[A chaud] CHU de Tours : « Si rien ne change on est au début d’une 2e vague »

L’hôpital appelle à la méfiance.

28 patients hospitalisés dont 7 en réanimation : le CHU de Tours monte en pression dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19. En un mois, le nombre de patients a été multiplié par 4. « L’augmentation est progressive mais elle nous alerte » déclare la directrice de l’établissement Marie-Noëlle Gérain-Breuzard. Transformées en « cellules de vigilance » pendant l’été, les réunions « de crise » ont repris depuis quelques jours.

« Si nécessaire nous avons 24 lits activables en réanimation et 21 lits de médecine. Nous venons de dédier une partie de nos capacités de pneumologie au coronavirus mais nous n’avons pas activé le plan blanc ce qui a été fait dans d’autres villes comme à Lyon. »

D’après la direction de l’hîpital, les patients actuellement admis à Tours ont un profil « globalement identique » à ceux entrés en début d’année. le nombre de jeunes serait quand même plus important. Par ailleurs, la mortalité diminue et le process de traitement se perfectionne, notamment via l’utilisation de cotricoïdes dont une étude tourangelle a prouvé l’efficacité face aux formes graves de la maladie.

A en croire les responsables du CHU, la situation n’est donc pas critique mais il faut se préparer à un éventuel afflux de patients dans les prochaines semaines : « On essaie d’avoie deux temps d’avance et d’anticiper. Nous faisons tout pour ne pas avoir à déprogrammer les autres activités de l’hôpital comme lors du confinement car nous avons constaté une dégradation de l’état de santé de la population. Certaines pathologies chroniques n’ont pas pu être prises en charge pleinement et se sont aggravées» détaille Marie-Noëlle Gérain Breuzard. Concrètement, ça passe par un recours à l’intérim ou aux étudiants pour renforcer les équipes mais aussi à la réalisation d’heures supplémentaires de la part du personnel habituel.

Depuis deux bonnes semaines, les chiffres tourangeaux de l’épidémie ne cessent de progresser avec une tendance à l’accélération depuis 10 jours. « Si rien ne change, on est au début d’une deuxième vague. Elle sera plus lente qu’au printemps mais potentiellement plus longue » analyse Frédéric Patat, président de la communauté médicale d’établissement.

« Fin mars une personne en contaminait en moyenne 3 autres dans notre région. Le nombre de malades doublait tous les 5 jours. Aujourd’hui, un malade contamine en moyenne 1,22 personne, il faudrait descendre en dessous de 1 pour que l’épidémie régresse. »

Alors qu’il réalisait à peine 80 tests par jour début août, le CHU de Tours en analysait 450 récemment. Il peut dépasser 1 000 si nécessaire en mobilisant des équipes 24h/24. Pour diminuer les files d’attente, un nouveau site plus grand vient d’entrer en service à Bretonneau avec des nocturnes jusqu’à 22h ces deux derniers jeudis. « On obtient les résultats en 24 à 48h » se réjouit le Professeur Louis Bernard, chef du service des maladies infectieuses. Il appelle tout de même à la mesure : « Le dépistage il ne faut pas y aller pour n’importe quoi, il devrait être réservé aux cas contact. » Autrement dit les personnes qui ont côtoyé quelqu’un officiellement infecté par le coronavirus. Les médecins précisent aussi qu’il n’est pas nécessaire de dépister les enfants «à tort et à travers. »

Pour les tests réalisés auprès des patients et du personnel du CHU, 2 à 4% des résultats sont positifs. 6% pour les prélèvements auprès du grand public, ce qui est conforme à la moyenne départementale.

A l’approche de l’hiver, la communauté médicale s’inquiète d’un télescopage entre les patients Covid et ceux qui attraperaient la grippe. « L’an dernier on a eu de la chance, le pic survenu en février n’était pas élevé » rappelle Frédéric Patat.

« Cette année, on n’a pas les moyens de se payer une vague Covid et une vague grippe d’autant que les symptômes sont similaires. Cela pourrait entraîner une saturation du système de santé que l’on observe déjà les années ou la grippe est virulente. »

Le CHU appelle donc plus que jamais les personnes à risques à se faire vacciner. il espère aussi qu’un maximum de membres de son personnel accepteront la piqûre pour tenter d’éviter la maladie et ses conséquences sanitaires mais aussi sur le manque d’effectifs pour soigner les patients. « On ne veut pas avoir à renoncer aux autres soins » conclut Frédéric Patat.

Olivier Collet

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