Installé dans la pépinière d’entreprise du Sanitas à Tours, ce créateur d’un site de ecommerce fait partie des artisans de la French Tech Loire Valley. Rencontre.
Vendredi 12 juin, la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire a eu droit à une grande démonstration pour découvrir le projet de French Tech Loire Valley, union de Tours et Orléans qui souhaitent obtenir un label pour développer leur économie numérique (explications et reportage par ici). Pour séduire le gouvernement, il fallait notamment que le dossier prouve que le secteur fonctionne déjà à plein régime dans le Val de Loire et qu’il permet à des entrepreneurs de s’y épanouir. Prenons un exemple parmi d’autres : Guillaume Tessier.
Présent vendredi lors du déplacement d’Axelle Lemaire, cet ancien Parisien qui a notamment travaillé pour Publicis où il réfléchissait au développement de la presse (comme les magazines gratuits) a totalement changé de secteur à 46 ans, et après 16 ans de vie en Touraine. Le voici désormais patron d’un site de commerce en ligne : objetdomotique.com. Et ne vous fiez pas aux apparences, malgré ce mot aux airs savants, domotique, il se cache tout plein d’objets rigolos-utiles que l’on dit « connectés », ces gadgets qui vont, selon Guillaume Tessier, changer notre vie. Rien de moins.
De la tondeuse connectée à l’ampoule musicale
Ca fait 6 mois que l’aventure a commencé. Installée dans la pépinière d’entreprise du Sanitas avec, pour l’instant, une équipe de 5 personnes, Objetdomotique est en plein développement. Déjà totalement opérationnel, son site Internet propose 300 références de produits. On y trouve aussi bien des montres connectées que des balances, des ampoules multicolores faisant également de la musique, des brosses à dents intelligentes, des bougies bluetooh… « La gamme de prix varie de 5-6€ à 2 000€ » explique Guillaume Tessier qui, face au sceptiscime qu’inspire souvent son entreprise, jure que les objets connectés, on s’en passe en effet très bien; jusqu’au jour où on les teste et là, « au bout d’un mois, on ne peut plus s’en passer ». D’ailleurs, il reconnait être accroc et avoir contaminé la famille.
Le déclic lui est venu lorsqu’il a analysé le marché du téléphone portable. Alors que leur taille s’est longtemps rétrécie, elle a subitement de nouveau augmenté. Aujourd’hui, Apple, Samsung ou Nokia font des smartphones aux écrans extra-larges : « quand j’ai vu que plusieurs marques suivaient ce modèle, j’ai compris que bientôt, toute notre vie allait tourner autour de notre téléphone » se souvient Guillaume Tessier qui a alors voulu devenir un acteur à part entière de ce qui n’est rien de moins qu’une révolution de notre mode de vie. Il explique par exemple ce qu’il s’est passé pour la domotique, c’est-à-dire ce qui permet de piloter à distance des équipements de la maison : « il y a 20 ans c’était très compliqué parce qu’il fallait être propriétaire, et faire passer des fils partout. Maintenant tout se fait par le téléphone ». Bref, le marché est devenu accessible à tous : et voici les prises électriques connectées, les tondeuses ou les aspirateurs.
Une boîte qui recrute : 10 postes à pourvoir
En pleine levée de fonds, Objetdomotique et ses 18 actionnaires cherchent à obtenir 500 000€ pour réaliser un lancement en bonne et dûe forme. Et notamment recruter une dizaine de salariés d’ici début 2016 : des développeurs ou des personnes chargées d’assurer le service après vente. L’objectif est aussi de quitter les locaux exigus du Sanitas pour voir plus grand, par exemple au futur siège de la French Tech Loire Valley à Mame. Le site compte par ailleurs un entrepôt sur la plateforme Géodis de Parçay-Meslay, là où sont entreposés ses stocks avant l’expédition : « mon premier critère pour référencer un produit c’est sa qualité, notamment le Made in France » annonce Guillaume Tessier qui a par exemple refusé de travailler avec une célèbre marque de caméras à cause de ces conditions trop strictes.
Il veut aussi investir le marché de l’aide à domicile, persuadé que les objets connectés peuvent aider les personnes âgées à rester plus longtemps chez elles grâce à ces nouvelles technologies. Pour ça, il axe son marketing sur la simplicité d’utilisation, l’échange et les passerelles entre générations, notamment via une web tv. Résultat : même si 80% de ses visiteurs ont moins de 25 ans, il commence à se développer une clientèle de quadras, qui achètent pour eux ou leurs parents. Parce que même si ça fait sourire tout le monde l’aspirateur qui se balade tout seul, lui veut le rendre indispensable. La secrétaire d’Etat Axelle Lemaire est repartie avec sa carte dans la poche. C’est peut-être un signe…
Olivier COLLET / Photos : Thierry BRANGER