Retenez-le une bonne fois pour toutes !
On va vous raconter les coulisses de la rédac’ : début de semaine, retour de vacances pour certains, on fait le tour des sujets au programme de la semaine. La ville de Tours nous apprend notamment qu’elle va signer une charte avec des commerçants pour labelliser certains établissements au vu de leurs efforts sur la propreté. Et notamment s’ils mettent des cendriers à disposition de la clientèle qui fume en terrasse. Réponse immédiate d’un collègue : « il faut regarder dans quels quartiers car les cendriers sont interdits dans le Vieux-Tours. » Réponse de l’auteur de cet article : « comment ça ils sont interdits ? » « Oui, c’est la mairie qui a pris cette décision. »
La personne en question est elle-même fumeuse, boit régulièrement des coups en terrasse et d’habitude elle est très bien informée. Mais là elle se trompe. Ne voyant pas pourquoi une mairie interdirait qu’on écrase son mégot dans un petit récipient plutôt que sur les pavés, on a pris rendez-vous avec l’élu en charge du commerce, Mauro Cuzzoni.
« Il n’y a aucune interdiction des cendriers dans le Vieux-Tours. Au contraire on incite les bars à en mettre. J’ai voulu le faire récemment pour un établissement et on m’a répondu que ce n’était pas possible à cause de l’interdiction. Je persiste : c’est une légende urbaine. » Pour le prouver, Mauro Cuzzoni passe à l’action et annonce que la mairie va distribuer ses propres cendriers aux bars signataires de sa charte, avec le logo de la ville. Des petits objets en acier, qui ne se casseront pas si jamais ils tombent par terre. Une dizaine de patrons se sont dits prêts à jouer le jeu dans le centre historique mais aussi dans le secteur des Halles ou de la Place Jean Jaurès.
Qui fume ? A quel âge ? Les derniers chiffres du tabac en Centre-Val de Loire dans cet article.
« Je crois beaucoup à la pédagogie, mettre en avant les établissements pionniers incitera les autres à franchir le pas » poursuit l’élu. « Il faut s’engager pour une ville propre. Un mégot pollue 500l d’eau. Tout le monde doit en avoir conscience : jeter un mégot par terre ce n’est pas anodin. Tout comme les chewing-gums d’ailleurs qui sont très compliqués à décoller. On en retrouve beaucoup sur le sol de la Rue Nationale alors qu’il y a des poubelles. »
Il y a 3 ans, nos confrères de la NR avaient déjà essayé de démentir la rumeur des cendriers. Qui a donc survécu malgré leur mise au point. Malgré aussi les textes de loi qui disent que les cendriers ne sont interdits que dans les lieux où fumer est proscrit. Donc exclusivement à l’intérieur des bars.
Reste à savoir comment l’infox a proliféré d’autant que des établissements du quartier posent bien des réceptacles à cigarettes sur les tables. On a évoqué son apparition lors de l’interdiction de fumer DANS les bars en 2007, ou alors que se passer de cendriers permettait de s’assurer un gain de temps au nettoyage voire que c’était lié à d’obscures raisons de sécurité qui imaginaient le cendrier comme un projectile en cas de bagarre. Autre option envisageable : en ayant marre de se faire voler leurs cendriers, les bars ont arrêté d’en mettre sur les tables. Mais peut-être que si c’est la ville qui les fournit – donc les contribuables qui paient leur fabrication – ils referont leur apparition durablement au côté des pintes et des cacahuètes. Ce n’est pas la Loire qui s’en plaindra.
Olivier Collet