Ligne B du tram de Tours : ce qu’on peut lire dans le dossier d’enquête publique

En 2017, Tours Métropole a officiellement lancé un projet de développement des transports en commun avec comme objectif principal la construction d’une seconde ligne de tramway. Le tracé retenu relierait La Riche à Chambray-lès-Tours via le futur quartier des Casernes de Tours, le Boulevard Jean Royer, les Fontaines, le campus Grandmont et le CHU Trousseau. L’idée est de commencer les travaux en juillet 2025 pour une inauguration à l’horizon 2028-2029.

D’un coût prévisionnel de 500 millions d’€, le chantier a connu pas mal de déboires. Au départ, le tracé prévoyait un passage par le Boulevard Béranger et la Place Jean Jaurès à Tours, option abandonnée pour préserver le double alignement d’arbres. Un plan B a été trouvé par le Boulevard Jean Royer, mais lui aussi concentre les critiques (à causes des nuisances sonores pour les riverains ou d’une fréquentation prévisionnelle du tram jugée trop faible).

S’il voit le jour, ce projet va considérablement transformer le paysage urbain. L’enjeu est tel que la préfecture d’Indre-et-Loire a lancé une enquête publique qui doit permettre de faire la synthèse entre les différents arguments pour ou contre. Le recueil des opinions se fait jusqu’à ce jeudi 31 octobre. Les commissaires enquêteurs établiront ensuite un rapport qui dira si le tram B leur semble d’utilité publique, ou pas.

Signe que le débat intéresse, des centaines de contributions sont déjà disponibles sur le site dédié à la procédure. Elles sont en majorité hostiles au chantier, ou agrémentées de fortes réserves. Cela n’est pas illogique, car les opposants à un projet ont tendance à se mobiliser plus facilement que ses soutiens.

Parmi les principaux arguments développés, beaucoup ont déjà été évoqués par différents opposants politiques ou associatifs qui se sont exprimés ces dernières années dans le cadre du débat préparatoire. Celui du coût revient beaucoup (« Les choix faits conduisent à un projet pharaonique » « Endettement exorbitant pour faible utilité »…). Certains avis redoutent une facture qui pourrait s’envoler jusqu’à 800 millions d’€ (des analyses contestées par le Syndicat des Mobilités de Touraine). D’autres estiment qu’il vaudrait mieux investir sur le développement du train que du tram.

Ensuite, le tracé est loin de faire l’unanimité. A La Riche, on estime souvent que son côté tortueux va rallonger les trajets entre la commune et le centre de Tours. Au sud, on critique l’éloignement de l’entrée du bâtiment de Trousseau ou la coûteuse extension entre le CHU et un parking relais dans le secteur de la Papoterie. Le maire de Saint-Avertin a même déposé une pétition de plus de 1 000 signatures contre cette option. Enfin à l’Est, St-Pierre-des-Corps n’a toujours pas digéré que la commune soit écartée du projet alors qu’elle a besoin d’une meilleure desserte de la Rabaterie et de sa gare.

Parmi les autres critiques, l’abattage massif d’arbres. Le dossier indique qu’il y aura plus d’arbres plantés que de spécimens coupés, mais le sujet reste sensible, notamment car le projet prévoit le déboisement d’une parcelle du bois de Grandmont, l’un des poumons verts de Tours. Enfin, c’est parfois le concept même de la création d’une seconde ligne de tram qui est dénoncé, un commentaire le qualifiant par exemple de « choix du passé »(le message privilégie plutôt un développement des Bus à Haut Niveau de Service).

Parfois, on trouve aussi des messages concernant des points très précis. Exemple avec le mail d’un certain Ruddy, qui s’inquiète de la gestion des entrées/sorties de la résidence Gallardon de Chambray une fois les travaux terminés. Ou Patrick qui suggère une réorganisation de la circulation Rue d’Arsonval et Rue Bonamy dans le Parc Grandmont.

Et puis il y a – quand même – des avis positifs. « Je suis favorable au trajet dans son ensemble, le centre de La Riche étant en permanence engorgé par les bus » écrit Eric. Léon parle de « nécessité absolue pour décarboner les mobilités » et Marie-Odile espère un gain de confort : « Etant mal voyante, je dépends des transports publics et le tram me ferait gagner beaucoup de temps et de facilité pour mes déplacements. »

Même le terminus de la Papoterie a des soutiens comme Céline : « Les hauts de St Avertin sont très mal desservis en bus, et cet arrêt serait vraiment un plus pour les habitants qui rayonnent autour de la Bellerie. »

C’est donc maintenant aux commissaires enquêteurs de prendre le temps de peser le pour et le contre puis de rendre leur avis. Si celui-ci est favorable, le chantier pourra poursuivre son cours avec le calendrier prévu. Des recours d’opposants ne sont pas à exclure, mais ils seront rendus plus complexes par la déclaration d’utilité publique. En cas d’avis défavorable, les choses deviendront beaucoup plus compliquées par la Métropole qui devra – au minimum – profondément transformer son projet pour le faire aboutir.

D’ailleurs, il est aussi possible qu’un avis positif soit accompagné de réserves. Dans tous les cas, il est donc possible que l’enquête publique fasse bouger des lignes.

Olivier Collet

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