« L’Astrologue » par Denis Rousseau : l’imposteur sympathique

Avec son premier roman, le journaliste tourangeau divertit avec une simplicité implacable.

On se laisse prendre au jeu avec L’Astrologue de Denis Rousseau comme on se laisse gentiment berner par la page « horoscope » de n’importe quel canard qui nous tombe sous la main. Et ce roman se lit d’ailleurs presque aussi vite que ces fameuses prédictions. Un moment de récréation. Ce journaliste originaire du Berry et entré à l’AFP en 1981 signe ici son premier roman après avoir co-écrit un livre sur Cuba. Il narre la nouvelle vie d’un grand reporter placardisé à la rubrique astrologie de son journal après un long arrêt maladie. Ce qui avait pour but de ruiner sa vie l’a pourtant aidé à se reconstruire.

Dans son roman, Denis Rousseau nous raconte l’histoire d’un homme filou pourtant honnête. On le devine habile mais pas forcément beau et avec sa tendance à toujours boire un verre de trop, il aurait bien besoin d’un coup de pouce pour réussir ses relations sociales, même si celles qu’il entretient avec sa voisine ne sont pas des plus déplaisantes. Alors le voilà qui s’arrange avec les astres et en profite pour se moquer allègrement de sa nouvelle patronne, la garce par excellence. Ce nouveau pouvoir le fait jouir intérieurement.

Mais ce journaliste qui signe tous ses écrits d’un nom d’emprunt farfelu (et féminin de surcroît) finit aussi par se rendre compte que le mensonge n’est pas vraiment une bonne solution pour vivre confortablement. Qu’arrive toujours la faille dans le plan, la couille dans le pâté. Le voilà obligé de composer quitte à se mettre en danger ou à en souffrir. Voilà donc ce que peint Denis Rousseau, le portrait d’un homme drôle mais hésitant, séducteur mais maladroit, opportuniste mais pas nécessairement gougeât. Bref, cet astrologue de pacotille néanmoins doté d’un grand talent d’écrivain est sans doute l’homme imparfait qui peut faire chavirer plus d’un cœur en enfonçant des portes ouvertes.

Avec une écriture simple et dynamique et son vocabulaire universel loin de la lourdeur d’une dépêche, Denis Rousseau nous offre donc 160 pages singulières pleines d’anecdotes plus ou moins fantaisistes sur le monde des médias et les relations sociales en général. Comme dans un horoscope, on ne sait pas trop à quel(s) moment(s) précis il se moque vraiment de nous mais on se laisse embarquer et on a au moins envie d’y croire. Parce que ça se termine bien.

Olivier COLLET

L’Astrologue de Denis Rousseau est publié chez Marivole.

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