« Les maires ne sont pas des enfants, inutile de nous tenir la main »

Le maire de La Riche a écouté le discours du président Macron ce lundi au Sénat. Il n’est pas rassuré du tout…

Wilfried Schwartz est maire de La Riche depuis 2014. Ancien socialiste, aujourd’hui classé Divers Gauche, il est aussi représentant de l’Association des Maires de France (AMF). A ce titre, il participait ce lundi à la première Conférence des Territoires du quinquennat Macron au Sénat et y représentait l’Indre-et-Loire. Le nouveau chef de l’Etat a promis qu’il organiserait un rendez-vous de ce genre tous les 6 mois pour évoquer les réformes importantes qui concernent les collectivités locales. Ce 17 juillet, il était notamment question des rythmes scolaires et surtout d’un sujet qui préoccupe beaucoup les élus : la réforme de la taxe d’habitation que beaucoup de Français ne paieront bientôt plus.

Cette taxe, qui arrive dans tous les foyers à l’automne, est une ressource très importante pour les communes. C’est un impôt qui permet de financer une bonne partie de leur budget. Mais Emmanuel Macron le juge injuste et veut le faire disparaître par étapes à partir de l’année prochaine. La question est évidente : quelle compensation pour les mairies ?

Au début, on parlait de 10 milliards d’euros à trouver pour financer cette mesure fiscale. Puis le président a annoncé la vraie couleur : ce sera 13 milliards. « On ne voit pas bien ce que cela va donner. Nous sommes inquiets sur les investissements que l’on va pouvoir mener » réagit Wilfried Schwartz qui parle d’une décision « injuste » car « les collectivités territoriales sont déjà celles qui ont le plus contribué à la baisse des dépenses et à la réduction des déficits. »

Pour appuyer son propos, le jeune élu tourangeau avance des chiffres : « les dettes des collectivités ne représentent que 9,3% de la dette publique. Leurs excédents ont même permis de réduire de 2 milliards d’euros le déficit de l’État. A un moment donné il faut donc que tout le monde fasse des efforts. » Le maire de La Riche est préoccupé par l’absence d’annonces claires sur la façon dont l’État compensera les pertes de recettes liées aux exonérations de taxes d’habitation. Il redoute que les investissements des villes et villages soient comprises : « si l’on construit des crèches mais que l’on n’a plus de quoi recruter des assistantes maternelles ou des auxiliaires de puéricultrice, on fait quoi ? On ne va pas mettre des robots ! »

Wilfried Schwartz espère donc des éclaircissements rapides de la part de l’exécutif : « il y a une volonté de discuter mais si l’on veut changer de méthode politique il faut le faire jusqu’au bout. Les maires sont d’accord pour gérer les dépenses autrement, s’inscrire dans un monde moderne… Mais on ne peut pas nous forcer. Il faut faire les choses dans la co-construction, prendre le temps de la concertation et de la respiration. On nous parle d’une substitution à la taxe d’habitation via un autre impôt, peut-être la CSG…  Pour l’instant nous sommes sceptiques. Au final c’est la question de l’autonomie des collectivités qui se pose. Un maire est aussi jugé par ses électeurs sur sa capacité à gérer une fiscalité. Nous ne sommes pas des enfants, nous n’avons pas besoin que l’on nous tienne la main. La preuve : à La Riche, on n’a pas augmenté les impôts depuis 2009 malgré les baisses de dotations de l’État. »

O.C.

Moins d’élus dans les mairies d’ici quelques années ?

Wilfried Schwartz se dit aussi sceptique sur une autre annonce du chef de l’Etat : « au détour d’une phrase Emmanuel Macron a évoque une diminution du nombre d’élus locaux. Ce n’est pas en supprimant des postes de conseillers municipaux, qui travaillent souvent bénévolement, que l’on va faire des économies. Cela va en plus éloigner les citoyens de leurs élus. »

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