Le groupe – dont on ignore les visages – est la tête d’affiche de ce samedi.
La musique de Fauve, c’est une griffure qui vous laisse une cicatrice indélébile. Tout commence un dimanche après-midi, au hasard d’une playlist YouTube. Une guitare sèche, et ces paroles : « Imagine-toi t’es là en train de reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part ». La définition du coup de foudre, extraite du titre Nuits Fauves. On l’écoute une fois, deux fois, puis cent. Coup de foudre pour cette histoire, amour immédiat pour ce groupe. Ou plutôt ce collectif, qui ne montre pas ses visages parce qu’il s’écoute bien plus qu’il ne s’observe.
Dans leurs deux albums, Vieux Frères Partie 1 puis Partie 2, ces garçons humbles et réalistes racontent à toute allure un monde d’aujourd’hui, l’ennui quotidien, l’effroi de la jeunesse, les peines de cœur et les extases. Sur scène, c’est une communion, un de ces moments où tu sens qu’il se passe quelque chose de fort.
Mélancolique, Fauve n’est pas déprimant. Il est à l’image de la France : un peu paumé mais plein d’espoir. D’ailleurs dès leur premier concert dans le sous-sol d’un bar parisien, le succès a été immédiat, brutal, alors même que l’on a bien du mal à les mettre dans une case rock, rap ou slam (et heureusement !). Le phénomène a pris tant d’ampleur que les garçons, artisans musiciens, ont eu bien du mal à s’en remettre. Puis ils ont repris la route, toujours en quête : « Aux dernières nouvelles le fantasme c’est encore gratuit » chantent-ils encore dans Nuits Fauves. Une bien belle vérité.
Olivier COLLET