La Poste fait partie des entreprises iconiques en France. Un peu comme la SNCF ou EDF. On passe énormément de temps à la critiquer mais on en a besoin pour des services essentiels. Ainsi, la moindre rumeur de fermeture de bureau, ou de réduction d’horaires, déclenche des mobilisations. On l’a vu par exemple aux Fontaines à Tours : fin 2022, la ville et La Poste ont dû communiquer pour confirmer l’implantation du bureau local… dont la disparition n’avait pourtant jamais été évoquée officiellement. Le site avait simplement adapté son ouverture lors d’une période au fort absentéisme.
En ce début d’année 2023 c’est un autre sujet qui anime les discussions : La Poste annonce l’expérimentation d’une réorganisation de ses tournées. Dès le mois de mars, 68 communes y participeront dont 2 en Indre-et-Loire : Joué-lès-Tours en zone urbaine et Saint-Paterne-Racan en milieu rural.
L’idée c’est que les facteurs ne passent plus forcément tous les jours quand il n’y a pas de courrier urgent à distribuer. Actuellement, un salarié ou une salariée de La Poste doit passer devant chaque boîte aux lettres de France six jours sur sept, du lundi au samedi. Même quand il n’y a pas de courrier. Tout le monde à un secteur prédéfini et le respecte. Mais le nombre de plis à distribuer diminuer (7 milliards en 2022 contre 18 milliards en 2008). L’entreprise se demande donc si c’est bien utile de maintenir des tournées fixes avec une partie faite à vide.
Face aux inquiétudes, la société se veut rassurante : elle promet de maintenir un passage quotidien dans chaque quartier mais surtout que les colis, la presse, les recommandés et les courriers urgents continueront d’être livrés tous les jours. On devrait donc, par exemple, recevoir son magazine le jour de sa sortie le mercredi, ou une lettre prioritaire 24h après son envoi. Mais pour une carte de vœux ou une facture, il faudra peut-être patienter 24h de plus. La Poste affirme que cela répond aux nouveaux usages (quel pourcentage de la population ouvre sa boîte aux lettres tous les jours pour en vérifier le contenu ?).
Cette expérimentation prévue à Joué-lès-Tours et Saint-Paterne-Racan se déploiera également à Amiens, Lyon ou Sceaux en région parisienne. Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois que La Poste décidera des conclusions à en tirer (avec une éventuelle expansion). Mais chez les syndicats des voix s’élèvent déjà pour critiquer ce système qui pourrait aboutir à de nombreuses suppressions de postes (entre 20 et 30 000 dans tout le pays) et qui répondrait plus à une logique commercial qu’à un plan de service public (selon Sud PTT).
Olivier Collet