MoryGlobal : licenciés dans l’indifférence générale ?

Les 37 salariés de l’agence de La Riche vont bientôt perdre leurs emplois. Comme plus de 2000 autres salariés du transporteur en France. Dégoûtés, ils ont l’impression d’être oubliés…

« C’est immonde », « une magouille », « du grand n’importe quoi », « une catastrophe »… Lydie a un large catalogue de mots pour définir son état. On est lundi, et elle est à son poste aux relations clients de l’agence MoryGlobal de La Riche. Sauf qu’elle s’ennuie. Le transporteur n’a plus de commandes. Ce mardi après-midi, le tribunal de Bobigny a confirmé la liquidation judiciaire de l’entreprise. Dans un mois, tout sera fini pour les 2150 salariés (un peu plus de 300 en région Centre-Val de Loire).

MoryGlobal, vous vous en souvenez peut-être, c’est le nom qu’a pris le transporteur Mory-Ducros il y a tout juste un an, après son rachat par Arcole Industries. A ce moment là, la moitié des 5 000 salariés du groupe avait quitté le navire. Un énorme plan social avec notamment la disparition d’un site à St-Pierre-des-Corps. Mais là, ça recommence. Et cette fois ça sent le sapin : « je ne comprends pas comment une société de 200 ans en est arrivée là » s’agace Lydie. « Tout a été mis par terre en 4 ans après le rachat de 2011. Pendant un an on a voulu y croire mais on s’est fait berner. ». Ce qu’elle veut dire, c’est qu’elle soupçonne Arcole Industries d’avoir racheté Mory en sachant que ce n’était pas possible de garantir sa pérennité. Mais que supprimer 5 000 emplois d’un coup c’était médiatiquement trop violent. Que le faire en deux fois ça passerait mieux.

Silence frustrant des médias nationaux

S’habitue-t-on aux plans sociaux à répétition en France ? Peut-être. A MoryGlobal, Lydie le croit : « les médias nationaux ne s’intéressent pas à nous. La semaine dernière, nos syndicats sont allés manifester devant le siège de TF1, aucun journaliste n’est descendu. » L’attentat de Tunis et le crash de l’A320 dans les Alpes ont retenu toute l’émotion ces deux dernières semaines. La crise n’a plus sa place dans le JT, seulement dans les médias locaux.

Alors prenons un peu de temps pour entendre cette femme aux 36 ans de carrière qui parle au nom de ses 36 collègues : « depuis plusieurs jours on ne travaille plus. A la relation clients, j’ai encore quelques appels parce que certains d’entre eux ont des colis bloqués dans des agences en grève, mais le reste du temps nous faisons acte de présence. Les chauffeurs jouent aux cartes ou discutent. C’est la mort de notre emploi ».

Après Mory, le chômage ?

Ce qui inquiète aussi Lydie, c’est l’avenir : « les chauffeurs retrouveront peut-être du travail chez les concurrents qui pourraient avoir besoin de main d’oeuvre vu qu’ils vont récupérer nos clients ». Mais elle, en administration, elle n’y croit pas trop. Lance tout de même un appel : « j’ai 36 ans de métier, je sais faire beaucoup de choses dans le transport. J’ai encore envie de travailler ! Ne serait-ce que pour me dire que je ne suis pas jetée comme une vieille chaussette… »

A l’issue d’une rencontre au ministère du travail la semaine dernière, MoryGlobal a obtenu un geste du gouvernement, un petit lot de consolation : un accompagnement professionnel d’un an dans la recherche d’emploi. Lydie affirme qu’elle en aura bien besoin : « je suis entre guillemets arrivée dans le transport par hasard. Je n’ai jamais fait de CV ni passé d’entretien d’embauche. Demain, lâchée sur le marché du travail, je ne sais pas me vendre. » Ce qui ne l’empêche pas d’en vouloir et de continuer à exercer ses quelques tâches quotidiennes en attendant l’échéance tant redoutée. Dans un mois au plus tard, selon elle.

Olivier COLLET

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