La Tourangelle de Marrakech

Rencontre avec Maryvonne Grunberg, ancienne prof qui tient aujourd’hui une maison d’hôtes en plein centre de la Médina. En 2008, elle a reçu un prix des Français de l’étranger remis par le Sénat.

D’après Maryvonne Grunberg, Marrakech compterait aujourd’hui une trentaine d’habitants d’origine tourangelle, un peu moins qu’à une époque. Pour sa part, cette retraitée de l’éducation y vit depuis 2002, à quelques centaines de mètres à peine de l’immense place Jemaa El Fna, le poumon de cette ville d’un million d’habitants, la 4ème du Maroc. Elle raconte : « en 1995, avec mon mari Alain, nous avons hérité de ce riad, une grande maison de ville construite en 1860. Mais c’était une surprise totale car nous ne connaissions pas cette partie de la famille venue s’installer ici après la seconde guerre mondiale. »

Aujourd’hui rénové, le Riad Mounia accueille des touristes de passage et pas mal de Tourangeaux. Le soir de notre venue, la maison – pleine – devait déguster un tajine de lotte sur la petite terrasse avec vue sur le jardin et sa superbe fontaine fleurie. Juste derrière, un très élégant salon avec son plafond en bois de cèdre et sa cheminée entièrement reconstituée par les nouveaux propriétaires qui ont dû faire beaucoup de travaux avant de prendre possession de ce lieu, niché au creux d’une impasse et impossible à trouver sans connaître.  Une construction commandée par un grand vizir et qui a pour partie servi de modèle pour le Palais Bahia, l’immense palais de Marrakech situé à deux pas et qui est en enchevêtrement de 63 riads (une visite à faire absolument si vous passez par là…).

Maryvonne Grunberg avait enseigné avec Jean Germain

Pour partir vivre à Marrakech, Maryvonne Grunberg a dû démissionner de son poste de prof. Alors loin de l’âge de la retraite, elle n’est pas du tout restée inactive et a commencé à oeuvrer pour un rapprochement entre sa ville d’origine et sa nouvelle demeure. Proche de Jean Germain avec qui elle avait enseigné, elle a par exemple aidé à la mise en place d’une collaboration avec les jardiniers de la ville de Tours sur les années 2005 et 2006, lorsque Marrakech voulait revoir ses parcs publics. Il y a eu aussi le transfert du vieux matériel de l’hôpital Bretonneau, réutilisé pour le Maroc alors qu’auparavant, les malades dormaient par terre et qu’il n’y avait pas forcément d’électricité.

A LIRE AUSSI :le point sur les relations Tours-Marrakech et Le Val de Loire vu du Maroc

En fait, Tours et Marrakech avaient conclu un accord de coopération avec un thème chaque année. Par exemple, les deux villes ont tenté de travailler ensemble pour que Marrakech ait enfin son site Internet, mais cela n’a pas marché en partie parce que les Marocains n’ont pas l’habitude de fonctionner par écrit. Tout s’y fait de manière orale, donc notamment avec le téléphone pour l’administration. La culture a également été un axe fort avec le projet d’un centre culturel Europe-Méditerranée un temps installé dans le Théâtre Royal avant son départ. Des échanges ont de plus eu lieu avec une quinzaine de peintres. Sans oublier les projets humanitaires comme les Carrés de la Dignité pour promouvoir le bio et l’irrigation au goutte à goutte dans les montagnes de l’Atlas à 60km de Marrakech. Un travail débuté en 2005.

Pas de nouvelles officielles depuis un an

Tacitement reconduits jusqu’en 2014 et le départ de Jean Germain de la mairie de Tours, ces accords de coopération ont donc permis l’élaboration de plusieurs projets que Maryvonne Grunberg gérait directement depuis son riad, où elle garde toutes les archives, « j’écrivais un bulletin mensuel pour faire le point sur les dossiers ». Pendant un temps, Jean Germain venait chaque été « juste après la foire à l’ail et au basilic. Mais il n’a jamais voulu que cela se sache… Il restait très discret, de peur de ce que l’on pourrait en dire. » Avec l’élection de Serge Babary en 2014, les contacts se sont nettement ralentis : « je suis venue à Tours rencontrer Françoise Amiot, adjointe aux finances, et le directeur de cabinet du maire Grégory Lahoute-Bessière en juin 2014. Ils voulaient faire le bilan. Depuis, les échanges scolaires se sont poursuivis grâce au dynamisme des enseignants mais le reste s’est arrêté. »

Débutés en 2006 avec des lycéens d’Amboise ayant créé un club Maroc et venus sur place pour installer des serres, ces échanges scolaires Touraine-Maroc se poursuivent aujourd’hui en particulier avec le lycée Vaucanson et un de ses profs de physique – Emmanuel Thibault – qui fait venir ses élèves pour développer des fours solaires dans les villages de l’Atlas. La mairie les a soutenus, et accueillis au mois d’avril lorsqu’un groupe de Marocains est venu en Touraine… mais sans plus. Maryvonne Grunberg espère bien que ce n’est qu’une pause et se dit prête à travailler avec la nouvelle municipalité. Elle attend juste le feu vert.

Olivier COLLET

Pour en savoir encore plus, la suite de cet article est ici :Tours-Marrakech, des liens à graver dans le marbre

À lire sur Info Tours

Suivez l'actualité en temps réel

La météo présentée par

TOURS Météo

Recherche

StorieTouraine - L'actu en résumé

Inscription à la newsletter

Agenda