Crash de Vouvray – Interview : « Il faut engager une réflexion sur l’aéroport et que la sagesse l’emporte »

Entretien avec Christine Blet, membre du Mouvement de Lutte contre les Nuisances Aériennes de Tours, en sommeil depuis plusieurs mois mais réactivé depuis le crash de ce mercredi.

Il y a encore quelques mois, le Mouvement de Lutte contre les Nuisances Aériennes de Tours comptait 120 adhérents. Mais après 20 ans de combat et constatant qu’il n’était pas entendu, il a fini par stopper ses activités, « on parlait dans le désert, il y avait de l’usure » dit l’ancienne présidente Christine Blet. Dès ce 10 décembre au soir quelques heures après le crash d’un Alphajet de la BA705 à Vouvray, elle a tenu à réagir à l’événement et compte organiser une réunion dès la semaine prochaine. Sollicitée par de nombreux médias ce jeudi, notamment nationaux, elle a pris le temps de nous expliquer sa démarche…

 

Pourquoi avez-vous décidé de réveiller votre association hier soir ?

Si on ne réagit pas maintenant on ne le fera pas. C’est toujours délicat de s’exprimer quand quelque chose vient de se produire et que c’est en lien avec notre lutte depuis plus de 20 ans. Je ressens à la fois de l’émotion et de la colère, mais surtout je suis très abattue. Hier soir (mercredi, ndlr) je me suis effondrée. Je me permet de vous le dire pour montrer à quel point un événement fait prendre conscience que nous nous battions pour un enjeu collectif, pas juste parce que nous voulions parlé de nous qui habitions à côté de l’aéroport. Nous ne sommes pas contre la base mais contre cet aéroport enclavé dans l’agglo Tourangelle. On nous disait toujours qu’il ne fallait pas habiter là, comme si nous étions coupables. Ils nous l’avaient écrit dans des courriers. Alors oui, nous sommes conscients que le risque zéro n’existe pas. Nous ne remettons pas non plus en question l’entraînement des militaires. Mais le fait que ce lieu soit situé en pleine agglomération augmente le risque d’accidents, quel que soit le type d’avion, civil ou militaire.

Vous demandez un départ des avions ?

En ce moment, il y a un plan de réorganisation des armées à l’échelle européenne. Cela laisse d’autres possibilités, à l’époque nous en avions parlé à Hervé Morin lors de sa visite sur la base quand il était ministre de la Défense. On sait que plus de 80% des accidents ont lieu en procédure de décollage et atterissage. Alors en sortant la base de l’agglomération, on pourrait diminuer les risques. Les avions sont des bombes volantes à cause du khérozène.

Qu’est ce que vous revendiquez aujourd’hui ?

Ce que j’ai envie de dire d’abord c’est que l’on est de tout coeur avec les familles et les salariés qui travaillent dans cette institution de Vouvray que je connais bien. Ca me touche de savoir que la vie ne tient qu’à un fil, un fil qui aurait pu être modifié. Je ne sais pas restera de cet événement dans l’inconscient collectif dans deux ou trois mois… Mais je suis sidérée parce que l’on ne peut plus dire que nous étions de jeunes délinquants. On ne nous prenait pas au sérieux alors que l’on voit bien qu’il fallait. Cet aéroport n’a plus de raisons d’être.

C’est-à-dire ?

Je pense que le débat doit être ouvert sur l’aéroport. On doit être dans une logique d’aménagement en fonction des besoins de déplacement des habitants. Oui, c’est pratique cet aéroport si on doit partir en vacances. Mais les collectivités paient, c’est entretenu par nos impôts. Sinon on ne pourrait pas se le payer. Pourquoi toutes les villes moyennes ont-elles besoin d’un aéroport ? Demain s’il n’y a plus de subventions, Ryanair peut partir. Ca, c’est pour l’aéroport civil. Mais celui-ci étant mixte, pour nous le départ de la partie militare va également de soi

Mais cela aurait des conséquences importantes en matière d’emploi…

Je pense qu’une réflexion doit s’engager et il faut que la sagesse l’emporte. Il n’y a pas que l’argent qui compte. La majorité sont des emplois au sol, et on pourrait créer d’autres services sur cet emplacement. Comme sur le site de la Caserne Beaumont. Je me félicite d’ailleurs que l’armée ait choisi d’installer sa Direction des Ressources Humaines en Touraine. L’école de chasse, ça représente 300 personnes. C’est peu important par rapport à la totalité. Arrêtons de débattre sur des schémas manipulés.

Propos recueillis par Olivier COLLET

Photo : image extraite de la page Facebook du M.L.N.A.T

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