Ce lundi 24 février, les élus des 22 communes de Tours Métropole se réunissaient dans le quartier des Deux-Lions. Un conseil avec un gros point en 7e position de l’ordre du jour : le traditionnel débat d’orientations budgétaires qui permet d’examiner l’état des comptes publics avant de décider des orientations financières à prendre pour les mois à venir.
Selon le vice-président aux finances Christian Gatard, les chiffres sont plutôt positifs. « Fin 2024 on est en capacité de rembourser le capital de la dette en moins de 3 ans alors que nous avons emprunté 28 millions d’€, quasiment le double des années précédentes » explique l’élu chambraisien. Par ailleurs, l’agglomération a réalisé une grande partie des investissements envisagés il y a un an : 77% des dépenses prévues ont été engagées, alors qu’on était entre 62 et 66% sur les 3 années précédentes. Cela représente 91 millions d’€.
« Ce niveau d’investissement c’est du jamais vu depuis 10 ans voire 20 ans » commente Christian Gatard qui s’attend néanmoins à une restriction de l’enveloppe autour de 70 millions d’€ dans les prochaines années. La raison c’est un risque d’explosion de la dette : d’après les graphiques fournis par Tours Métropole, elle pourrait devenir « insoutenable » à l’horizon 2028, avec une capacité de remboursement multipliée par 4 par rapport à aujourd’hui. Rien qu’en 2025, les prévisions font état d’une progression des créances de 40 millions d’€.
« Ce n’est pas grave car on est dans une situation favorable mais ce ne sera plus le cas si on continue au même rythme » insiste le responsable du budget de la collectivité.
« La solution c’est la baisse des dépenses, un décalage ou une suppression d’opération, une hausse des recettes ou une augmentation de la fiscalité » précise encore Christian Gatard. « Il ne faut pas s’interdire de lever ce levier de la fiscalité » lui a répondu le maire de Notre-Dame-d’Oé Patrick Lefrançois, également soutenu par l’élue de Tours Annaelle Schaller.
« Il ne faut pas s’enfermer dans un débat qui dirait soit on augmente les impôts, soit on ne fait plus rien » leur a rétorqué le socialiste Jean-Patrick Gille, le responsable local de l’UDI Romain Brutinaud estimant pour sa part que « la création d’une nouvelle fiscalité doit être repoussée le plus loin possible », et au moins après les prochaines élections prévues en mars 2026.
Il parait tout de même probable qu’à terme, Tours Métropole soit forcée de revoir les taux actuels des impôts locaux, ne serait-ce que pour financer ses grands projets comme la seconde ligne de tramway ou le développement du réseau de trains. Et ce même si le maire de Tours Emmanuel Denis parie sur la hausse de la fréquentation des transports en commun Fil Bleu pour augmenter les recettes de billetterie et donc les besoins d’argent pour investir dans ce domaine.
« On ne peut vouloir être en tête de la Ligue 1 des villes de France en ayant le budget du 10e ou 12e » a conclu Christian Gatard rappelant que l’agglomération tourangelle avait un des taux d’imposition les plus faibles des grandes villes de France. Manière de dire qu’il faut ouvrir le débat, même si celui-ci est impopulaire. Sa suggestion : « Pourquoi ne pas créer un impôt résidentiel ? » Mais il renvoie la balle à l’Etat : « Il faut que ce sujet soit étudié au niveau national par les députés pour trouver les solutions équitables et justes avec un impôt progressif. »
En attendant, il n’y a pas de hausse de fiscalité annoncée pour 2025 sur l’agglomération. Et comme en 2024, il devrait y avoir environ 90 millions d’investissements d’ici le mois de décembre, notamment pour financer le début des travaux du tram, la réouverture de la gare de Fondettes, la passerelle piétons-vélos entre Tours et Saint-Avertin, des aires pour les gens du voyage à La Riche et Ballan-Miré, des projets écologiques à hauteur de 5 millions d’€ ou encore des enveloppes de soutien exceptionnelles pour les communes à hauteur de 350 000€ par collectivité.
Olivier Collet