Hébergement d’urgence en Touraine : plus de 500 places cet hiver

Et des tensions entre associations.

Les associations Utopia 56 et Chrétiens Migrants manifestaient encore devant l’Hôtel de Ville de Tours ce jeudi soir pour réclamer un hébergement pour tous les migrants à la rue à Tours. Quelques heures plus tôt, la Préfecture d’Indre-et-Loire faisait le point sur son dispositif d’urgence pour tous les sans-abris, en détaillant notamment les mesures spécifiques en cas de baisse des températures.

Dès le 15 novembre, 501 places seront disponibles pour héberger des hommes, des femmes ou des familles à la rue : c’est inédit et ça représente 49 lits supplémentaires par rapport à la même date en 2017… 368 de plus qu’en 2012. « On a quadruplé le dispositif et nous pourrons mobiliser davantage de places en réquisitionnant des gymnases ou des locaux associatifs dans le cadre du plan hiver » rappelle le secrétaire général de la préfecture Jacques Lucbereilh, de quoi loger 75 personnes.

Le standard du 115 renforcé à Tours

Par ailleurs, 45 places sont prêtes au cas où : 25 pour des hommes seuls sur un site de la SNCF, 20 pour des femmes avec enfants dans des locaux de l’hôpital Bretonneau (un bâtiment déjà ouvert l’hiver dernier). Le 15 novembre, 48 places pour des familles ouvriront à Chambray + 24 pour des mineurs étrangers isolés en attente d’une évaluation par les services du Conseil Départemental.

Quel que soit le type de logement, l’objectif est que les personnes accueillies soient « orientées » vers un dispositif plus adapté, donc qu’elles restent le moins longtemps possible dans les foyers et les hôtels : « l’hébergement d’urgence c’est pour la détresse, pas pour l’insertion » estime le directeur de la cohésion sociale de Touraine Xavier Gabillaud. 

C’est l’association Entraide et Solidarités qui se charge d’orienter les différentes demandes au fil des jours, car c’est elle qui gère le 115, le numéro d’urgence dédié aux SDF que tout le monde peut appeler pour signaler une situation problématique. L’hiver dernier deux écoutants étaient mobilisés chaque soir, ils sont désormais 3 : « les jours de grand froid on a eu jusqu’à 250 appels, c’était difficile de pouvoir tout récupérer. Avec cette nouvelle mesure nous espérons pouvoir répondre plus rapidement » précise Thierry Gheeraert, le directeur de la structure.

Entre 30 et 90 refus par soir au 115

Ce 115 il est déjà bien occupé avec 154 appels ce mercredi 7 novembre… pour 52 refus d’hébergement, entre 30 et 90 dans les semaines précédentes. Et même avec l’arrivée des mesures hivernales, Entraide et Solidarités risque encore de dire non régulièrement : « après une ouverture de places on peut avoir un jour avec 0 refus ou des places en trop mais souvent dès le lendemain on a 30 refus. Il y a un effet attrayant » explique Thierry Gheeraert, signifiant que l’information sur des places disponibles se diffuse vers d’autres territoires.

Dans ce cas il faut prioriser : « une famille avec un bébé de 3 mois ne sera pas prioritaire par rapport à une famille avec un bébé d’1 mois » poursuit le responsable de l’urgence sociale qui reçoit chaque jour des alertes du CHU pour s’occuper de mères en sortie de maternité ou de malades dyalisés sans toit : « contrairement à d’autres départements nous n’avons aucune restriction, même sur les déboutés du droit d’asile » affirme-t-il également.

Des tensions entre associations

La question des migrants est d’ailleurs au cœur de l’actualité, avec des dissensions claires entre d’un côté les associations comme Emergence ou Entraide et Solidarités qui travaillent avec l’Etat avec des contrats financiers et de l’autre Utopia 56 ou Chrétiens Migrants qui sont uniquement dans une action bénévole : « elles sont dans une volonté de bien faire humaniste mais ne sont pas des professionnelles de l’action sociale et du coup ne vont pas accompagner ou vont le faire mais pas forcément de la bonne manière. Sur le campement installé au Sanitas la semaine dernière, 32% des personnes n’avaient jamais appelé le 115 » note Thierry Gheeraert.

« Ces associations ne sont pas dans l’optique d’apporter leur pierre au dispositif mais dans une politique de coup d’éclat. C’est contre-productif. Du fait de l’humanisme, on oublie des règles de professionnalisme. Parfois on se rend compte après plusieurs semaines d’hébergement d’urgence qu’une famille peut être réfugiée. Et on a perdu du temps. On a besoin d’une vraie concertation dépassionnée entre associations de bénévoles et de professionnels pour que le maillage puisse se faire et que tout le monde puisse travailler dans le même sens » nous disent l’Etat et Entraide et Solidarités qui prennent un exemple : « en une semaine, une famille est passée d’une tente à un logement pérenne. » 148 familles réfugiées ont ainsi été dirigées vers un logement social depuis le début de l’année selon la préfecture.

Olivier Collet

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