Retour sur la Journée de la Communication Institutionnelle de Tours.
Au quotidien vous ne le remarquez peut-être pas beaucoup, mais depuis deux ans maintenant le monde médiatique tourangeau a changé. Un exemple : à cet instant précis vous lisez l’article d’un média qui n’existait pas il y a 18 mois. L’époque où il n’y avait qu’un journal, une chaîne de télé et une grande radio est vraiment révolue. En 2016, Tours c’est un quotidien, deux hebdos, deux sites Internet d’information, deux télés… Sans oublier la bonne dizaine de radios locales, les nombreux magazines voire même les blogs. Une offre importante qui oblige les journalistes travaillant dans ces structures à se réinventer continuellement pour faire face à cette concurrence mais plus que tout apporter une pluvalue au lecteur, à l’auditeur ou au télespectateur. Ca ne sert à rien qu’il y ait plusieurs médias s’ils racontent tous la même chose. En revanche, on peut être plusieurs à parler du même sujet différemment, ce qui du coup enrichit le débat.
Il ne s’agit donc pas de garder le consommateur d’information pour soi, ce serait une erreur. Avec l’essor du web, le tourangeau gourmand d’actu zappe, picore, croise ses sources. Non, le défi c’est de réussir à lui offrir des contenus qui correspondent à ses envies, de devancer ses attentes. En 2016, les Tourageaux ne veulent plus d’une info fade, d’un journalisme longiligne. Ils veulent du décryptage, du divertissement, de l’analyse, de l’indépendance et de l’esprit critique. Ils ont envie que le journaliste soit proche d’eux même s’ils ne le connaissent pas. Qu’il ait un peu le même quotidien, qu’il fréquente les mêmes lieux. Mais aussi qu’il sache se démarquer de l’agenda dicté par les institutionnels, qu’il ait la faculté de prendre une distance avec les élus ou les acteurs économiques qui voudraient lui servir une soupe toute prête sans qu’il n’ait le droit de l’assaisonner.
Les acteurs tourangeaux que nous rencontrons au quotidien commencent à intégrer cette évolution. Comme la façon de faire l’info à Tours a changé, la façon de communqiuer a aussi évolué. Elle est plus réactive, plus calculée aussi, notamment du côté des institutions, avec des stratégies bien définies, à la parisienne, parfois (un comble). Et puis les interlocuteurs avec qui nous échangeons ont modifié leurs discours. Ils font toujours de la langue de bois ou des discours incompréhensibles, mais ils ont aussi intégré que pour être plus audibles ils devaient savoir faire preuve de punch, être pédagogues et surtout savoir parfois s’effacer au profit d’autres interlocuteurs auxquels les lecteurs/auditeurs (etc) pourront mieux s’identifier.
Le temps de la conférence de presse avec 5 personnes autour d’une table et une dizaine de journalistes en face commence à être révolu, même si l’exercice s’impose sur certains sujets très précis (techniques par exemple). Et ça, la Journée de la Communication Institutionnelle qui se déroulait ce jeudi à l’Université de Tours (site du Plat d’Etain) l’a plutôt bien analysé en invitant des journalistes donc mais aussi des community managers ou des responsables de relations presse qui ont trouvé la solution pour ne pas être que de simples messagers mais des acteurs à part entière de la vie locale. N’empêche, il reste encore des progrès à faire pour mettre au rebus certaines pratiques ou faire tomber quelques barrières. Faire comprendre que dans ce monde qui va à 100 à l’heure, la communication et l’information se doivent d’intégrer le mouvement voire de le précéder sans pour autant suivre aveuglèment, au risque de tomber du train en marche et d’être largués.
Olivier COLLET