C’est l’estimation du Collectif Ohé du Bateau qui se heurte à la mairie de Tours qui a réagit, l’invitant à acheter lui-même le bâtiment.
Si la mairie de Tours espère que les Tourangeaux souhaitant la réouverture du Bateau Ivre laisseront lentement leur projet s’enfoncer dans les bas-fonds de l’actualité, ces derniers vont lui montrer qu’ils gardent leur cap et ne bougent pas d’un pouce. Ce jeudi, ils étaient ainsi une vingtaine de membres et soutiens du Collectif Ohé du Bateau à donner rendez-vous aux médias devant l’ancien cinéma et ancienne salle de concert de la Rue Edouard Vaillant afin de faire un point sur leurs actions dont l’objectif est in fine la revitalisation du bâtiment. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont du mal à faire avancer les choses.
En moins d’un an, on a eu l’occasion de parler à plusieurs reprises de la volonté de certains de voir le Bateau Ivre accueillir de nouveau des événements culturels. Il y a eu des réunions mais aussi une grande chaîne humaine en ville… Globalement, l’idée attire la sympathie. Même les élus de la majorité n’ont jamais dit non de manière franche. C’est juste que la procédure avance à la vitesse d’un escargot un jour de sécheresse. Alors pour accélérer un peu la cadence, Ohé du Bateau sort des chiffres via une enquête qui prouve qu’un tel équipement est attendu en terre tourangelle. Menée sur Internet il y a quelques semaines, elle a été remplie par 166 structures dont 127 associations et acteurs culturels (de Tours ou d’ailleurs).
« Le Bateau Ivre est un projet d’utilité publique »
Bernard du collectif en a listé les principaux enseignements : « 92% des répondants jugent que la réouverture du Bateau Ivre est utile, 54% de ces personnes le voient comme un lieu de création, 67% comme un endroit propice à la diffusion culturelle. 84% se disent prêts à participer à l’élaboration de la programmation, 72% sont prêts à louer le lieu et 27% prêts à investir pour la création d’une Société Coopérative d’Intérêt Culturel. » En clair, c’est presque un plébiscite même si ce genre de déclarations d’intention est toujours à confirmer une fois que les choses deviennent concrètes. D’autant aussi que les acteurs éventuellement insensibles à l’avenir de la salle ne se sont peut-être tout simplement pas exprimés.
« Le Bateau Ivre, c’est d’utilité publique » plaide Franck Mouget, figure du collectif Ohé du Bateau qui ne cesse de répéter qu’une salle de 300 places en plein centre-ville de Tours, c’est indispensable. Que ce ne sera pas un concurrent du Temps Machine de Joué-lès-Tours (car les musiques actuelles ne sont pas au centre du projet) et qu’il y a de quoi le remplir à l’année. Le problème, « c’est que l’on ne sent pas une volonté politique. L’équipe municipale ne sait pas travailler avec les collectifs citoyens » s’étrangle Claude Bourdin (C’est au Tour(s) du Peuple), « mais c’était aussi le cas lors du dernier mandat de Jean Germain » ajoute-t-il pour relativiser.
La dernière fois qu’Ohé du Bateau a été reçu par les services municipaux, c’était le 8 juin. Et ils ont un peu l’impression d’avoir été menés en bateau (jeu de mot facile…) : « il y a un blocage. La mairie prétend qu’il faudrait 1,7 million d’euros pour transformer le site en lieu de répétion pour 49 personnes plus 400 000€ pour le racheter à la société dont elle est actionnaire à 78%. Et si on voulait en faire une salle de diffusion pour 300 personnes, là les travaux atteindraient 3 millions d’euros. Selon nous c’est 1,5 million. Par exemple, il ne faut pas 400 000€ pour refaire la toiture mais 200 000€. De plus, la mairie nous donne ce chiffre seul, sans les détails soi disant ‘top secrets’. »
Un nouvel événement public en octobre
Si le collectif Ohé du Bateau ne propose pas à ce jour de solution pour amasser l’argent nécessaire aux travaux, il envisage des pistes comme une grande souscription publique ou un chantier collaboratif. D’ailleurs, il insiste beaucoup sur la solidarité, le partage… Parlant du Bateau Ivre comme d’un « lieu de vie » ou les citoyens auraient toute leur place y compris dans le processus de décision (d’où la volonté de créer une Société Coopérative où les collectivités locales ne peuvent pas avoir plus de 50% du capital). Mais selon lui, tout ça, « la mairie ne le comprend pas » ou fait semblant, en ne donnant jamais vraiment suite aux propositions : « ils savent juste gérer des lieux en y plaçant un directeur. On a même appris récemment qu’ils avaient demandé au Grand Théâtre s’ils n’auraient pas besoin du Bateau Ivre pour faire des répétions » s’insurge Franck Mouget qui ne veut pas voir le lieu privé de sa fonction première qui était l’accueil de tous les publics.
Malgré sa créativité, le Collectif Ohé du Bateau semble donc avoir bien du mal à séduire et à trouver les mots pour s’adjuger des soutiens francs et massifs. Alors il va lui même aller voir les maires de l’agglo et tenter d’obtenir un coup de pouce de l’ajdoint communautaire chargé de la culture Cédric De Oliveira. Les 10 et 11 octobre, il prévoit enfin un événement autour du cinéma, avec des « films différents », en espérant pouvoir exceptionnellement l’organiser au Bateau Ivre, comme lorsque l’autorisation lui a été donnée d’en rouvrir les portes il y a deux ans; Ce serait pour lui un symbole de bonne volonté. A défaut de signature en bas de documents officiels.
Olivier COLLET
Mise à jour le 26 juin à 16h :
Dans un communiqué, le maire de Tours réagit aux propos du collectif Ohé du Bateau et va jusqu’à leur proposer… d’acheter lui-même la salle à la SEMIVIT qui la détient actuellement (coût : 400 000€). Il confirme aussi le premier devis d’1,7 million d’euros pour des travaux de transformation en salle de répétiton mais avance plutôt le chiffre de 2,4 millions pour une jauge de 250 spectateurs. « La Ville de Tours ne peut en aucun cas prendre en charge ces différents frais » est-il également écrit, eu égard au contexte difficile des finances municipales.