Le réalisateur de cette comédie romantique Jean-Pierre Améris était à Tours mercredi pour présenter son nouveau film.
Jean-Pierre Améris est un habitué des cinémas Studio. A chaque fois qu’il fait un film, il vient le présenter dans la salle tourangelle. Et ce depuis 1993. Alors à un mois et demi de la sortie de son dixième bébé Une Famille à Louer il est encore une fois passé par chez-nous pour en parler avec les spectateurs, parmi les tous premiers à le découvrir.
Une Famille à Louer est une comédie romantique qui réunit Benoit Poolevorde et Virginie Efira. Un casting populaire, un peu éloigné des habitudes du réalisateur, mais qui marche à merveille. « Par exemple, Virginie Efira est toujours sur le fil de la vulgarité sans l’être vraiment » confie-t-il pour définir les talents de l’actrice. Quant au rôle principal, il a été spécialement écrit pour Benoit Poolevorde par la compagne de Jean-Pierre Améris. Le voilà donc qui se retrouve dans la peau d’un ancien chef d’entreprise plein aux as mais seul dans sa splendide maison « bunker ». Pas de famille, pas d’enfants, même pas d’ami. Juste un majordome pour lui faire prendre ses pilules d’antidépresseurs (ce dernier ayant « des airs de Nestor dans Tintin » ont estimé certains spectateurs).
Et puis un jour, à la télé, ce Paul-André découvre l’interview d’une femme sortant d’un tribunal : on menace de lui retirer ses enfants parce qu’elle a volé un poulet dans un supermarché puis tabassé un vigile avec (la scène, filmée en ouverture du film, est un petit bijou). C’est donc Virginie Efira. Et voilà qu’elle se retrouve dans le canapé de Paul-André qui lui propose un contrat : il éponge ses dettes mais en échange il peut venir vivre dans sa famille pour voir comment ça fait d’être entouré au quotidien. Et sans sexe (c’est irréaliste, loufoque mais plutôt bien trouvé).
Evidemment, ça se passe mal. Le mec débarque en costard dans une maison de campagne qui ressemble presque à un préfabriqué. Alors qu’il est hyper maniaque, elle est pleine de désordre. La mère fait croire à ses enfants qu’elle a eu un coup de foudre mais à la première occasion elle le vouvoie ou sort avec sa plus belle robe pour un plan d’un soir… Bref, ça ne tourne pas rond. On enchaîne les gags mais sans lourdeur, y compris des blagues récurrentes comme ce fichu frigo qui ne ferme pas correctement.
Comme Une Famille à Louer est une comédie romantique, il y a aussi des moments de tendresse. De gêne. De séduction. Ce qui est intéressant c’est qu’on ne sombre pas dans le mélo : la musique est tantôt grave, tantôt légère. Les images sont brutes et naturelles, les personnages justes et torturés ce qui donne à l’ensemble un côté tendre et cruel. Les personnages secondaires (les enfants de Violette-Virginie Efira ou la mère de Paul-André) amènent de surcroît une vraie valeur ajoutée pour bien piger la psychologie de l’histoire.
En fait, pour les connaisseurs du travail de Jean-Pierre Améris, Une Famille à Louer est un peu dans la veine des Emotifs Anonymes dans lequel il faisait également jouer Benoit Poolevorde (et encore une fois dans un rôle d’amoureux torturé). Ce précédent long-métrage était cependant de qualité supérieure à nos yeux. Car plus fin et plus surprenant que celui-ci. Il n’empêche que là, le réalisateur a su trouver le scénario parfait pour les deux belges, Poolevorde étant au sommet de son art et Efira en pleine progression par rapport à de précécents rôles. Il confie d’ailleurs la vraie complicité entre eux, racontant aussi comme Benoit Poolevorde est capable de danser un slow avec sa partenaire en pyama sans éprouver aucune honte.
« J’ai beaucoup de points communs avec lui. Ce film comporte des éléments autobiographiques de nous deux. Comme Paul-André dans le film, je n’ai pas toujours aimé le beau temps. Lui c’est quelqu’un de très maniaque. Au final ce film, c’est l’histoire d’un homme qui apprend que dans la vie il y a plus de désordre que d’ordre. Avec Violette, ils vont tous les deux prendre le risque du bonheur. J’aime les gens qui sortent d’eux mêmes, et c’est le cas ici » a confié Jean-Pierre Améris à l’issue de la projection ajoutant qu’il espérait encore faire d’autres comédies. Si elles sont comme ça, malignes et subtiles, on achète !
Olivier COLLET
Une Famille à Louer, à voir aux Studio de Tours dès le 19 août. Bande annonce !