Enlèvement de l’élue Mounia Haddad : 5 choses à savoir avant le procès en appel

Il s’ouvre mardi à Orléans.

C’est une affaire retentissante. Parce qu’elle touche une élue (conseillère municipale de Saint-Pierre-des-Corps et conseillère départementale d’Indre-et-Loire) mais aussi parce qu’elle peut être vue comme symptomatique du manque de liberté que certaines familles laissent aux femmes pour leurs choix de vie.

Dès ce mardi, la Tourangelle Mounia Haddad retourne devant la justice pour un procès contre sa propre famille : son père et ses oncles. Son petit frère, aussi. Devant la cour d’appel d’Orléans, il sera question de son enlèvement et de sa séquestration à l’été 2018, parce que l’homme qu’elle comptait épouser ne correspondait pas aux choix de sa famille. Avant l’ouverture des débats, nous revenons sur cette affaire en 5 points.

 

> Les faits :

Depuis 2013, Mounia Haddad est en couple avec Slimane Ménard, de 4 ans son cadet, un homme qu’elle a rencontré suite à son engagement politique dans un parti centriste. Aujourd’hui âgé de 26 ans, il annonce vouloir l’épouser en 2017, contre la volonté de la famille Haddad dont il fait pourtant partie des proches. Mi-juillet 2018, le père et les oncles de Mounia Haddad vont de Saint-Pierre-des-Corps à Mandelieu (Alpes-Maritimes) pour retrouver leur fille et nièce qu’ils ramènent en voiture en Touraine après l’avoir suivie pendant 48h. Depuis son balcon, une femme assistant à la scène assure que la jeune femme qui a récemment passé le cap des 30 ans a été empoignée de force vers le véhicule, sous les insultes.

Le 19 juillet, le père de Mounia Haddad – Karim Haddad – est agressé en pleine rue. Les policiers interviennent puis pénètrent dans le domicile familial, un HLM de la Rabaterie. Ils y découvrent l’élue qui dit être prisonnière, sa mère ayant même pris une douche avec elle et dormi dans son lit pour la surveiller.

Le père de Mounia Haddad (un homme de 55 ans) et deux de ses oncles sont interpellés, mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Ils ont alors interdiction d’entrer en contact avec la victime. Le frère de la jeune femme – Zakaria Haddad – est par ailleurs poursuivi pour des menaces de mort transmises par SMS.

Mounia Haddad pendant la campagne électorale des Départementales.

> Le procès :

Le tribunal de Tours a tenu une première audience le 2 août 2018, avant un report du procès au 27 septembre, un peu plus de deux mois après les faits. Evoquée devant une salle pleine, en présence de quelques journalistes de la presse nationale, l’affaire nécessitera près de 10h d’examen entre les témoignages de Mounia Haddad (souvent en larmes) et de son mari Slimane Ménard (leur union a été célébrée pendant l’été) mais aussi les auditions des quatre accusés.

Au cours de l’après-midi, les membres de la famille de Mounia Haddad font part de leur ressentiment vis-à-vis de son mari, notamment soupçonné de violences envers elle. Ils accusent aussi ses proches de se servir de son argent ou que la jeune femme – qui travaillait au CHU de Tours avant de quitter son poste – s’était radicalisée.

De l’autre côté, il est question d’un virement de 41 000€ que Mounia Haddad a fait à son père sous la contrainte d’après elle, et d’un voyage en Algérie pour tenter d’arranger un mariage avec un cousin. A la barre, les prévenus minimisent les faits ou se justifient de manière confuse. Aucune excuse ne sera formulée à l’encontre de la victime. « Elle a mis la honte sur la famille » déclarait l’un des oncles Mohamed Haddad à la barre. Zakaria, le frère, affirmait lui ne plus voir Mounia comme sa sœur. « J’étais dans une terreur incroyable » lance pour sa part Mounia Haddad.

Les avocats de la défense au moment du jugement (ils ont changé depuis)

> Le jugement :

« Cette famille est médiévale » avait lancé le procureur de Tours au moment de son réquisitoire. Il avait alors réclamé 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve contre le père Karim Haddad, 3 ans de prison dont 24 mois avec sursis et mise à l’épreuve à l’encontre de Mohamed Haddad, 2 ans de détention dont 1 avec sursis pour Omar Haddad (les deux oncles) et 10 à 12 mois avec sursis pour le frère Zakaria Haddad. La défense avait réclamé la relaxe.

Le jugement a été prononcé le 8 novembre : 4 ans de prison dont 18 mois avec sursis pour le père Karim Haddad. Pour Omar et Mohamed Haddad, la justice réclame 3 ans de prison avec respectivement 18 et 12 mois avec sursis, 10 mois d’emprisonnement avec sursis contre Zakaria Haddad. Les 4 accusés écopent par ailleurs d’une mise à l’épreuve de 3 ans avec interdiction d’entrer en contact avec Mounia Haddad et son mari, obligation de demander l’accord d’un juge d’application des peines pour voyager à l’étranger et interdiction de se rendre dans les Alpes-Maritimes et dans la Vienne, deux départements où Slimane Ménard a de la famille.

La défense fait instantanément appel du jugement.

> Une affaire parallèle :

Lors d’un autre procès en février 2019, la sœur de Mounia Haddad a comparu pour avoir espionné les comptes bancaires de l’élue grâce à son travail dans une agence d’Amboise. Le tribunal de Tours l’a condamnée à 4 mois de prison avec sursis pour violation du secret professionnel. Elle a dû verser 1€ symbolique de dommages et intérêts.

> L’appel :

Si elle continue à participer aux sessions du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire quand elle le peut, Mounia Haddad qui vit désormais dans le sud de la France n’occupe pas son poste dans l’opposition à la mairie de Saint-Pierre-des-Corps. Elle ne sort pas seule et n’a pas repris le travail se disant encore fragile. A nos confrères de la NR elle dit espérer des réponses de ce second procès.

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