Le reportage photo d’Info-Tours.fr.
Un spectacle à gauche, un autre à droite, un troisième dans les bois, encore un par là-bas… Pas facile de choisir aux Années Joué ! Sur 3 jours, le festival d’art de rue de Joué-lès-Tours compile une centaine de représentations, et la journée de samedi était bien évidemment la plus chargée… Le public ne s’y est pas trompé : si le début de soirée de vendredi a pu nous paraître un peu calme avant l’arrivée de la foule à la nuit tombée, pour ce deuxième jour il y a eu du monde du matin au soir (les spectacles se poursuivent jusqu’à 19h ce dimanche)…
Niveau expériences, on a été servis : les Ubraindigènes nous ont par exemple trimballés dans des reconstitutions biographiques de truands criminels complètement perchées… Dans une impasse à deux pas du parc de la Rabière, on commence par découvrir les artistes en conférence dans des fauteils quasiment en lévitation à près de 10m au-dessus du niveau de la rue… Puis la troupe joue avec les balcons, offrant de saisissantes cascades pour simuler les meurtres d’une certaine Josie Sanders, serial-killeuse d’amants.
L’Affaire suit son courtc’est un spectacle sans doute trop long mais à la mise en scène bluffante, entre Christophe Hondelatte et Pierre Bellemarre (RIP), avec des phrases percutantes, aussi loufoques que métaphysiques, comme “a-t-on les criminels qu’on mérite ?” ou “Derrière la chute d’un homme il y a souvent une femme qui vacille”. On retiendra aussi l’usage parfait de l’espace urbain, des panneaux aux arbres en passant par les fenêtes de la Maison du Parc ou les balcons (drôle de scène de vie italienne sous-titrée par-dessus la rembarde !)… Capté via une certaine “curiosité morbide”, on se prend à rire d’une défenestration en ayant conscience que c’est quand même un peu malsain.
Changement de décor à quelques dizaines de mètres de là, le Village des Optimistes et ses surprises artistiques permanentes nous accueille avec un monologue sur les piliers de bar : Le Contour de la Cie Conte La D’Ssus… Là encore on rit, des spectateurs se font parfois servir un godet mais derrière les verres qui se vident il y aussi du fond, de beaux contes sur la vie, sur l’amitié, la santé et la conversation… “Je suis obligé de créer un spectacle pour picoler tranquille” s’amuse l’artiste avant de prononcer l’une des phrases les plus censées entendue au cours du week-end : “un copain que l’on invite à boire un verre et qui ne vint pas n’est pas un vrai copain.”
Des copains, la Cie Le Muscle en a plein. Tourangelle, soutenue à la création par les Années Joué pour son dernier spectacle Illico, elle a payé un coup au public après sa représentation de 20h15, une première après 6 mois de travail… Sur scène, Franck Mouget joue avec sa fille Céleste pour la première fois et avec Xavier Salot ils incarnent “les artisans du rêve”, des personnages créés par Michel Pommier, à qui la troupe a commandé un texte sur le temps, une fable à 100 à l’heure sur le temps, où les personnages détonnent dans leurs costumes en tricot colorés… On se croit dans un rêve, dans un marathon ou une machine à remonter le temps… C’est une critique du monde qui va trop vite, une éloge de la contemplation… Une production parfois comique mais plus souvent utopique et philosophique.
Enfin, pour conclure, on avait rendez-vous avec la Cie Voala Place Nelson Mandela… Un ballet aérien grandiose avec des structures accrochées à une grue bien plus haute que les immeubles de la Rabière… On commence par voir un danseur évoluer dans une grande bulle puis ils sont 12 à évoluer autour d’une structure qui peut rappeler un manège de fête foraine, de grandes sucettes enfantines, les planètes du système solaire ou un mobile pour bébé… Sur un fond rock qui ne nous laissera pas un grand souvenir, les artistes attrapent les mains du public la tête en bas, lancent des paillettes, semblent voler avec une aisance déconcertante… Une chorégraphie nocturne lumineuse…
Olivier Collet et Claire Vinson