Politique handicap à Tours : ils avancent pas à pas

Rencontre avec Edouard De Germay et Aurélie Ossadzow.

C’est un point souvent oublié quand on parle de la politique d’une ville : le handicap. En gros, on l’évoque 2-3 fois par an, notamment au moment où sort le classement des villes accessibles de l’Association des Paralysés de France (d’ailleurs, ça ne va pas tarder…). Du coup on a pris les devants et on a demandé un point d’étape aux deux élus Tourangeaux en charge de ce dossier : Edouard de Germay et Aurélie Ossadzow. Le premier est plus globalement en charge de la santé, de l’hygiène, des personnes âgées et donc du handicap, la seconde – Tourangelle depuis 3 ans – a déjà été chargée de gérer ces sujets au sein de la mairie de Nogent-sur-Marne (près de Paris) où elle était élue. Déficiente visuelle, elle reconnait « qu’il y a toujours une frustration à être réduite à s’occuper de handicap » mais tempère en rappelant que c’est « un sujet passionant, transversal, où l’on traite à la fois d’éducation, de culture, de sport… Il y a beaucoup d’humain et pas mal de boulot ! ».

En préambule, tous deux nous sortent une phrase que l’on a déjà entendue des bouches de Christine Beuzelin ou Olivier Lebreton : « nous avons commencé par recevoir toutes les associations dont nous avions les contacts. Elles nous ont remercié ne serait-ce que d’avoir organisé ces rencontres. Il y avait un énorme besoin de reconnaissance ». Des rendez-vous sont depuis organisés régulièrement, en fonction des sollicitations des structures, mais Aurélie Ossadzow le reconnait : « on a pas grand chose à offrir… ».

Un plan de mise en accesibilité en cours d’élaboration… Mais patience.

En fait le principal axe de travail du moment c’est la mise en accessibilité de Tours et ce pour tous les types de handicap. Un travail tentaculaire tant il y a du retard dans ce domaine. « La ville n’a pas de plan de mise en accessibilité de la voirie » explique Edouard de Germay qui a donc demandé aux services d’en édifier un, même si ça doit prendre plusieurs mois : « je ne veux pas d’un travail fait rapidement. Tours compte 400km de rues et 800km de trottoirs donc le volume est considérable », « et puis lorsqu’on fait des chantiers, il y a des incidences sur la circulation, les parkings ou les écoulements d’eau » complète Aurélie Ossadzow. Bref, c’est un sacré casse-tête.

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Une liste des priorités est en cours d’élaboration afin de déterminer un programme de travaux, « en collaboration avec les associations » insistent les élus, et ce afin de cibler les quartiers où il y a de réels besoins, donc que des personnes handicapées fréquentent assidûment. Ce que la mairie ne veut pas c’est faire de l’accessibilité une vitrine et organiser des travaux coûteux dans des rues que personne n’emprunte, « ça ne sert à rien de faire de l’affichage ». Des « circuits » seront créés (touristiques ou culturels par exemple) afin qu’il n’y ait pas juste une rue sur deux qui soit facile d’accès mais tout un chemin.

Ainsi, pour 2015, un seul chantier de mise en accessibilité est réellement programmé, un dossier déjà géré par l’ancienne municipalité entre Walvein et St Eloi, dans le seceteur de Bretonneau. Il en coûtera 80 000€. Mais Aurélie Ossadzow insiste : « à chaque fois qu’il y a des travaux, il peut y avoir un peu d’accessibilité, les services ont été sensibilisés ». Et de rappeler que si le couloir du tram est – globalement – adapté, il y a de grosses lacunes notamment parce qu’on a pas profité des travaux pour rendre les commerces accessibles… Tout ça, sans compter les 350 états des lieux que la mairie doit faire pour la mise aux normes légales des bâtiments publics… d’autant que les règles ont récemment changé et donc qu’il faut tout refaire. Gaspillage de temps… et de moyens.

Un grand village de sensibilisation au handicap en mai

L’autre dossier qui occupe Aurélie Ossadzow et Edouard de Germay c’est l’organisation des Jeux Nationaux Handisport du 13 au 17 mai. L’événement en lui-même (qui regroupera 600 sportifs au parc expo ou à la piscine Bozon) est géré par la FFH mais Tours souhaite s’y greffer en proposant sur tout le week-end de l’ascension un village de sensibilisation au handicap dans un lieu de grand passage, peut-être la Place Anatole France. Un travail est donc en cours avec les associations afin de définir un programme d’animations, d’ateliers, suscceptibles d’intéresser le grand public. Sauf que pour que cet événement réussisse il faut un budget que la ville n’a pas et qu’elle tente d’obtenir via des sponsors privés. Si ça a marché pour Philippe Candeloro, ça devrait aussi le faire pour le handicap, non ? Des contacts sont en tout cas engagés.

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Reste enfin l’épineuse question des subventions municipales : « si une association a envie d’organiser un événement sportif, bien sûr qu’on le soutiendra » expliquent Edouard De Germay et Aurélie Ossadzow qui rappellent bien que leur marge de manoeuvre est très réduite et que la nouvelle politique de la ville est de financer en priorité des projets concrets émanant des structures locales. Ces derniers devront prochainement être présentées devant un guichet unique chargé de traiter tous les dossiers afin d’éviter les demandes identiques envoyées à plusieurs services mais aussi – de manière plus pragmatique – de gagner du temps.

Olivier COLLET

 

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