Les migrants sont installés au Sanitas depuis presque deux semaines et avec la chaleur les organismes sont usés. Mais il n’y a toujours pas de logement pour eux.
Ca fait (sans mauvais jeu de mot) partie des « dossiers chauds » arrivés sur le bureau du nouveau préfet d’Indre-et-Loire Louis Le Franc en poste depuis ce lundi à Tours : la situation de la quarantaine de demandeurs d’asile qui campe sous des tentes dans un square du Sanitas depuis le 19 juin dernier. Le problème c’est qu’en cette semaine de quasi canicule, sous les toiles, la chaleur est étouffante. Et avec des enfants en bas âge (dont des bébés) ou des personnes malades, la population de camp est vulnérable.
Sauf que quand ils appellent le 115 pour obtenir un hébergement d’urgence, c’est toujours la même réponse : non. « Ils reçoivent 60 à 80 appels par jour » explique Rose-Marie, bénévole à l’association Chrétiens Migrants qui est à l’initiative de l’installation de ce camp pour attirer l’attention médiatique et politique. « Ces derniers jours, on a seulement réussi à loger 2 femmes et 4 enfants » poursuit la militante désemparée. Au total, c’est entre 12 et 20 mineurs qui vivent sur le camp, originaires d’Arménie, de Guinée ou des pays de l’Est de l’Europe. Certains sont en Touraine depuis plusieurs mois et avaient déjà du mal à se loger cet hiver.
Près de deux semaines après l’apparition des tentes, les choses pourraient bouger dans les tous prochains jours. Reste à savoir comment. En tout cas que ce soit du côté de Chrétiens Migrants ou des responsables de la ville et de l’Etat une chose est sûr : cette situation ne peut pas perdurer. « Il faut leur trouver des logements » dit Rose-Marie. Le préfet est lui beaucoup plus prudent, parce qu’il vient d’arriver et ne connait pas encore toutes les subtilités du dossier mais aussi parce qu’il ne veut pas se laisser instrumentaliser. Du coup, aucune décision franche – donc aucune expulsion – n’est prévue avant ce mercredi soir. Une réunion doit en effet se tenir en mairie de Tours à 17h30 avec les services de la ville, des élus départementaux, la préfecture, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et plusieurs associations. « On a tellement l’habitude des réunions pour rien que l’on attend vraiment de voir ce qu’il va en sortir » nous explique-t-on chez Chrétiens Migrants.
« Il ne faut pas emboliser des demandeurs d’asile que l’on ose pas expulser »
Du côté de Louis Le Franc, longuement questionné sur le sujet lors d’une rencontre avec la presse ce mardi, voici ce qu’il déclare : « On m’a expliqué cette saturation du 115. S’il y a des personnes en situation fragile, il faut traiter leur cas avec la plus grande humanité possible, éviter que des gens restent trop longtemps dehors dans des conditions de grande précarité. » En même temps, il fait preuve de fermeté : « de ce que je sais, les demandes d’asile d’une bonne partie de ces migrants ont été refusées. Ils n’ont donc pas vocation à rester sur le territoire. Il ne faut pas emboliser des demandeurs d’asile que l’on ose pas expulser » Une affirmation démentie par les bénévoles qui assurent que tous les occupants du camp ont de sprocédures en cours.
Louis Le Franc poursuit : « lors de cette réunion ce mercredi, on va voir qui peut faire quoi. Il faut par ailleurs avoir plusieurs regards, faire attention aux filières. Ne pas créer un appel d’air. L’hébergement d’urgence a un coût, même en cas de réquisitions de logements. Il ne faudrait pas par ce biais mettre des acteurs locaux en difficulté. Je fais confiance au 115 mais cela doit rester un numéro dédié à l’hébergement d’urgence. On pourrait peut-être trouver des places en libérant certaines d’entre elles occupées par des hommes seuls. » Le préfet n’exclut pas par ailleurs de se rendre sur le campement du Sanitas dans de brefs délais. Il y est d’ailleurs invité ainsi que tous les participants à la réunion.
Olivier COLLET