Entretien avec Ken Bogard, célèbre animateur de tournois de jeux vidéo.
A 32 ans, Yoann Verdier est une star dans son domaine : le commentaire de jeux vidéo. Débarqué sur YouTube en 2008, passé par Nolife, il a aujourd’hui sa propre web TV. Et il sera au Vinci de Tours ce week-end pour le 1er Games Tours Festival qui réunit les univers du jouet, des jeux de société, des geeks et des jeux vidéo. Ce sera l’occasion de le voir sur scène ce samedi 7 octobre, en train de commenter des combats…
Comment en êtes-vous arrivé à travailler dans le monde des jeux vidéo ?
A la base je suis professeur de mathématiques et j’ai toujours été un grand fan de jeux de combats. Dès que j’avais du temps sur Internet je m’occupais de forums et en 2008 j’ai commencé à commenter des vidéos pour montrer les jeux de combats aux gens, leur faire découvrir les tenants et les aboutissants. Puis j’ai commencé à développer des activités, à faire des scènes ou organiser des tournois…
Et comment avez-vous appris à devenir commentateur ?
L’expertise je l’avais car je joue depuis que j’ai 10 ans. Je me suis intéressé à la technique en 2002 et j’ai utilisé mes compétences d’enseignant pour apporter de la pédagogie dans mes commentaires. Après un ou deux ans j’ai trouvé un rythme de croisière : un timbre de voix, un ton. J’essaie de partager les émotions que je ressens dans les grandes compétitions : l’anxiété, la passion… C’est quelque chose de très communicatif et j’essaie de le retranscrire au travers les commentaires.
Commenter un jeu vidéo c’est un show mais vous insistez beaucoup sur la pédagogie…
Le but est de toucher le maximum de personnes, pour qu’elles s’intéressent aux jeux de combat. J’ai pas mal axé la recherche des commentaires sur comment faire en sorte que le grand public soit captivé sans forcément tout comprendre. J’ai passé ma vie à essayer d’apprendre des choses aux gens donc ça m’a aidé. Je fais aussi des tutos sur les jeux, les mécanismes ou les termes utilisés.
Sur scène, il y a une difficulté supplémentaire ?
Sur scène on vit l’instant. Il faut retranscrire l’action et l’émotion, faire en sorte d’apporter plus que les images, essayer d’attirer le public pour qu’il ait l’impression qu’il se passe quelque chose. On est plus dans le show que la description. Moi j’ai un style très radiophonique. J’aime avoir quelque chose de descriptif et pointu. Il le faut car un combat c’est aussi rapide qu’une course de chevaux : ça peut se finir en quelques secondes, comme un 100m.
AUjourd’hui on parle de plus en plus de e sport pour décrire l’univers des compétitions de jeux vidéo…
Le e sport c’est plus du marketing qu’autre chose. La compétition du jeu vidéo existe depuis 1991 et je la connais depuis 2002 donc ça commence à dater. Je suis né et j’ai grandi dans les jeux de combat et je ne regarde que ça. Ceux qui sont dans le métier ont vécu l’essor de tout ça. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui il y a plus de façons de toucher les gens ce qui a un écho plus important. Aujourd’hui, la production de jeux est généreuse et ce sont joueurs qui déterminent si un titre mérite d’arriver en compétition. Certains sont conçus pour s’amuser et deviennent de manière surprenante des succès en compétition. On ne sait jamais ce qui va vraiment marcher et comment une communauté va grandir.
Un conseil de jeu à tester ?
On a pas mal de genres qui explosent et disparaissent, des phénomènes de mode dont on ne voit pas trop où ils vont nous mener. Les développeurs testent énormément de trucs. Mais en ce moment ce que j’aime bien c’est Splatoon 2. Ce jeu a les avantages des jeux d’arcade : les parties sont très courtes. Et les parents qui regardent comprennent vite ce qu’il se passe. C’est essentiel. Je déteste les jeux où il faut jouer de nombreuses heures pour réussir. Pour moi, il faut que ce soit visuel, que n’importe qui comprenne en un regard.
Propos recueillis par Olivier Collet
Toutes les infos sur le Games Tours Festival sont sur le site de l’événement.