Analyse de la politique municipale sur les quartiers Nord de la ville.
La semaine dernière, nous avons consacré une longue enquête au quartier du Beffroi de Tours Nord pour en décrire l’ambiance, les problèmes, les réussites. Pour compléter certains témoignages, nous avons sollicité la conseillère municipale en charge du CCAS, Marion Nicolay-Cabanne, et la conseillère municipale qui s’occupe de la politique des quartiers, Chérifa Zazoua. Et Marion Nicolay-Cabanne le reconnait d’emblée : le Centre Communal d’Action Sociale est « peu présent » dans cette partie de la ville, « c’est un fait, il ne s’est jamais engagé. Le relais ne s’est pas fait quand Tours Nord a été intégré au reste de la commune. »
Actuellement, les seuls équipements gérés par ses équipes c’est une maison de retraite et un foyer d’autonomie. Mais elle le promet : ça va changer. « Nous nous sommes mis d’accord avec la SEM Maryse Bastier qui rénove actuellement la grange du Colombier (avec des artisans d’art) : le CCAS en aura la gestion afin d’y proposer des activités. » L’ouverture est prévue début 2017 dans la rue du même nom.
Si une bonne partie des animations seront dédiées aux personnes âgées, des créneaux seront également réservés aux éducateurs de rue, aux associations de quartier ou aux assistantes maternelles. En parallèle, et comme il y est obligé, le CCAS est en train de réaliser « un diagnostic des besoins sociaux » sur Tours, « un gros travail de collecte de données que nous avons confié à un apprenti » explique Marion Nicolay-Cabanne.
Parmi les soucis identifiés : le grand écart des classes d’âge, entre des personnes âgées et des jeunes dont le mode de vie et les besoins sont radicalement différents. « Mais sur le quartier Beffroi-Europe, la fracture n’est pas aussi importante qu’aux Rives du Cher » pointe la responsable du CCAS qui reconnait un manque de présence des institutions à Tourd Nord et voudrait appliquer dans ce secteur ce qui marche plutôt bien au Sanitas : « il est en zone prioritaire et dégradé donc c’est le quartier dont on s’occupe le plus, on le chouchoute. Le maillage associatif et institutionnel y est important et on en voit les effets. Il faut que l’on fasse la même chose ailleurs. Cela ne nécessite pas de gros investissements financiers, mais de l’investissement de la part des personnes. Il faut que cela vienne du quartier, pour que les gens aient confiance en ce qui se fait. »
« Les policiers contrôlent toujours les mêmes jeunes »
Equipement très attendu au Sanitas, la Maison de la Réussite doit ouvrir ses portes dans quelques semaines seulement dans les locaux de l’ancien collège Pasteur. Un projet sur lequel la ville compte beaucoup pour venir en aide aux jeunes qui ont des projets professionnels et qui sont un peu perdus pour les mener à bien. Et même si elle sera implantée à Tours Centre, cette Maison aura vocation à accueillir tous les Tourangeaux, « il faut passer la frontière » implore Chérifa Zazoua, qui suit ce dossier de près et habite elle-même au Beffroi depuis 20 ans. Elle reconnait néanmoins que la proximité est essentielle pour réussir à attirer tout le monde : « nous prévoyons donc des antennes de la Maison de la Réussite dans tous les quartiers et une deuxième Maison de la Réussite à Tours Nord avant la fin du mandat » nous apprend-elle. Elle l’aurait bien vue dans la mairie annexe de la Tranchée, mais cela semble compromis. Il va donc falloir trouver un autre local.
Sur l’atmosphère du Beffroi, celle qui explique ne jamais perdre une occasion d’échanger avec les jeunes regrette que l’image du quartier ait été récemment abîmée « par 7 articles », consécutifs à une intervention policière filmée par des riverains qui a fait beaucoup de bruit début décembre (et qui fait d’ailleurs encore réagir). « Du trafic de drogue, il y en a dans tous les quartiers. Mais le Beffroi c’est le paradis par rapport à d’autres. »
Chérifa Zazoua concède toutefois que certains jeunes ont divagué ces derniers temps, « mais il ne se passe pas des choses tous les jours… » Peut-on trouver une partie de l’explication de ces comportements dans le fait qu’il y a un manque d’activités dans le quartier à partir d’un certain âge ? « Oui, Tours Nord a toujours manqué d’associations… » Mais selon elle, le comportement de la police nationale est aussi source de tensions : « ils contrôlent toujours l’identité des mêmes jeunes. Pourtant ils les connaissent. Ils savent qui ils sont. » Elle a donc demandé un rendez-vous avec les forces de l’ordre pour obtenir des explications sur leurs méthodes.
Olivier COLLET
