Ils ont fait le Meeting du Centenaire de la BA705

Rencontre avec ceux qui étaient à l’intérieur des avions.

Si pour beaucoup voler est un rêve d’enfant, pour eux il est devenu réalité. Tous confirment que pour faire ce métier, la principale obligation c’est d’être passionné. Ces hommes et ces femmes sont militaires. Ils ont un charisme de folie mais aussi une grande simplicité. Ils passent leur vie en l’air mais ont les pieds bien sur terre. Ils ont conscience de leur chance, des risques, du danger, de la pression, de la beauté… Vous les avez (peut-être) vus évoluer en l’air lors du meeting de ce dimanche. Nous les avons rencontrés avant le décollage.

Gaby, Pepe, Pierrot et Camille : basés à Istres, ils volent sur Mirage 2000-N :

Avec ces 4 là, on ne rigole pas. Ils ne donnent que des surnoms et ne font pas de démonstration de gala. Quand ils volent, c’est pour des exercices tactiques. Au quotidien, leur mission est de montrer que la France est puissante, qu’elle dispose de l’arme nucléaire. Ils font donc de la dissuasion. Bien sûr, jamais ils ne volent avec la bombe atomique sous les ailes. Mais parfois ils embarquent une maquette à taille réelle, d’une tonne. Assuranrt 3-4 vols par semaine, l’escadron 24 Lafayette vole en rapproché. On appelle ça l’assaut conventionnel. Arrivés à Tours jeudi, c’est une grande fierté pour eux de se présenter devant le public : « il y a toujours ce côté enfant, passion qui ressort. »

Les parachutistes d’Orléans-Bricy :

A leur tête : un lieutenant-colonel. Cet homme a 20 ans de carrière dans l’armée. Il a été pilote puis s’est orienté dans le renseignement. Son équipe est composée de 3 sous-équipes. Elles font de la compétition mais sont aussi prêtes à intevenir sur le terrain. Les parachutistes, ce sont ces militaires largués sur les zones de conflits, presque toujours en pleine nuit pour une discrétion maximale : la dernière fois que l’armée française en a eu besoin, c’était au Mali, au début de l’opération Serval. Là, tout est une question de tactique et de précision. Il faut notamment avoir fait des repérages en ammont pour savoir où on largue les hommes. L’un d’eux fait par ailleurs office de balise pour les autres. Et tous sont extrêmement chargés, parfois 50 à 60kg ou alors des gaines collectives de 100kgs.

Soumis à des visites médicales particulièrement strictes tous les ans, les « paras » peuvent parfois faire plus de 1 000 sauts par an, en général à une altitude de 4 à 8 000m. Ce dimanche, ils ont sauté avec le drapeau de la Ville de Tours. De quoi les rendre fiers, mais sans doute pas autant que leurs titres de champions du monde acquis en 2012 et 2014.

Capitaine Bosque, voltigeur basé à Salons-de-Provence :

Entré dans l’armée en 1998, il fait de la voltige depuis 2011 après avoir mené de nombreuses missions, notamment à bord du Mirage 2000. Actuellement, son équipe (5 autres pilotes) est championne de France, d’Europe et du Monde. En attendant les championnats prévus à Châteauroux à la fin de l’été. Parmi les principaux adversaires des tricolores : les Russes et les Américains. A noter qu’ici, la géopolitique n’entre pas en ligne de compte. La France a beau ne pas avoir de très bons rapports avec les Russes en ce moment, sur les compétitions où tous les pilotes se connaissent cela n’a plus d’importance d’autant que la plupart des étrangers sont des civils au contraire des Français qui ont une équipe avec civils et militaires.

Leur avion, un Epsilon, est une bête de course : seulement 550kgs, tout en carbone, 300 chevaux… Construits en 2009, originaire d’Allemagne, il s’avère donc parfaitement maniable pour les figures. « Ca devient difficile de se réinventer. Avec la technique des avions, on a atteint les limites du corps humain, à +10G ou -9G. Les vols ne durent que 5 à 6 minutes mais on en sort lavés. J’ai mal partout mais prendre des G c’est une drogue, ça a été prouvé. Je ne peux pas passer 15 jours sans. »

Ce qu’il est aussi intéressant de savoir, c’est que les voltigeurs ont un relais au sol. Il est leurs yeux, notamment si un oiseau s’invite dans le champ. Ou s’il y a le moindre problème. « On a l’impression que c’est du n’importe quoi mais tout est calculé. » Il existe ainsi un catalogue de 8 000 figures, et aujourd’hui peu de nouveautés y entrent. Globalement tout a été essayé, défini : Loopings, vrilles… Leur nombre, leur ampleur…. Ce qui n’empêche pas « le freestyle ». Et dans les compétitions, au fond, c’est un peu comme du patinage artistique. Il y a un programme imposé et un programme libre. Le tout jugé par des anciens pilotes.

Capitaine Mickaël Brocard, basé à St Dizier (Haute-Marne) :

Après dix ans de résidence militaire des les Ardennes, le Capitaine a beau voler en Rafale il serait curieux de voir autre chose. En attendant, il pilote le must de l’aviation militaire française. « J’en ai suivi toutes les évolutions. C’est un avion très convivial et ergonomique. Il a été très décrié, j’ai trouvé ça malhonnête. Nous n’avons pas à en avoir honte, il est vraiment au dessus des autres. »

Capitaine Carrière, instructeur à l’école de chasse de la BA705 de Tours :

L’école de chasse et sa bonne trentaine d’Alphajet ont encore une grosse année à passer en Touraine. On y trouve en général entre 20 et 30 élèves, là pour une formation de 8 mois sur simulateur mais surtout pour 80h de vol. Un complément est ensuite nécessaire s’ils ont besoin d’utiliser d’autres avions dans leurs missions futures. On précisera que le recrutement se faire sur concours et sélection. Et à la façon dont le Capitaine en parle, c’est assez drastique.

« L’Alphajet est un avion extraordinaire, sa qualité de vol est comparable au Mirage » ajoute l’instructeur, « il est par exemple capable de faire tout un vol avec un seul de ses deux moteurs. Il atteint 950km/h, Mach 0,8. » Parmi les missions ponctuelles menées depuis la BA705 : l’assistance aux avions. C’est finalement rare, « 3-4 fois par an ». Il s’agit alors de guider des avions perdus, notamment des appareils d’Aéroclub. Les Alphajet décollent pour aller se placer près d’eux, dans l’objectif d’entrer en contact puis de les remettre sur la bonne route ou de les accompagner jusqu’à l’atterissage. Et si la communication vocale est impossible, ils ont aussi un code visuel pour inciter le pilote à les suivre par exemple ou lui montrer qu’il peut se poser à tel endroit.

Olivier COLLET

À lire sur Info Tours

Suivez l'actualité en temps réel

La météo présentée par

TOURS Météo

Recherche

StorieTouraine - L'actu en résumé

Inscription à la newsletter

Agenda