Élargissement de l’A10 : le dossier comporte des lacunes

L’Autorité Environnementale vient de rendre un avis avec des réserves.

L’A10 est actuellement en travaux au sud de Tours pour créer une nouvelle portion à 2×3 voies entre Chambray-lès-Tours et Veigné. Mais désormais, l’objectif est d’enclencher un nouveau chantier pour élargir l’autoroute de Veigné à Ste-Maure-de-Touraine (23km) puis jusqu’à Poitiers (69km supplémentaires). 35 000 véhicules traversent cette zone chaque jour ce qui crée parfois des bouchons, notamment pour les départs en vacances.

Évalué à 244 millions d’euros, le vaste chantier d’élargissement est censé aboutir dès 2023 pour sa première phase et à l’horizon 2025 au plus tôt pour sa seconde phase, si cette dernière est validée. Les travaux seront intégralement financés par Vinci, l’entreprise privée ayant obtenu en échange une prolongation de sa concession pour exploiter l’autoroute. Elle en assurera ainsi la gestion jusqu’en 2034, au moins.

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Un tel projet d’élargissement d’autoroute, ça ne se fait pas en un claquement de doigts… Avant les premiers coups de pelleteuse, il faut monter de gros dossiers administratifs et faire des enquêtes auprès de la population ou sur l’environnement. Ainsi, l’Autorité Environnementale vient de rendre un avis sur ce futur chantier après avoir examiné les documents fournis par Vinci. Son objectif n’est pas de dire si le projet est utile ou pas, seulement si il prend bien en compte les conséquences sur l’environnement, que ce soit envers les animaux, les plantes, les risques d’inondations, la qualité des eaux, la qualité de l’air ou les nuisances sonores.

De grosses réserves autour du bruit

Bilan des investigations : « le dossier est clair et didactique », lit-on dans la synthèse du rapport. Mais il y a des réserves, et non des moindres. L’Autorité évoque des « manques importants dans la justification des hypothèses retenues, notamment en ce qui concerne les trafics, ce qui ne permet pas d’évaluer avec précision la pertinence des études qui en dépendent (air et santé, bruit, émissions de gaz à effet de serre notamment). » Il y aurait également des compensations insuffisantes pour le milieu naturel. Elle demande ainsi la création d’une carte indiquant où se situeront les points de passage pour les animaux ou de détailler plus longuement les effets sur l’environnement après les deux gros chantier que sont l’élargissement de l’A10 et la création de la ligne à grande vitesse vers Bordeaux qui a déjà perturbé l’écosystème.

Cliquez ici pour lire le rapport complet.

Autre point crucial pointé par l’Autorité Environnementale : des dispositions insuffisantes pour lutter contre le bruit. Un sujet que suit particulièrement l’association Agir A10 qui regroupe près de 500 riverains de l’autoroute. Favorable au projet sur le fond, elle note aussi que le dossier est incomplet : « les gens ont le droit à plus que ce qui est prévu » estime Julie Leduc, la présidente de la structure qui prend pour exemple les critique faites à Vinci sur le bruit de la LGV plus fort qu’annonce d’après certains habitants et qui pourrait nécessiter de nouveaux aménagements non programmés à la base. « il y a un véritable enjeu car le bruit peut entraîner de l’hypertension ou des troubles cardiaques. Les lois actuelles ne sont pas assez claires, il faut une réglementation plus claire et appliquée de façon visible. »

« Le projet doit être protecteur de l’environnement, pas destructeur »

« Le but de notre action est d’accompagner ce projet pour qu’il soit exemplaire » renchérit Julie Leduc qui participe régulièrement à des réunions avec Vinci, mais espère voir les propositions des habitants mieux prises en compte par l’entreprise : « il faut rattraper les erreurs du passé notamment pour améliorer la qualité de l’eau dans les cours d’eau des environs qui ont été pollués et dégradés. Nous travaillons aussi pour l’économie et la promotion du patrimoine en étant vigilant aux constructions dans les espaces protégés ou en évitant le déboisement de parcelles de forêt classées. Il y a enfin un risque de dégradation de la qualité de l’air s’il y a augmentation du trafic après l’élargissement. Le sujet interpelle et n’est pas encore assez pris en compte. On attend des avancées. Ce projet doit être protecteur de l’environnement, pas destructeur. »

Prochaine étape : l’enquête publique en 2018. Là tout le monde pourra donner son avis sur ce projet. S’il est déclaré d’utilité publique – ce qui risque d’arriver courant 2018 – les travaux pourront démarrer immédiatement.

Olivier Collet

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