C’est à priori un incident à l’ampleur unique en France. Des câbles souterrains de la SNCF ont pris feu dans la nuit du 28 au 29 mars près de la gare de Tours, paralysant depuis quasi totalement le trafic dans la station. Seuls 2 TER sur 3 sont maintenus du lundi au vendredi, et 4 TER sur 5 le week-end, les trains qui circulent étant reportés vers les gares de Joué-lès-Tours pour les lignes de Loches et Chinon, St-Pierre-des-Corps pour les autres destinations.
A la suite d’une conférence de presse de la SNCF organisée ce vendredi 4 avril, on sait que cette situation provisoire va durer jusqu’au 28 avril (ce qui entraînera une indemnisation des 7 000 abonnés concernés). Ce délai est deux fois plus long que ce qui avait été annoncé dans un premier temps par la compagnie, ce qui mérite des explications.
D’après la directrice d’SNCF Réseau Centre-Val de Loire – en charge du projet – l’opération en cours est particulièrement complexe. « Nous menons 5 réparations en même temps : 3 chantiers d’alimentation électrique, 1 chantier de télécommunications n(fibre optique et téléphone) et 1 chantier de signalisation. »
En clair, « il faut faire une remise en état complète du poste d’aiguillages », nécessité liée au fait que le feu parti d’un câble 1 500 volts dédié à l’alimentation électrique des trains s’est propagé à de nombreux autres câbles situés à 2m sous terre. Des installations vieilles d’au moins 40 ans qu’il faut non seulement réparer mais aussi moderniser pour éviter un nouvel incident similaire. La SNCF précise d’ailleurs que l’origine du sinistre est bien matérielle : « Il ne s’agit pas d’un acte de malveillance caractérisé » insiste Francesca Aceto.
Le « défi » des équipes mobilisées consiste à réparer un système qui peut gérer jusqu’à 200 itinéraires de trains et un total de 1 000 combinaisons différentes. « Une centaine de personnes sont mobilisées en 3×8 avec des renforts venus d’autres régions » détaille SNCF Réseau. « Il faut tout reconstruire en dehors du bâtiment » ajoute Francesca Aceto. Et une fois que ce sera fait, 6 jours de tests seront nécessaires pour vérifier le bon fonctionnement du dispositif. Une opération obligatoire pour garantir la sécurité des voyageurs.
En attendant, c’est donc le poste d’aiguillage de St-Pierre-des-Corps qui gère le trafic, « avec parfois des trains toutes les 2 à 3 minutes soit 50% de plus que la normale et un trafic comparable aux gares parisiennes » souligne la compagnie ferroviaire qui demande donc de l’indulgence au public face aux annulations de trains ou aux retards. Les informations des départs sont disponibles en temps réel sur l’application SNCF Connect ou le sites Gares et Connexions.
« Néanmoins, on a la chance d’avoir la gare de St-Pierre-des-Corps à proximité de celle de Tours. Si c’était arrivé ailleurs il n’y aurait eu aucun train » insiste Philippe Fournié, vice-président de la région Centre-Val de Loire chargé des mobilités qui mobilise 200 000€ pour indemniser les abonnés. La SNCF devrait, elle, dépenser plusieurs centaines de milliers d’euros pour la remise en état de ses installations, une somme qui sera en partie couverte par les assurances. Des détails financiers qui seront gérés plus tard, nous indique-t-on.
Olivier Collet