posés sur sable au centre de la place ce qui doit rendre le sol perméable en cas de pluie et éviter les remontées de racines puisque les arbres pourront trouver l’eau directement dans le sol. A cause d’une maladie, trois des douze arbres présents seront coupés côté nord. Le retrait de ces sophoras sera compensé par l’ajout d’autres espèces, notamment capables de résister au manque d’eau et de se développer à l’ombre de leurs grands voisins.
Il y aura par exemple des mimosas ce qui doit favoriser la présence d’insectes pollinisateurs (les abeilles, mais pas que). Les plantations auront lieu à l’automne dans des massifs en quinconce pour donner à l’ensemble une ambiance « champêtre ».
Le chantier a démarré dès le 6 janvier avec les premières opérations sur les réseaux souterrains. Ils se poursuivront à partir du lundi 24 janvier pour le gros œuvre avec l’ambition de terminer les opérations principales en avril ou en mai, soit pour le début des beaux jours (au moment où on pourra de nouveau se poser en terrasse). Il faudra néanmoins attendre mi-juillet pour profiter de la zone sans aucun engin de chantier et patienter jusqu’en fin d’année pour la requalification de la partie nord de la Rue Bretonneau.
Olivier Collet