Tours en marche et debout pour devenir métropole

L’agglomération veut passer en division supérieure pour accélérer son développement, et ainsi rivaliser avec les plus grandes villes du pays.

Aujourd’hui Tours est une communauté d’agglomération. 22 communes de Tours à Druye, presque 300 000 habitants, plus de 400 000 travailleurs dans le bassin d’emploi, un peu moins de 30 000 étudiants, un tram, le TGV, un aéroport, trois autoroutes… Peut-on faire mieux ? Atteindre le dynamisme de villes comme Rennes, Nantes, Grenoble, Nancy… ?

Le président de Tour(s)Plus Philippe Briand y croit et engage le processus de transformation de l’institution en métropole, le stade suprême. Lyon, Toulouse, Bordeaux sont métropoles. En accédant à ce statut, Tours ne récupérerait pas seulement 8 millions d’euros de la part de l’Etat mais elle gagnerait en prestige. Objectif : devenir une locomotive économique dans la région, attirer les habitants, les étudiants, les entreprises… Mais pas question de rivalité avec Orléans « qui restera capitale régionale » jure-t-on chez les élus.

Cette métropole, depuis quelques mois c’est devenu l’obsession de Philippe Briand : la priorité, avant même l’engagement de la réflexion poussée sur la deuxième ligne de tramway. Un débat de plus de 2h s’est donc tenu ce 2 mai lors du conseil communautaire, et devant un public exceptionnellement nombreux. Il a permis de lancer la machine.

Résultat : dans le meilleur des cas, Tour(s)Plus deviendrait métropole le 1er janvier 2017 : « ce projet est devenu mûr suite au vote de dernières lois » a expliqué le président pour justifier l’engouement autour de ce projet suite à l’abandon du processus de transformation en communauté urbaine (qui était initialement prévu au 1er janvier 2016). « Dans la France d’aujourd’hui, des territoires se développent et d’autres meurent. Mes déplacements me permettent de me rendre compte que les métropoles tirent leurs départements alors que dans d’autres endroits on dépérit. » En disant cela, l’élu de St-Cyr-sur-Loire explique s’inspirer… de St Etienne.

Le problème c’est que Tours est sur le fil du rasoir : pas certain que le premier ministre qui décidera au final accepte ce passage en métropole. « Le préfet d’Indre-et-Loire me dit que c’est juridiquement possible, le préfet de région me dit que ce n’est pas possible. Mais si nous avançons, nous demanderons au gouvernement de se prononcer. Sinon nous passerons en communauté urbaine avec les pouvoirs d’une métropole. » Car le changement de rang permettra à Tour(s)Plus devenu Tours Métropole de gérer plus de compétences, comme la distribution de l’eau, la voirie ou des questions sociales actuellement gérées par le Conseil Départemental. En clair : même si le processus échoue, il n’aurait pas été totalement inutile. Et de toute façon, « ce n’est pas parce que l’on devient métropole que l’on va résoudre tous nos problèmes » affirme le président.

Mais alors pourquoi est-ce devenu si vital aujourd’hui de voir Tours devenir métropole au point que le sujet est dans toutes les bouches et truste l’actualité ? Philippe Briand répond : « quand demain on aura besoin d’une nouvelle machine pour l’hôpital, on équipera d’abord la métropole. Tours doit trouver sa voie avec la métropole. Ca bouscule nos habitudes mais c’est dans l’intérêt de nos populations d’avoir un territoire attractif. »

Le président, également député et qui explique avoir déjà contacté les services du premier ministre, se veut aussi rassurant envers toutes les communes, même les plus petites : « on peut faire une métropole et laisser à nos élus la proximité avec les habitants. Il y aura un pacte de gouvernance pour que personne n’écrase personne. » Un discours enlevé, qui se veut visionnaire mais qui est aussi directif. Philippe Briand met la pression. Les choses vont aller vite : d’ici trois mois, les conseils municipaux devront avoir accepté la transformation de l’agglomération à la majorité, en juillet des discussions sont aussi programmées pour déterminer quelles compétences vont être mutualisées.

De base, 21 maires sur 22 soutiennent le projet. Mais il reste des réticences, des interrogations, des craintes voire de franches oppositions. A gauche, certains reprochent à Philippe Briand d’avoir perdu du temps (Wilfried Schwartz et Cécile Jonathan). Le manque de clarté du projet est aussi pointé du doigt : « les communes ont besoin de statuer sous trois mois mais il faut qu’elles sachent quelles seront les conséquences financières des transferts de compétence » note le maire de La Riche.

Autre point : la concertation des citoyens, ces Tourangeaux qui n’y comprennent peut-être pas grand-chose. C’est technocratique, la métropole. Et pourtant, avec un statut en plus et des 8 millions injectés dans le budget, ça peut potentiellement changer des choses : « les citoyens doivent être impliqués » relance Wilfried Schwartz rejoint par l’écologiste Emmanuel Denis qui plaide pour un tirage au sort de citoyens au sein d’un conseil de développement « comme à Nancy » pour donner leur avis sur les politiques mises en place. Philippe Briand ne s’y est pas opposé.

Comment faire en sorte aussi que Tours Métropole ne soit pas l’ogre qui avale tout cru tout le potentiel de l’Indre-et-Loire, Chinon, Loches… ? Le président de Tour(s)Plus explique agir avec le soutien du département (dont le président assistait ce lundi à la discussion que nous résumons ici). « Il ne faut pas créer une métropole avec le désert autour » prévient Emmanuel Denis qui exige une transparence de la gouvernance plus prononcée « pour que la population retrouve confiance. »

Une confiance qu’une minorité d’élus n’est pas prête à accorder à cette ambition. Michelle Launay de Chambray : « on s’engage dans un projet de métropole sans projet de territoire. Et pour la sénatrice-maire de St-Pierre-des-Corps Marie-France Beaufils il y a un risque « d’étouffement des communes » : « je ne pense pas que la loi métropole a le projet de laisser à la commune le rôle qu’elle a eu dans la démarche de réponse à la population. Ca risque de détruire notre vie démocratique. » Très minoritaire, elle s’engage néanmoins à s’investir pour que le projet soit le meilleur possible.  

En conclusion : la métropole de Tours semble un beau rêve, le projet d’un président qui pourrait alors se prévaloir d’avoir placé Tours dans le peloton de tête des villes françaises, comme Jean Germain quand il a fait en sorte que le tram devienne un modèle. Tours, la ville moyenne qui monte. Tours, la cité qui n’est pas capitale mais qui en a les atouts. Tours, cette ville historiquement prestigieuse qui serait injustement considérée aujourd’hui. De grandes ambitions, une envie de fédérer au-delà des clivages politiques. Mais aussi un risque important : comment conserver la dynamique en cas d’échec ? Tours jouera gros dans les prochains mois.

Olivier COLLET

Résultat du vote sur l’évolution de Tour(s)Plus en métropole : 3 Non, 2 abstentions, le reste de Oui.

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