États-Unis, Chine, Portugal… Les projets de Tours à l’étranger

Les jardins, la gastronomie et la culture sont les principaux axes envisagés.

« Les relations internationales n’étaient pas dans les priorités de l’équipe municipale précédente, à part un pays qui a laissé un souvenir contrasté » : voilà pour le sentiment de Jérôme Tebaldi, élu chargé de développer les projets de Tours avec des villes et pays étrangers (et il fait évidemment référence à l’affaire des mariages chinois dans laquelle était impliquée l’ancien maire socialiste Jean Germain). En revanche, Serge Babary est un maire qui voyage (il a notamment été plusieurs fois en Chine, mais aussi au Japon ou au Maroc). Et il compte bien faire en sorte que ça se sache et que ça rapporte à Tours en terme de notoriété, voire d’économie et de tourisme. Pour cela, il suit personnellement tous les dossiers et se vante d’avoir relancé des jumelages endormis. On va faire le point pays par pays…

Etats-Unis : Les toilettes du parc expo de Tours sont toujours décorés de leurs gratte-ciels artificiels. Cette année, Minneapolis, ville jumelle de Tours, était l’invitée d’honneur de la Foire. La ville a dépensé près de 200 000€ pour aménage son hall. « C’est l’aboutissement de 2 ans de travail » se félicite Jérôme Tebaldi (la présidente du conseil municipal de Minneapolis était déjà venue à la Foire il y a deux ans).

Apparemment tout le monde est content : un projet est en cours pour organiser des représentations du Centre Chorégraphique National de Tours dans le Minnesota, une association vient de se créer pour dynamiser le jumelage et proposer des projets, la ville se propose d’aider des groupes de musiques anciennes qui voudraient jouer de l’autre côté de l’Atlantique : « on fait le lien, on connait les personnes qui peuvent aider » explique l’élu. Pour novembre, l’exposition sur l’arrivée des Américains à Tours pendant la seconde guerre mondiale doit aussi être exposée dans la mairie de Minneapolis pendant un mois.

A Tours, les Etats-Unis seront invités d’honneur de la guinguette ce samedi 8 juillet, alors que le parc expo organisera son traditionnel American Tours Festival.

Japon : L’an dernier, Tours a accueilli les rencontres France-Japon, un congrès sur les partenariats entre des villes françaises et japonaises avec près de 200 personnes pendant 3 jours. La ville en garde de bons souvenirs : « on est maintenant clairement identifié auprès de l’ambassade. Dans les magazines touristiques, on parle de Tours. Dès qu’il ont un groupe qui veut sortir de Paris ils nous l’envoient à Tours parce que c’est proche de la capitale, pas cher et sécurisé (les Asiatiques ont vraiment peur des attentats, ndlr). »

Jumelée avec Takamatsu, Tours développe un partenariat autour des jardins. Depuis un an, un jardin japonais a été créé de toute pièce dans le Botanique et des agents des parcs et jardins se rendent tous les ans au Japon pour des échanges, Takamatsu étant très connue pour deux grands parcs. A l’été 2016, une journée Japon à la guinguette de Tours avait par ailleurs réuni près de 3 000 personnes.

Corée-du-Sud : Aussi surprenant que ça puisse être, c’est le partenariat qui monte. Tours n’a pas de ville jumelle là-bas. Qu’à cela ne tienne, la municipalité vient de prendre la présidence du groupe France-Corée. La semaine prochaine, elle accueillera un événement avec Strasbourg, Issy-les-Moulineaux et Lille pour envisager des événements et partenariats avec Séoul. L’objectif est surtout de faire venir des étudiants en Touraine (il y en avait une quinzaine reçus à l’Hôtel de Ville pas plus tard que la semaine dernière). « On a aussi des liens à tisser autour de la gastronomie. Les Coréens sont en demande » affirme Jérôme Tebaldi. Tours pourrait ainsi avoir un rôle à jouer dans le salon dédié à la cuisine française organisé chaque année dans la capitale coréenne. Des actions autour de l’artisanat seraient aussi en réflexion.

Chine : « C’est un challenge car ce n’est pas le dossier le plus facile » précise une nouvelle fois Jérôme Tebaldi. Suite à l’affaire des mariages chinois mais aussi « parce que ce n’est pas facile d’aller vite avec les Chinois. » Ainsi, fin 2015, une délégation de la ville de Luoyang était venue en mairie pour présenter un projet de jardin à la française qu’elle voulait créer dans un de ses parcs et coréaliser avec Tours. « On a un an de retard car ils ont voulu changer le lieu. Ce ne sera pas dans un nouveau quartier de cette ville de 8 millions d’habitants mais dans un parc du centre. » Un jardin de 100m de long, 40m de large dans cette ville reine de la pivoine : « 8 000 pivoines de Luoyang poussent d’ailleurs dans les jardins de Tours, souvent offertes par la ville » note l’élu. De plus, des Chinois ont prévu d’être présents en bord de Loire pour le 14 juillet.

Allemagne : Peu de choses avec la jumelle allemande, Mülheim. Mais les deux maires se sont rencontrés récemment lors d’un aller-retour express de Serge Babary. « Ils ont un énorme festival de la gastronomie, on pourrait y avoir une place dès 2018 en étant partenaire d’autant qu’ils font aussi une grande promotion du vin » suppose Jérôme Tebaldi.

Portugal : Porto est la ville européenne avec laquelle Tours a le plus de liens sans pour autant avoir de jumelage official. Grâce à la ligne aérienne directe, bien sûr, mais aussi à la forte communauté portugaise installée ici et « parcequ’il ne se passait pas grande chose entre Porto et Bordeaux qui sont jumelles. » En 2015, un artiste portugais a exposé sur le Pont Wilson puis un Tourangeau a fait de même à Porto cette année (notre reportage exclusif est ici). Un projet est envisagé autour des fleuves, mais pour l’instant rien de concret. Des apprentis du CFA pourraient aussi aller sur les bords du Douro pour se former « d’autant qu’ils manquent de personnel francophone dans cette ville où un hôtel ouvre chaque mois » insiste Jérôme Tebaldi espérant concrétiser ça l’an prochain.

Le reste de l’Europe : Avec la Hongrie, des liens sont tissés avec la ville de Szombathely où est né Martin de Tours. Une délégation sera là ce samedi 1er juillet pour la grande parade autour de St Martin prévue en ville. Tours est aussi jumelée avec Brasov en Roumanie : « on a eu quelques axes de travail autour de la culture. Un artiste tourangeau devait y exposer mais ça ne s’est pas fait pour des raisons financières » précise Jérôme Tebaldi. En revanche, chaque année, des apprentis du CFA des Douets vont là-bas pour travailler dans l’hôtellerie-restauration, et réciproquement. Il y a aussi des échanges avec l’université.

Pour l’Italie, Tours est jumelée avec Parme mais les relations sont quasi au point mort. Suite à l’année de l’Italie à la Foire de Tours en 2016 des projets sont tout de même en cours, l’élu tourangeau doit bientôt rencontrer le consul italien afin « de faire quelque chose avant 2020 »… sans doute encore sur la gastronomie. L’idée est aussi de développer le festival du cinéma italien. Et enfin concernant l’Espagne et le jumelage avec Segovie, il y a des scolaires et parfois des groupes tourangeaux de musiques anciennes qui s’y rendent. « Il n’y a pas d’association locale espagnole, c’est un tort » estime Jérôme Tebaldi.

Marrakech : La Foire de Tours 2018 aura pour thème le Maroc et la guinguette sera aux couleurs du pays le 9 septembre. Sinon, Tours et Marrakech veulent échanger des compétences. Tours a proposé son expertise pour former les Marocains dans les domaines des archives, de l’informatique et de la santé, notamment pour la gestion d’une morgue. Il y aura donc des échanges de personnels municipaux. La ville soutient aussi des projets comme deux Traceurs (Gravité Zéro) partis faire une compétition au Maghreb il y a quelques semaines ou le désormais célèbre projet Distilla’Sun mené par un prof du lycée Vaucanson. Tours veut aussi s’appuyer sur la communauté marocaine locale et ses associations très actives.

Bilan : « En 2016, Tours a reçu 21 délégations étrangères et déjà 12 cette année » se félicitait le maire il y a peu (ils s’intéressent au tram, par exemple, ou à l’université). Un point positif selon la municipalité mais pas non plus de quoi espérer des miracles : « nous ne sommes par l’Office du Tourisme ou la Chambre de Commerce et d’Industrie » prévient Jérôme Tebaldi. En clair : Tours crée des liens, noue des partenariats, entretient des relations ;.. Charge ensuite aux acteurs économiques de concrétiser les choses pour que cela bénéficie aux entreprises ou au secteur du tourisme sur le long terme. Le service international de la mairie dispose ainsi seulement d’un budget de 20 000€ (en baisse) avec lequel il soutient une vingtaine de projets par an pour une quarantaine de demandes.

« Il faut un peu se battre pour imposer les relations internationales » tonne encore l’élu en charge de cette question qui veut quand même croire à un réveil avec le retour de plus de touristes américains ou japonais en attendant les étudiants. L’idée est aussi de poursuivre les échanges artistiques. Après Porto, et suite à l’abandon d’un chantier avec Minneapolis pour cause de manque de budget, ça pourrait reprendre en 2018.

Olivier COLLET

Sinon, on a demandé si les relations internationales consistaient aussi à faire du lobbying pour augmenter le nombre de destinations possibles depuis l’aéroport de Tours. Réponse évasive : « on propose des destinations comme Lisbonne qui seraient pertinentes pour les Tourangeaux mais pour l’instant c’est en stand by » explique Jérôme Tebaldi assurant que « le directeur de l’aéroport y pense tout le temps » en essayant plus ou moins secrètement de ne plus être complètement dépendant de la compagnie low cost irlandaise Ryanair…

Photo : les Coréens à Tours en ce mois de juin 2017.

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