Ligne B du tram de Tours : les réponses aux critiques de l’enquête publique

Les planètes semblent alignées pour lancer le chantier de la 2e ligne de tram de l’agglomération tourangelle. Malgré 50% d’avis négatifs exprimés pendant l’enquête publique, la commission qui a mené la consultation donne un avis favorable au projet. Sauf grande surprise, cela devrait débucher sur une déclaration d’utilité publique des travaux par la préfecture au printemps 2025, un début des travaux à l’été et une mise en service espérée à l’horizon 2028-2029.

Estimé à près de 500 millions d’€, ce projet a pour objectif de relier la Riche à Chambray-lès-Tours via le nouveau quartier du Plessis Botanique à La Riche, les abords de l’hôpital Bretonneau à Tours, le futur quartier des Casernes, le Boulevard Jean Royer, les Fontaines, le Parc Grandmont et le nouvel hôpital Trousseau à Chambray. Près de 35 000 voyages quotidiens sont annoncés (du lundi au vendredi, hors vacances scolaires). Moins que la ligne A reliant Tours-Nord à Joué-lès-Tours, mais plus que les lignes de bus actuelles.

Si la Métropole lance un tel projet, c’est dans l’espoir de réduire la circulation automobile, de diminuer la pollution et de faciliter les déplacements entre l’Ouest et le Sud de l’agglomération. Il s’agira aussi de rendre l’espace urbain plus agréable et fonctionnel. Cependant, le coût des travaux, les hésitations sur le tracé, ou les inconvénients annoncés pour certains riverains entraînent une forte opposition. Elle s’est matérialisée par des avis négatifs déposés pendant l’enquête publique, ou la remise de pétitions (dont une avec plus de 1 000 signatures à Saint-Avertin).

Attentifs aux retours, le trio de commissaires qui a mené la consultation estime que le projet de ligne B du tram de Tours ne peut être un succès que si ses commanditaires répondent à un certain nombre de réserves exprimées en conclusion d’un rapport de plus de 20 pages. Des critiques auxquelles les élus ont immédiatement répondu ce jeudi 12 décembre à l’occasion d’une conférence de presse.

D’abord au sujet du coût du projet, estimé à près de 500 millions d’€. Le rapport de l’enquête publique s’inquiète d’un éventuel dérapage, et surtout d’un manque de rentabilité de la future ligne B. le maire de Tours Emmanuel Denis, vice-président métropolitain chargé des mobilités et président du Syndicat des Mobilités de Touraine, confirme : « Il ne s’agit pas de déraper maintenant, bien au contraire. On continue de chercher des sources d’économies. »

Ainsi, l’élu écologiste explique que la baisse des taux d’intérêt pour les emprunts et la hausse des recettes de billetterie du réseau Fil Bleu devraient permettre de réduire certains coûts. De plus, si le gouvernement autorise une hausse du Versement Transport payé par les entreprises c’est environ 8 millions d’€ par an que la Métropole pourrait récupérer. Soit 40 millions en 5 ans, soit presque 10% de la somme requise pour le projet. L’augmentation de la fiscalité des sociétés est donc assumée pour financer un chantier « d’intérêt général », en s’appuyant sur l’exemple de l’Île-de-France qui a fait pareil pour les Jeux Olympiques.

Parmi les autres réserves de l’enquête publique :

  • Une collecte des déchets impossible près d’une station Boulevard Jean Royer ? Tours Métropole assure que chaque foyer bénéficiera bien d’un ramassage
  • Des expropriations inutiles de garages à La Riche ? Des études sont en cours pour en éviter une partie
  • L’avenir des arbres Boulevard Jean Royer ? Des études complémentaires seront menées mais les experts affirment qu’il y a vraiment peu de chances de les sauver. La commission d’enquête évoquait pourtant un scénario permettant d’en maintenir une partie, ce qui a été fait à Orléans avec des spécimens à moins d’1m50 des rails
  • Faire un tronçon en voie unique du CHU Trousseau à la Papoterie au sud de Chambray ? La commission d’enquête estime que ça permettrait de faire des économies. Les élus vont faire une étude mais ils estiment que ce ne sera pas une grosse réduction sur cette portion à 35 millions d’€. Face au risque de bouchons, les véhicules de secours pourront emprunter les voies du tram qui resteront en bitume et pas en herbe

A l’heure d’écrire ces lignes, il reste encore plus de 6 mois avant le début des travaux. Les porteurs du projet comptent profiter de la période pour continuer d’expliquer et de rassurer les esprits chagrins. Par exemple pour les riverains de Jean Royer, largement contre le tram, démontrer que la prise en compte des nuisances sonores sera maximale. Et qu’il y a une réflexion engagée sur la circulation (par exemple l’entrée des casernes militaires doit être modifiée).

Cependant, les élus l’assurent : si la préfecture valide la déclaration d’utilité publique au printemps 2025, « c’est la démocratie ». En clair : « l’intérêt général » primera sur les intérêts particuliers. Les objectifs de réduction du trafic automobile, de diminution de la pollution et de favorisation des transports en commun supplanteront les nuisances subies par certains riverains. Et même si des recours en justice sont probables, « on va bétonner le dossier avec la préfecture » prévient Emmanuel Denis. Les procédures ne suspendront donc pas les travaux.

Olivier Collet

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