À Tours, la nouvelle production d’Orphée aux Enfers, mise en scène par Olivier Py et dirigée par Marc Leroy-Calatayud, a offert dimanche soir une générale flamboyante où satire, virtuosité musicale et démesure visuelle se sont entremêlées avec un plaisir contagieux. L’Opéra de Tours a vibré d’un éclat tout particulier pour cet opéra-bouffe de Jacques Offenbach.
Sous la baguette du chef Marc Leroy-Calatayud, l’orchestre a insufflé un rythme étincelant à une partition qui, plus de 160 ans après sa création, n’a rien perdu de sa fraîcheur satirique.

Dès les premiers instants, le ton est donné : couleurs fluorescentes, décors monumentaux signés Pierre-André Weitz, costumes outranciers, et une scène qui paraît prête à exploser sous l’énergie des artistes. Olivier Py réinvente le mythe d’Orphée en l’entraînant dans un tourbillon oscillant entre music-hall décadent, cabaret parisien et carnaval infernal. Fidèle à son univers, le metteur en scène signe un spectacle à la fois baroque, caustique et d’une exubérance parfaitement assumée.
À la tête de l’orchestre, Marc Leroy-Calatayud impose une lecture précise, alerte, jamais bruyante, et d’une musicalité soigneusement ciselée. Il sculpte l’ironie raffinée de la partition, jongle avec ses contrastes, et insuffle une dynamique irrésistible aux ensembles.




Les solistes se sont montrés particulièrement engagés, mêlant bel canto et comédie avec une aisance réjouissante. L’Opinion Publique, personnage clé, brille par son autorité mordante, tandis que Jupiter joue avec délice de sa double nature de dieu libidineux et de politicien roublard. (Toute ressemblance avec un personnage connu n’est que pure imagination).
Les ensembles vocaux, très sollicités, offrent une belle cohésion et un sens du théâtre réjouissant, notamment dans les scènes olympiennes où le chaos organisé prend des allures de manifeste joyeusement anarchique.
Il y a dans cette production quelque chose de profondément festif, presque salutaire : un rire libérateur qui fait écho aux illusions et aux vanités humaines, alors même que la société contemporaine retrouve dans l’ironie d’Offenbach un miroir d’une étonnante modernité.
Roger Pichot
Représentations :
Lundi 29 décembre 20h
Mercredi 31 décembre 19h
Vendredi 2 janvier 20h
Dimanche 4 janvier 15h




