Avortement : « le choix des femmes n’a pas à être influencé »

Cette semaine, l’Assemblée Nationale doit instaurer le délit d’entrave à l’IVG sur Internet. Explications.

L’Assemblée Nationale doit adopter définitivement d’ici jeudi la loi sur le délit d’entrave à l’IVG. Mais les opposants à l’avortement restent très actifs et semblent gagner des batailles, notamment depuis l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Où en est-on ? Nous avons rencontré Marielle Thomine, psychologue et animatrice au Planning Familial d’Indre-et-Loire situé au Centre de Vie du Sanitas à Tours…

 

A quoi va servir cette loi ?

L’idée c’est d’empêcher les sites Internet de diffuser des informations qui ne sont pas neutres. Certains n’affichent pas qu’ils sont anti-IVG donc quelqu’un qui veut des informations tombe sur un numéro vert qui cherche à influencer les femmes. Ces sites mettent en avant des témoignages de femmes pour qui ça s’est mal passé, parlent de déprime après l’avortement… Ils utilisent le mot « enfant » plutôt que le terme d’embryon. Ils veulent les pousser à se projeter sur une future maternité, à réfléchir sur les conséquences… Mais non, le choix des femmes n’a pas à être influencé. Des femmes peuvent vivre l’avortement comme un grand soulagement et pas du tout comme un traumatisme.

Pourquoi ce texte est-il important ?

Ce que font ces sites, c’est de la désinformation. Ca contribue à maintenir les femmes qui ont pour projet d’avorter dans une culpabilité obligatoire. La société a encore tendance – même chez des personnes pro-IVG – à estimer qu’on ne peut pas faire le choix d’avorter sans ressentir une culpabilité. Et ça, c’est une injonction qui va créer plus de traumatisme que l’IVG en lui-même. Chacun fait ses choix en fonction de sa déontologie, de sa morale, de ses valeurs, éventuellement de sa religion, mais on n’a pas à influencer la décision des autres en fonction de nos propres choix d’autant plus que on n’est pas dans leur vie, on ne sait pas quelles sont les conséquences pour la femme, ce qui l’a amenée à faire ce choix. Et à la limite, la femme n’a pas à se justifier.

Donc ce texte est une vraie avancée ?

Oui, mais il y a encore d’autres choses à mettre en œuvre. On voudrait par exemple la fin de la double clause de conscience pour les médecins car il existe déjà une telle clause pour tout acte médical. Ce doublon signifie implicitement que les médecins auraient plus de raisons d’invoquer cette clause de conscience pour un avortement que pour autre chose. On pourrait aussi autoriser les IVG par aspiration dans tous les centres de planification familiale et d’éducation familiale et dans les maisons pluri-professionnelles de santé.

Ce qui est marquant, c’est que l’on constate une grande activité des militants anti-avortement, y compris ici à Tours…

Il y a des lobbys très importants avec beaucoup d’argent. Ils mettent donc en place beaucoup de choses : des campagnes, des petits magazines… Et puis d’une façon générale, il est encore difficile pour beaucoup de personnes d’admettre que les femmes peuvent faire leurs propres choix et disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Il existe par ailleurs encore plein de façons de limiter l’accès à l’avortement comme en fermant des centres IVG ou en ne diversifiant pas l’offre d’accès à l’IVG (en milieu rural notamment). C’est inquiétant de se dire qu’il y a, en France comme au niveau mondial, beaucoup de personnes qui veulent revenir sur les droits des femmes et qui n’attendent que ça.

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