3 ans de maire de Serge Babary : ce qu’il retient, ce qu’il oublie

A mi-mandat, il estime avoir rempli une bonne part de son contrat avec les Tourangeaux. Le point en détails.

Il y a 3 ans, Serge Babary s’est fait élire maire de Tours avec le soutien de la droite et du centre, et grâce à un programme contenant 143 engagements. Objectif : cocher un maximum de ces cases d’ici mars 2020 malgré un budget contraint et des polémiques nombreuses et feuilletonnesques (autour de l’avenir du Château du Plessis dont la ville est propriétaire à La Riche, sur les soutiens aux associations ou plus récemment sur la Donation Cligman ou l’avenir du quartier du Sanitas).

A en croire le maire, 79% des promesses de 2014 sont tenues ou en passe de l’être. C’est le cas pour l’extension du réseau de vidéosurveillance, l’abattement de 10% de la taxe d’habitation pour les personnes handicapées, l’ouverture d’une Maison de la Réussite au Sanitas ou la création d’un festival sur les musiques anciennes avec Concerts d’Automne. Il y a aussi des bonus comme l’ouverture à succès de Tours sur Plage ou le lancement d’un appel à projets pour rénover les Halles de Tours. Faisons le point en détails…

Urbanisme, vie de la cité

Si le maire suit personnellement les dossiers en rapport avec la construction (voire notre autre article), il insiste aussi sur le fait que son équipe a pris en main la réfection de la ville : « on retravaille toutes les places du centre-ville. La Place Jean Duval ainsi que le parvis de la Basilique St Martin récemment et la Place Châteauneuf tout bientôt. Il y aura ensuite la Place du Monstre et des Halles. Chacune aura son identité. On va présenter ce mardi soir en réunion publique le projet pour la Place Coty à Tours Nord. » En attendant le renouveau de la Place St Paul avec les grands travaux au Sanitas. A noter qu’un projet de refonte du stationnement Place Velpeau est lui tombé à l’eau sous la pression de quelques habitants.

Concernant la voirie, ce n’est plus directement la charge de la mairie de Tours qui consacrait un million d’euros par an pour refaire des rues. A voir comment Tours Métropole va assurer le maintien de ce budget alors que « 700 rues sur 1 244 sont dans un état dégradé » rappelle Brice Droineau, adjoint qui suit le dossier.

Tours voudrait par ailleurs « égaliser Strasbourg » au niveau de l’usage du vélo selon l’adjoint à la circulation Yves Massot. L’élu en charge du tourisme Christophe Bouchet parle lui de « hub du vélo » s’appuyant sur l’ouverture imminente de la Maison du Vélo Bd Heurteuloup et le fait que Tours est un carrefour entre la Loire à Vélo, le Cher à Vélo, l’Indre à Vélo et les chemins vers St Jacques de Compostelle.

Commerce, économie

L’adjointe au commerce Céline Ballesteros a insisté sur le recrutement d’un animateur du commerce, une promesse de campagne, en notant que c’était « un premier pas » vu que d’autres villes de la même taille en ont 3. Elle s’est aussi étendue sur le grand défi du moment : la redynamisation de l’Avenue de Grammont avec la création d’une association de commerçants comptant 120 membres. « Le plan est dans les services. On va établir des axes à court, moyen et long terme. » La circulation doit notamment être réaménagée mais il ne faut apparemment pas compter sur le passage d’une ligne de tram. L’objectif est en tout cas de redonner de la stature à cet axe et de remplir les commerces vides pour en faire une alternative au circuit shopping Rue de Bordeaux-Rue Nationale-Rue des Halles.

Il faudrait aussi penser aux nombreuses vitrines vides depuis des années Bd Preuilly ou Bd Wagner pour ne citer qu’eux. Alors même qu’elles sont juste au bas d’immeubles d’habitation et de grands quartiers. Cherchez l’erreur.

Concernant la politique commerciale de Tours, on notera que depuis 3 ans plusieurs enseignes internationales sont arrivées : Nespresso, Hema, Starbucks ou Burger King en attendant un possible Apple Store en haut de la Rue Nationale, sous les hôtels Hilton. Toutes ces marques, certains y voient un point positif, d’autres un point négatif. Pour soutenir les indépendants, et dynamiser le commerce en général, le programme Babary voulait réfléchir sur du stationnement gratuit. Apparemment, il réfléchit toujours. Pas de nouvelles non plus du « Drive des Indépendants » qui paraissait pourtant une bonne idée…

A propos des marchés, certains marchent bien mais d’autres sont en difficulté notamment en semaine. Celui du mardi après-midi aux Deux-Lions, inauguré en grande pompe, est aujourd’hui bien plus confidentiel mais la ville se dit pourtant satisfaite.

Concernant l’économie, l’adjoint Thibault Coulon a souhaité insister sur le succès des forums Tours pour l’Emploi et l’Alternance (il y en a eu 4 depuis fin 2014) et sur la dynamique autour de l’usine Mame (où Tours Métropole investit 20 millions pour le développement des start up, 100 personnes y travaillent sans forcément être salariées). Il a aussi noté que la ville prenait désormais des apprentis dans ses rangs, et qu’une étude de l’Observatoire Economique de Touraine notait que 940 emplois salariés avaient été créés en 2015 à Tours et près de 900 en 2016. Une hausse mesurée mais « plus importante que les 5 années précédentes. » Le maire se félicite lui d’être bien placé dans des classements de presse comme les villes où il fait bon travailler. Il insiste aussi sur le dynamisme du secteur des congrès avec des événements prévus jusqu’en 2022.

Et sinon, des nouvelles de la promesse d’une mise en valeur des talents des quartiers ?

Santé et handicap

Dans ce domaine, l’équipe municipale retient la réussite des conférences sur la santé organisées en mairie tout au long de l’année. Une troisième saison est d’ores et déjà prévue ainsi que, en guise d’imitation, une série de conférences sur l’architecture. Concernant le handicap, « l’agenda accessibilité est en cours de finalisation. C’est un travail sur dix ans pour rendre les lieux publics accessible à tous comme les écoles ou les équipements sportifs. Il sera présenté en septembre » a noté Serge Babary. Tout au long de l’année, des travaux ont aussi lieu dans les quartiers pour réaménager des carrefours, par exemple, mais avec des budgets contraints donc à rythme limité. Des actions sont par ailleurs entreprises pour que l’on parle plus du handicap dans la cité.

Au chapitre des défis, alors que des communes commencent à salarier des médecins, que pourrait faire Tours pour que ses habitants n’aient plus besoin d’aller à Paris pour voir un ophtalmo ou d’attendre des mois pour aller chez le dentiste ou le dermato alors même qu’elle a une fac de médecine ? Voilà un axe sur lequel il serait bon de se pencher sérieusement… Sans parler du défi de la restructuration du CHU avec la fermeture annoncée de Clocheville. Mais que deviendra ce site ?

Sport

C’est le nouveau grand projet du moment même si il n’est ni daté, ni budgété : la construction d’une grande Arena pour des matchs de sport prestigieux ou des événements culturels. Et on parle aussi d’une nouvelle patinoire alors que l’actuelle est bouffée par l’amiante. Mais en attendant de mettre officiellement ces projets sur les rails (entre les études et la construction, ça va prendre des années), Xavier Dateu, adjoint aux sports, insiste sur les investissements pour remettre en état les sites sportifs municipaux aux 50 à 60 ans d’âge. « C’est plus pour des nécessités techniques que pour le développement » concède l’élu évoquant la sécurisation électrique ou le désamiantage.

Xavier Dateu a aussi insisté sur le travail mené pour unifier les clubs de plusieurs sports comme le basket (UTBM née de la fusion entre le PLLL et le TBC) et bientôt les fusions des clubs d’aviron ou du tennis : « il s’agit notamment de faire en sorte que les gamins restent à Tours » argumente-t-il. A suivre : la promesse de la « mise en valeur du Pôle Nautique du Cher » ou encore l’avenir de Sport’Ouvertes, le forum annuel du sport délocalisé des bords du Cher au Vinci en 2016 suite à l’annulation de 2015 pour fortes pluies.

Culture, patrimoine

Dans ce domaine, le mandat de l’équipe municipale a commencé dans la douleur avec la disparition du festival d’art de rue Rayons Frais transformé en label, la polémique autour de l’avenir du Château du Plessis de La Riche (où la compagnie Cano Lopez se sent très bien après avoir bien cru devoir le quitter avec pertes et fracas) ou encore le feuilleton de près d’un an autour de la Donation Cligman qui voulait construire une extension pour sa collection au Musée des Beaux-Arts avant de faillir faire capoter le partenariat entre la ville et les expos photo du Jeu de Paume.

De tout ça, Serge Babary n’a pas parlé retenant plutôt Concerts d’Automne, festival aux 6 000 spectateurs la première année en attendant la suite du 13 au 29 octobre mais aussi la construction annoncée d’un nouveau Centre Chorégraphique National dans le futur quartier des casernes à l’horizon 2020. Dans les points positifs, on peut aussi citer le développement des boîtes à livres. En revanche on peut regretter un manque d’ambition municipale pour des événements culturels locaux à destination de la jeunesse.

Évoquons aussi les 1 700 ans de la naissance de St Martin que Tours a voulu célébrer en grande pompe…

Si le spectacle son et lumière sur la cathédrale est une réussite indéniable et un plus nécessaire pour la ville (cette année, il sera « renouvelé à 75% » dit Christophe Bouchet), que le spectacle à Marmoutier (L’Ombre du Manteau) a pas mal de qualités, et que le financement participatif pour rénover le Dôme de la Basilique a cartonné avec plus de 500 000€ récoltés (plus que prévu), plusieurs autres événements du calendrier estampillés « Martin de Tours » n’ont pas connu autant d’enthousiasme comme la parade de l’an dernier en centre-ville (il y en aura une autre ce samedi d’ailleurs). Ils ont surtout fédéré un public âgé et religieux. Ca n’empêche pas la ville de continuer sur sa lancée. On verra donc ce que donnera le spectacle autour des bateaux promis pour novembre. Parmi les avancées à noter : la mise en place d’une meilleure signalisation touristique en centre-ville et une réflexion sur une meilleure illumination des monuments.

Au rayon culture du programme initial de Serge Babary, plusieurs promesses restent dans les cartons. On commence à parler de la rénovation du Château de Tours mais on n’a pas de nouvelles des « Vinci de la Création, festival associant les sciences, les arts et les lettres ». Quant au festival promis autour de la pyrotechnie, on devrait en avoir un aperçu embryonnaire en novembre pour les fêtes de St Martin, selon Christophe Bouchet. L’événement pourrait ensuite prendre de l’ampleur en 2018 mais « c’est difficile » note l’élu. Peut-être, mais en tout cas plus original que le festival du cirque.

Éducation et petite enfance

Alors que la ville va devoir se pencher de nouveau sérieusement sur les rythmes scolaires si le gouvernement confirme la possibilité pour les mairies de remettre en cause le coûteux système d’activités périscolaires, la municipalité s’occupe sérieusement d’un autre défi : la future école des Deux-Lions, la première de ce quartier aux 30 naissances annuelles. Première rentrée prévue en septembre 2019 avec 7 classes, 3 en maternelle et 4 en élémentaire (pour 5 niveaux). Il y aura aussi une cantine, un point périscolaire et une salle polyvalente qui pourra servir aux activités du quartier.

Dans le même temps, la crèche Leccia de Beaujardin est en passe d’être reconstruite. Le projet d’élargissement des horaires des crèches, prévu dans le programme, n’est lui plus à l’ordre du jour car ceux d’aujourd’hui « arrivent à répondre aux besoins des familles » selon l’adjointe Barbara Darnet-Malaquin. Elle n’a pas répondu sur la promesse d’un meilleur accueil des enfants handicapés en crèche ou la transformation de la carte Cité Club en Pass Famille ouvert aux activités culturelles.

On retiendra par ailleurs la mise en place d’un Conseil Municipal des Jeunes avec des élèves de 4ème et 3ème qui ont milité pour un projet de skate park en attendant ausis, à la rentrée, un rallye autour de la mémoire de la ville dans le Vieux-Tours.

Jardins, environnement

Tours capitalise sur sa Fleur d’Or récompensant la qualité de son fleurissement. Des espaces verts par ailleurs entretenus sans produits phytosanitaires, l’adjointe Myriam Le Souëf confirme qu’ils ont tous disparus des entrepôts. « Il va falloir s’habituer au retour d’une végétation plus rustique » dit-elle. Par ailleurs, les trottoirs de plusieurs quartiers retrouvent des couleurs avec l’opération « à succès » A Fleur de Trottoir permettant aux habitants d’avoir un mini jardin à entretenir devant chez-eux avec l’aide de la ville qui fournit les graines. 500m de fleurissement ont déjà été mis en œuvre.

Concernant les parcs et jardins, le Botanique vient de recevoir un Certificat d’Excellence du site roi du tourisme : Trip Advisor, que beaucoup lisent avant de faire leur programme. Le Botanique qui s’est d’ailleurs enrichi d’un restaurant avec terrasse avec Au Rendez-Vous du Botanique tellement prisé qu’il a dû s’agrandir sur le site de l’ex Fosse aux Ours. On attend l’arrivée d’un autre restau plus huppé dans la maison désaffectée du jardin, sans compter des projets à la Gentilhomière ou à Mirabeau.

Associations

Alors que plusieurs structures se plaignent encore des tarifs rénovés des salles, la ville se félicite d’avoir enrayé la baisse des subventions. Mais la distribution de celles-ci fait souvent polémique, notamment pour les structures sociales comme Chrétiens Migrants ou le Centre LGBT de Touraine. Adjointe en charge des associations, Myriam Le Soüef retient elle la mise en place d’un système de conseil d’aide aux associations « car leurs présidents ou trésoriers ne sont pas toujours au fait des questions juridiques, ça peut poser problème quand il y a des salariés. » C’est aussi en place pour les comités de quartier.

Sécurité

Outre la multiplication des caméras de surveillance (bientôt d’autres Rue de Bordeaux, à Verdun et Rochepinard après la gare, le Vieux-Tours et les Rives du Cher), l’adjoint à la sécurité Olivier Lebreton note le déménagement du centre où l’on regarde les images dans les locaux de la police municipale (ça vient de se faire). Il y a désormais une centaine de réquisitions pour voir les bandes dans des enquêtes contre 20 il y a 3 ans.

Sinon, on notera la mise en place d’un Conseil des Droits des Familles pour rappeler certaines évidences à des jeunes qui dévient… La mairie se félicite d’ailleurs d’accueillir de plus en plus de condamnés à des TIG (peines de Travail d’Intérêt Général). Déjà 70, en moyenne pour 60h dans les parcs et jardins, notamment.

Enfin, les cambriolages ont baissé de 21% selon la mairie qui veut encore développer les réseaux de voisins vigilants notamment en place à Tours Nord.

Et la suite ?

Serge Babary et son équipe sont attendus sur leurs dernières annonces comme l’avenir de l’Ilot Vinci (le projet pourrait être relancé) mais aussi des projets immobiliers au Menneton ou aux Rives du Cher sur le site désaffecté de l’ex Projet 244. Au chapitre des dossiers traités, il y a la révision du plan de lutte contre les inondations. A celui des éléments de programme dont on attend des nouvelles : l’avenir de la cuisine centrale ou le retour de la navette Tours/St-Pierre-des-Corps.

Enfin, souvent critiqué par son opposition, des syndicats ou des associations sur sa façon d’organiser des concertations avec les habitants, Serge Babary affirme qu’il ne compte pas changer de méthode dans ce domaine : « avant de se réunir pour quoi que ce soit il faut avoir des réunions techniques. Ce n’est pas une coproduction de citoyens qui va créer le projet. Ce n’est pas au concitoyen de déterminer si le projet est en accord avec les risques d’inondations ou le budget. » Et pourtant… La ville est partenaire d’Envies de Loire, une campagne participative ou chacun est invité à donner ses idées pour aménager les bords de Loire… sans se soucier du budget ou des contraintes techniques. Vous avez dit paradoxe ?

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