« J’peux pas ce soir, j’ai AG contre la loi Travail »

Les étudiants tourangeaux restent très mobilisés contre la réforme envisagée par le gouvernement. Nous avons assisté à l’assemblée générale de lundi.

Ce lundi midi, les étudiants tourangeaux ont une nouvelle fois bloqué le tram Place Anatole France où ils ont aussi mangé de la soupe. A quelques dizaines de mètres de là, devant l’entrée des Tanneurs, des fils sont tendus et des cartons compilent des slogans hostiles à la loi Travail du gouvernement Valls. Quand 17h sonne, 250 jeunes se rassemblent dans l’amphi 5 pour faire le point sur leur mobilisation, un mouvement qui dure et qu’ils sont prêts à maintenir plusieurs semaines s’il le faut.

L’enjeu de la soirée est simple : organiser une série d’actions contre la réforme du gouvernement, au moment-même où celui-ci annonce des corrections dans le texte (disparition du plafonnement des indemnités aux prud’hommes en cas de licenciement abusif, extension de la garantie jeunes, recul sur la durée maximale du travail…). Ces aménagements, le groupe n’en a pas grand-chose à faire : vers 18h30, il a voté à l’écrasante majorité pour un retrait total du texte et poursuivra donc la mobilisation dans ce sens. La question, c’est comment ?

Du maquillage de clown contre els bombes lacrymogènes

Pour beaucoup, c’est le premier grand mouvement. Alors il faut les briefer : comment on organise une AG pour que ce ne soit pas un grand bazar, que faut-il emporter avec soi en manif’ (trousse de premiers secours…) voire comment réagir en cas de dérapage ou d’interpellation par la police (on apprend alors que le maquillage de clown est assez efficace pour limiter l’effet des bombes lacrymogènes).

Les porte-paroles du mouvement prennent la parole les uns après les autres. Organisés en commission (communication, désobéissance civile, organisation des assemblées générales…), ils font le point sur leurs activités mais toutes les grandes décisions seront votées en commun. Ce qui est acté : des tractages dès ce mardi matin, quelques rassemblements devant les Facs ou le lycée Grandmont, une nouvelle réunion collégiale à 17h, et pourquoi pas des actions coup de poing ou des occupations festives dans la ville.

Mais surtout, le grand enjeu, c’est la manifestation qui partira de la Place Anatole France jeudi à 10h, et qui aura lieu dans le cadre d’un appel national des organisation étudiantes. « Notre force, c’est le nombre » explique un jeune homme à la tribune. 2 000 tracts ont été distribués ce 14 mars, de nombreux autres sont prêts à être imprimés, un nouveau texte sera préparé pour jeudi pour s’adapter aux modifications de la loi. « Nous avons envoyé un mail à tous les enseignants pour demander leur soutien et nous avons reçu celui de la section sociologie » nous dit-on. Des syndicats comme Sud Education, Solidaires et la CGT sont aussi dans la boucle tout comme des membres de Lutte Ouvrière.

« On peut être juste la petite étincelle… »

Un point bloque : les relations avec la présidence de l’université. Selon les étudiants, elle n’a pas respecté le deal décidé en fin de semaine dernière en refusant de banaliser les absences pour toute la journée de jeudi (c’est-à-dire de ne pas noter les élèves qui ne viennent pas en cours). « Elle ne nous laisse qu’un créneau de 2h, de 10h à midi, le temps de la manifestation. » L’assistance rigole, tous savent bien que ça durera sûrement beaucoup plus longtemps. Ils ne sont pas là pour faire de la figuration et rentrer sagement dans le rang après. Une réunion de négociations avec Loïc Vaillant et la direction de l’UFR est prévue ce mardi à 9h30. Pour ne pas envenimer les choses, les jeunes n’organiseront pas de blocus mais se réservent le droit de changer d’avis s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent. La banalisation des cours jeudi, donc (et dans toutes les Facs de Tours), mais aussi trois amphis pour gérer l’organisation du mouvement et le hall de Thélème pour créer un lieu de convivialité.

Cette soirée, c’était aussi l’occasion pour certains de dire ce qu’ils avaient sur le cœur depuis le début du débat sur la loi Travail. « Je suis favorable à une hausse du SMIC et des salaires, à une durée légale du travail à 32h par semaine, c’est possible » débute une jeune fille avant de poursuivre : « si on négocie avec le gouvernement, on risque de se faire entuber. » Une autre s’interroge : « mais en face, qu’est ce qu’on propose ? » Remarque judicieuse : dans la foulée, une commission a été créée pour débattre du texte en profondeur et imaginer d’autres alternatives, « car il faut réformer de toute façon. » « On peut être juste la petite étincelle » lâchera une jeune femme en recherche d’emploi, tiraillée entre la colère, la désillusion et l’espoir. Le portrait robot d’une certaine jeunesse qui se sent malmenée.

Olivier COLLET

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