Il existe depuis dix ans en France et se lance enfin en Touraine. Joignable sur Facebook, le réseau Elues Locales se décline dans le 37, à l’initiative de la conseillère municipal de Semblançay Peggy Plou, également vice-présidente de la communauté de communes Gâtine-Choisille-Pays de Racan. « Les réseaux d’hommes n’ont jamais dérangé personne alors je ne vois pas pourquoi ça interrogerait pour les femmes. On n’est pas là pour casser du bonhomme. L’idée c’est de faire des rassemblements de femmes, d’organiser des formations pour monter en compétences » explique celle qui espère réunir des élues de tous horizons politiques et être soutenue par l’Association des Maires d’Indre-et-Loire.
L’objectif final est de permettre aux femmes d’avoir plus de poids dans la vie politique locale encore très masculine. Malgré la parité obligatoire dans les conseils municipaux de communes de plus de 1 000 habitants, au Conseil Départemental ou au Conseil Régional, la grande majorité des maires sont des hommes et, rien qu’à Tours Métropole, on compte 75% de messieurs dans les postes les plus importants.
Faut-il imposer la parité dans les exécutifs locaux ?
« Les hommes affirment qu’il y a l’égalité mais ils se gardent les pouvoirs » analyse l’ancienne élue communiste Josette Blanchet. Illustration au cours des Sainte-Barbe, ces rassemblements festifs organisés dans les casernes de pompiers : « Lors des alignements d’autorités je suis souvent toute seule » relève la députée UDI du Lochois Sophie Métadier. Pas mieux au dernier Congrès des Maires de Touraine fin 2021 : « J’ai assisté à une conférence où 5 experts sont venus parler. Que des hommes » déplore Peggy Plou.
« La contrepartie de la loi sur la parité obligatoire c’est qu’elle a entraîné un sexisme ordinaire » analyse l’ancienne élue de Tours Françoise Amiot, ex-LR et aujourd’hui membre du mouvement Reconquête d’Eric Zemmour. « C’est un texte indispensable mais il faudrait réussir à en sortir » ajoute-t-elle. « Le simple fait d’avoir une loi qui oblige à la parité montre bien que quelque chose ne va pas de soi » souligne Elise Pereira-Nunes estimant également que « on peut critiquer son côté artificiel car mettre une femme par principe c’est stérile. »
La nécessité d’améliorer le statut des personnes élues
Faudrait-il alors imposer la parité dans les vice-présidences de communautés de communes ? L’idée fait son chemin… Mais attention aux répartitions des postes (c’est-à-dire que les femmes ne soient pas toujours cantonnées aux sujets sur la santé, l’éducation ou le social). Il faudrait aussi réformer le statut des personnes élues : « Cela reste une mission très chronophage. Ce n’est pas évident quand on a des enfants jeunes. Même si le papa est très présent l’effort humain est compliqué. Il faut que le couple soit solide » souligne la députée Sophie Métadier.
« En Allemagne, les élus quittent leur emploi et sont rémunérés à hauteur de ce qu’ils gagnaient. Ce n’est pas faisable en France mais on peut imaginer des aménagements » suggère Mélanie Fortier (PRG). Par exemple s’appuyer encore plus sur la visio, ce que faisait la Région avant même la pandémie de Covid ; que la collectivité (voire l’Etat ?) finance des heures de garde d’enfants (pour les mères comme pour les pères, naturellement) ; rendre accessibles les crèches municipales aux équipes élues le temps de leurs rendez-vous ou alors décaler les réunions du soir à la mi-journée.
Olivier Collet