A Tours, le message de 4 lycéennes mobilisées pour le climat

Elles appellent la jeunesse à une grande marche le 15 mars.

Leurs mots sont directs, percutants :

« Je faisais l’aveugle devant la crise environnementale mais, depuis un an, je me suis bien rendue compte que quelque chose n’allait pas »

« Je suis déterminée à changer mon mode de vie : prendre mon vélo, faire moi-même mes produits cosmétiques, arrêter l’huile de palme »

« Les gourdes au lieu des bouteilles d’eau, les sacs en coton réutilisables à la place des sacs plastique… Si on est nombreux à s’y mettre les commerçants finiront par se rendre compte qu’on n’en veut plus »

« Dans un an et demi nous aurons le droit de vote, nous devons montrer que la jeunesse s’intéresse à l’écologie pour que les candidats aux élections en parlent »

Elles s’appellent Louise, Noémie, Jade et Sue-Shana, elles ont entre 16 et 17 ans et sont en classe de 1ère (Noémie à Grandmont, les trois autres à Notre-Dame-La-Riche). Avec une vingtaine de jeunes de différents lycées de Tours, d’Indre-et-Loire et de Vendôme, elles sont en pleine organisation de la grande marche lycéenne pour le climat du vendredi 15 mars. « On espère entre 500 et 1 000 personnes » nous disent-elles, alors qu’elles ont déjà 1 250 followers sur le compte Instagram @pasdeprintempssilencieux.

Ne pas aller en cours le temps d’une matinée pour porter un message écologiste : ce mouvement s’inspire de la grève scolaire de la Suédoise Greta Thunberg. « Pourquoi devrais-je étudier pour un avenir qui pourrait bientôt ne plus exister, alors que personne ne fait rien pour sauver cet avenir ? » se demande la jeune femme de 15 ans qui s’est exprimée à la COP24 en Pologne ou au Forum Economique de Davos.

Bruxelles, Paris, bientôt Tours… Grâce à des punchlines efficaces, son appel à faire pression sur les politiques ne cesse de prendre de l’ampleur afin d’obtenir la déclaration d’un état d’urgence climatique. En France le 15 mars, les manifestations seront nationales : « on veut montrer qu’on est là, qu’on veut quelque chose. Ensuite on espère pouvoir rencontrer des élus pour leur soumettre nos propositions » tonne la Tourangelle Louise, ambassadrice locale de Citizens for Climate (une plateforme regroupant des actions en faveur de l’environnement).

Mais pourquoi les bus à l’arrêt gardent leur moteur allumé ?

Avec ses camarades, Louise a une mission : informer, diffuser l’appel à la mobilisation. « Les dernières marches pour le climat je n’ai pas pu y aller, j’ai appris qu’elles avaient lieu le jour même, une fois que c’était terminé » déplore par exemple Noémie. Si les établissements ne les laissent pas forcément poser des affiches, il reste la communication par les réseaux ou les discussions entre potes : « il y en a qui n’en ont rien à faire, le climat leur passe au-dessus, et d’autres qui sont à fond là-dedans. On reçoit de plus en plus de messages. Par exemple on nous interpelle pour les bus à l’arrêt qui restent moteur allumé devant le lycée, on a aussi des gens interpellés quand ils apprennent que de nombreuses tortues mangent du plastique. Il faut qu’on montre tout ça, qu’on mobilise nos parents aussi. »

Pour ces 4 ados, le déclic environnemental n’est pas toujours le même : un séjour humanitaire dans la ville de Grande-Synthe et les ravages d’une canicule australienne sur la biodiversité pour Louise ; le visionnage du film Demain pour Noémie… « Moi je me suis dit qu’il était urgent d’agir quand j’ai vu qu’il avait fait aussi chaud au mois de février cette année » ajoute Jade.

Une pétition pour améliorer les menus à la cantine

Et toutes ont déjà leurs petits trucs au quotidien pour diminuer leur impact sur la planète : elles évitent les fast food même avec les copains, font attention à leur consommation électrique, réfléchissent à se fournir dans une épicerie en vrac, scrutent la composition des produits transformés, achètent leurs fringues en friperie… « Le consommateur a un impact, et s’ils changent leur manière de consommer les entreprises modifieront leurs modes de production » estiment Louise et Noémie.

Pour du changement, les jeunes tourangelles ont des propositions : « on va faire une pétition pour améliorer la cantine. Il y a trop d’emballages plastique et puis des tomates en hiver alors que ce n’est pas la saison. On voudrait donc des aliments locaux, si possible bio, pas trois viandes tous les jours… Et puis est-ce qu’on a besoin de gâteaux sous emballage plastique ? »

« On remet en cause l’éducation de nos parents »

Sue-Shana propose elle « une édition spéciale climat chaque jour à la télé » ou d’intervenir auprès des enfants : « il n’y a pas de cours d’écologie pour nous sensibiliser à notre monde, c’est dommage. Par exemple ma sœur de 15 ans confond bio et vegan. » « On pourrait par exemple nous donner des notions de permaculture » renchérit Noémie lassée de voir qu’à la télé « on peut parler super longtemps des Gilets Jaunes mais pas autant d’écologie. »

« Il faut du courage et de la conviction » lance Sue-Shana: « on remet en cause l’éducation de nos parents. C’est presque à nous de leur apprendre certaines choses. » Il faut montrer aux gens que l’on peut changer, mettre les sciences à contribution pour accompagner la nature et trouver des solutions durables » abonde Noémie. » Les idées s’enchaînent de manière fluide, automatique : « on pourrait en parler des heures » confirment les lycéennes qui ne comptent pas s’arrêter au 15 mars, elles seront d’ailleurs de nouveau dans la rue dès le lendemain pour une autre marche environnementale à l’appel d’associations et militants politiques et envisagent de monter rapidement d’autres actions comme des ramassages de déchets.

Olivier Collet

Manifestation lycéenne pour le climat au départ de la Place Jean Jaurès de Tours vendredi 15 mars à 9h30.

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