« L’été, on ne les voit pas trop. Ils sont sur les bords de Loire. Mais l’hiver, c’est plus compliqué » confie une responsable associative qui connait bien le terrain tourangeau. Elle parle des SDF, nombreux à Tours. Celles et ceux qui ne parviennent pas à obtenir de places en hébergement d’urgence, de plus en plus malgré des moyens qui augmentent selon les chiffres de la préfecture.
Combien de personnes n’osent plus tenter leur chance pour un lit au chaud ? Combien n’appellent plus le 115 car sans espoir d’obtenir une place ? Sans doute plusieurs dizaines. Pour en avoir le cœur net, la ville de Tours organise la 3e édition de la Nuit de la Solidarité ce jeudi 17 octobre.
Lors de la dernière édition, l’événement avait rassemblé plus de 250 personnes dont 50 agents de la municipalité, 16 agents du Centre Communal d’Action Sociale, des bénévoles et salariés d’associations, des étudiants, des élus ou encore des agents de l’Etat. Il devrait y en avoir au moins autant pour cette édition 2024, l’objectif étant de quadriller toutes les rues de la commune pour y repérer les personnes qui dorment dehors.
Par exemple, pour la première fois, une équipe sera postée dans les bus de nuit de Fil Bleu de 0h30 à 4h30 à Tours-Centre, Tours-Sud et Tours-Nord. L’opération est également menée en partenariat avec les villes de La Riche et St-Pierre-des-Corps, limitrophes de Tours.
Organisé au niveau national, l’événement vise surtout à comptabiliser le nombre de personnes sans abri et à les informer des dispositifs dont elles peuvent bénéficier. En particulier celles jusqu’ici inconnues des institutions.
« C’est un outil qui a pour objectif d’appréhender au mieux les besoins des personnes à la rue afin d’améliorer les réponses qui leur sont apportées. Il ne s’agit donc pas d’apporter des solutions le soir même de l’opération, pour autant, les situations d’urgence observées pourront être signalées aux professionnels et services sociaux » précise la mairie.
Cette Nuit de la Solidarité se déroule dans un contexte particulier, à moins de deux semaines de la trêve hivernale qui entraînera un renforcement du dispositif départemental d’hébergement d’urgence (plusieurs centaines de places disponibles chaque soir). L’hiver 2023 avait débouché sur un conflit entre la ville de Tours et l’Etat, la mairie réclamant à la préfecture le paiement de la facture pour l’ouverture d’un gymnase destiné à héberger des sans-abris rejetés des dispositifs sociaux.
Il y a quelques semaines, c’est le collectif Pas d’Enfant à la Rue qui a alerté sur la situation de plusieurs familles étrangères sans solution, allant jusqu’à occuper les locaux de Tours Métropole pour attirer l’attention médiatique et obtenir – finalement – une aide des pouvoirs publics. Enfin, jusqu’à début novembre, une collecte de sacs de couchage et de tentes est en cours pour venir en aide aux personnes qui ne trouvent pas de place en hébergement d’urgence.
Il est possible de déposer les dons à la mairie de Tours, dans des commerces partenaires (Sésame à Mame, La P’tite Maiz’ Le Bar) ou dans les association Croix Rouge et Emergence.