La population hellénique entame une petite révolution. Contrainte par les banques à ne pouvoir retirer que 60 € par jour et par personne, elle modifie considérablement ses habitudes de paiement.
La réouverture de la Bourse d’Athènes lundi dernier a vu les actions des banques grecques diminuer considérablement. Avec l’instauration le 29 juin d’un contrôle strict des capitaux, les grecs n’ont depuis accès qu’à 420 € maximum par semaine, ce qui pénalise fortement leur quotidien.
Ainsi, pour parer à la contrainte, tous les moyens sont bons et la demande de création de cartes bancaires a explosé ces dernières semaines : plus d’un million de nouvelles cartes (1) ont été délivrées depuis la fermeture des banques le 29 juin dernier, principalement en direction des retraités, qui avaient pour habitude de retirer en liquide la totalité de leur retraite, et qui ont passé le mois de juillet dans des files d’attentes impressionnantes afin de pouvoir retirer un minimum d’argent à la banque (120 €). Un million de cartes bancaires de plus en circulation en un mois, ce n’est pas rien quand on compte environ 9 millions de grecs en âge d’en posséder une, d’autant plus que les paiements par carte ne sont pas plafonnés.
Les règlements par carte ont alors augmenté de 135 % dans ce pays qui ne jure habituellement que par les « biffetons ». Pour rappel, en 2013, les paiements par carte ne représentaient que 6% des transactions du pays, un des taux les plus faibles d’Europe, selon les données de la Banque Centrale Européenne (BCE).
Un certain nombre de professionnels (médecins, dentistes, etc.) et de commerçants ont alors fait des demandes d’équipements en terminaux pour faire face à la demande.
Dans un pays où le marché noir pèse environ un quart de l’économie, cette métamorphose des habitudes de paiement pourrait à terme permettre de lutter plus efficacement contre la fraude fiscale. Un des « bons » côtés de l’austérité ?
M.M.
(1) Selon les informations de Bloomberg
