Grand Débat : à quoi ça va ressembler en Indre-et-Loire ?

Les Macronistes sont enthousiastes, certains citoyens beaucoup moins.

« C’est un débat inédit » : la députée LREM du Chinonais Fabienne Colboc reprend le terme à son compte. « Ce qu’on veut c’est trouver des solutions pour les citoyens en difficulté à la fin du mois, donner plus de place à la parole des citoyens » complète l’élue qui a été désignée référente régionale Centre-Val de Loire du Grand Débat officiellement lancé par Emmanuel Macron ce mardi 15 janvier 2019 en réponse au mouvement des Gilets Jaunes. Pour l’instant, son rôle se résume surtout à assurer le service après-vente de l’initiative, à détailler une action dont le contenu semble un peu flou.

Alors, en résumé : à partir de maintenant, tout le monde peut décider d’organiser une réunion autour des grands thèmes définis par le gouvernement (la fiscalité, l’organisation des services publics, la vie démocratique, l’immigration…). Pour que le rendez-vous obtienne le label Grand Débat, il faut aller se signaler sur le site de l’opération (grandebat.fr), y récupérer un « kit méthodologique », puis s’engager à transmettre les conclusions des discussions pour analyse. Les maires sont invités à prendre des initiatives « mais s’ils ne veulent pas, ils ne font pas » note Fabienne Colboc. Des associations ou des personnes sans étiquette peuvent également prendre les devants.

« Il faut écouter tout le monde »

Le délai du débat est long et court à la fois : deux mois. 5 réunions sont déjà pratiquement montées en Indre-et-Loire, dont une pour le 31 janvier à Noyant-de-Touraine. Mais d’autres pourraient avoir lieu avant cette date. Objectif : « qu’un maximum de personnes aille à ces débats. Il faut écouter tout le monde » ajoute Fabienne Colboc.

« Ceux qui se sont mobilisés (dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes, ndlr), on a leurs revendications. Maintenant il faut faire venir ceux qui n’ont pas encore parlé pour qu’ils donnent leur avis sur des sujets de société. » Pour que la procédure soit « la plus neutre possible » l’élue indique qu’elle et ses collègues resteront « en retrait », avec plutôt le rôle de facteur pour transmettre les propositions. Des idées qui pourraient ensuite finir en propositions de loi à l’Assemblée, s’avance l’élue tourangelle.

« Il y aura forcément à trancher entre les propositions »

« Il faut que les gens viennent avec leurs propositions, qu’ils viennent expliquer en quoi leurs situations sont compliquées. Peut-être que d’autres auront alors des solutions » espère encore la députée de la 4ème circonscription. Le hic c’est qu’on voit sortir de ce débat des opinions très, très contradictoires : « il y aura forcément à trancher » prévient Fabienne Colboc. Et en politique trancher c’est décevoir.

D’ailleurs, avant même le lancement de Grand Débat il y a déjà des sceptiques. Les écologistes d’EELV37 craignent par exemple qu’on leur refasse le coup du Grenelle de l’Environnement : des discussions qualitatives, mais des conclusions « oubliées dans la loi. » A Tours, Convergences Services Publics qui réunit plusieurs syndicats organise par ailleurs son propre processus de discussion ce 19 janvier toute la journée Salle de la Médaille à St-Pierre-des-Corps. Sans le label officiel, par manque de confiance dans l’action gouvernementale : « on n’a aucune garantie démocratique de ce qui va remonter » nous dit-on au local syndical.

« La réalité ne ressemble pas à ce que le président dit dans sa lettre »

Leur idée : concevoir « un livre blanc sur les services publics dans le département et la région » en évoquant les questions de santé, le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) ou l’urgence climatique. Un travail débuté dès le mois d’avril pour défendre un maillage des services publics sur tout le territoire, « parce qu’on ne peut pas simplement dire qu’on fait du tout numérique. Il faut aussi de l’humain et du lien social. Tout est fait pour éloigner les gens des services publics. »

Selon Convergences, Emmanuel Macron est à côté de la plaque quand il évoque par exemple un pays où tout le monde bénéficie d’une bonne couverture santé et d’un accès égalitaire à l’éducation : « la réalité concrète c’est que certaines personnes renoncent à se soigner et que les enfants n’ont pas tous les mêmes chances selon le lieu où ils habitent. La réalité concrète ne ressemble pas à ce qu’il dit dans sa lettre aux Français. » Néanmoins, leur discours semble se rapprocher de celui des représentants de l’Etat quand ils nous disent qu’ils espèrent « faire émerger des solutions progressistes sur forme de consensus. On a besoin de médecins pour construire ensemble. Il y a un nouveau système démocratique à inventer. » Sans 49-3 ou les ordonnances qui limitent le rôle du parlement, des options qui ne figurent pas dans les thèmes suggérés par Emmanuel Macron. Et c’est là que se fait la scission.

Olivier Collet

Parmi les initiatives à noter dans le cadre du Grand Débat, celle de la députée UDI Sophie Auconie qui met un cahier de doléances à disposition dans sa permanence de Montbazon (8 Rue Nationale). Un registre est également disponible en mairie de Joué-lès-Tours.

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