Ce qui coince dans le budget 2019 de la ville de Tours (selon l’opposition)

Des investissements retardés et un budget com’ trop gourmand.

19 nouvelles caméras de surveillance pour 200 000€ ; 500 000€ de travaux pour ouvrir les premières salles de la Maison des Associations au Sanitas ; la création d’un service d’état civil en ligne ; 100 rues dont la réfection est programmée dans l’année ; le lancement des travaux d’un nouveau Centre Chorégraphique National dans le quartier des Casernes ; la rénovation du mur du Jardin Botanique côté Boulevard Tonnelé ; la fin du réaménagement de la Place Coty… Voilà quelques exemples d’actions qui doivent être réalisées en 2019 à Tours. Elles ont officiellement été listées ce lundi lors de l’examen du budget de la ville en conseil municipal.

Total : 35 millions d’euros d’investissements. Une somme conséquente, même si elle est inférieure de 10 millions d’euros aux capacités de nos voisins d’Orléans. La faute à une dette colossale pour la capitale tourangelle, dixit la municipalité. Dont acte. Mais il n’y a pas que ça. Ce que beaucoup voient comme un gros hic, c’est qu’il est déjà certain que tout ne sera pas réalisé.

Des critiques de « mauvaise foi » selon le maire

Cela n’arrive pas qu’à Tours mais ici le phénomène est un peu plus accentué qu’ailleurs : la ville ne parvient pas à mettre sur pied tous ses projets en 12 mois. En 2017, selon les chiffres de l’équipe du maire, 70% sont arrivés à terme, 75% en 2018. Ambition pour 2019 : 80%. Pas de quoi convaincre l’opposition. Exemple avec Nicolas Gautreau du groupe Les Démocrates : « vous annoncez des investissements tous azimuts mais c’est de la pure fiction. Tous ne seront pas réalisés car vous n’en avez pas les moyens. » « Vous faites des annonces mais vous n’avez pas de projets réels » grince la socialiste Cécile Jonathan faisant par exemple remarquer que le plan de travaux pour les écoles n’a toujours pas été finalisé, 5 mois après l’annonce de sa présentation imminente. « Vous renvoyez les investissements à la Saint Glinglin. Vous gagnez du temps pour vous-même et vous en faites perdre à la ville de Tours » poursuit la représentante de Tours à Gauche.

Cécile Jonathan

Alors que le maire critique la « mauvaise foi » de son opposante évoquant des « projets significatifs » pour le territoire, Nicolas Gautreau tente le constructif : il conseille à la majorité d’utiliser « à fond » l’excédent budgétaire de 24 millions d’euros issu de son budget de fonctionnement (paiement des agents, gestion des services publics) pour booster son plan de travaux : « ce serait vertueux pour l’emploi ». En résumé, lui aussi juge que la liste à la Prévert de l’équipe de Christophe Bouchet c’est « de la com’ ».

Le maire de Tours déjà en campagne pour tenter une réélection ?

A propos de communication… Il y a un service dédié à la mairie. Budget prévisionnel de 2019 : 1,4 million d’euros. C’était 1,2 million d’euros dans le budget 2018. Mais l’élu des Démocrates Pierre Commandeur et l’indépendant Xavier Dateu retiennent un autre chiffre : 800 000€. Cette somme correspond au budget com’ de 2017… quand Serge Babary était encore maire. Leur conclusion : les dépenses ont explosé avec le changement de patron de la ville fin 2017. Le tout alors que les élections municipales de 2020 approchent à grands pas…

Xavier Dateu

« Ça ressemble beaucoup à un budget de campagne » d’après Pierre Commandeur rejoint par Xavier Dateu qui pointe que les opérations promotionnelles ont été concentrées en Touraine : « y’a-t-il eu une communication dans les aéroports desservis depuis Tours pour promouvoir la destination ? Non. Une attention particulière pour promouvoir le tournoi de rugby à 7 Howard Hinton Sevens ? Non. La communication ne sert pas au développement de la ville. Un message qui semble avoir été entendu par Christophe Bouchet qui a jugé son propos « constructif ».

Un tour de passe-passe à 11 millions d’€

Le budget dédié aux rémunérations des groupes d’élus a également grimpé, passant de 80 000€ dans le bilan comptable de 2017 à 219 000€ dans le budget 2018 et 230 000€ dans le projet de budget 2019 : « c’est une augmentation colossale pour des postes qui ne sont pas administratifs mais politiques » juge Pierre Commandeur. L’équipe de Christophe Bouchet n’a pas justifié cette somme, préférant souligner que l’opposant comparait des chiffres non définitifs.

La majorité a enfin été attaquée sur le point fort de sa politique : le désendettement de la ville. 8 millions de remboursements sont prévus… Mais le maire a annoncé la vente de l’école des Beaux-Arts et du CFA de Tours Nord à Tours Métropole pour 11 millions, arguant que la somme servirait à réduire ses créances. Il manquerait donc 3 millions dans les prévisions, « étonnant » pour Nicolas Gautreau.

Hélène Millot

Réponse de l’adjointe aux finances Hélène Millot : « il y a dans le budget une ligne de désendettement possible de 10 millions d’€ qui correspond au montant de ces ventes. » En clair, Tours pourrait rembourser jusqu’à 18 millions de dette en 2019. Séduisant ? Pas pour l’écologiste Emmanuel Denis qui fait remarquer que cette enveloppe versée par l’agglo… c’est autant d’argent en moins dans ses propres caisses, donc autant d’investissements qu’elle ne pourra pas réaliser alors que c’est elle qui doit sortir les plus gros budgets (tram, Plan Vélo, usine de traitement des déchets).

Olivier Collet

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