4 à 6 engins pourraient y être installés d’ici 4 ans.
Des troncs un peu plus hauts que les autres pourraient bientôt pousser dans le bois de la Gabillière à Brizay… Ou plutôt des mâts. Ceux de 4 à 6 éoliennes dont les pales culmineraient à 150m de haut pour brasser l’air et créer de l’électricité verte. Lancé dès 2017 quand le conseil municipal du village a validé l’idée, le projet est en cours d’études. Il pourrait être achevé à l’horizon 2023, « si tout se passe bien » explique le duo de promoteurs, les sociétés Soleil du Midi et BayWa r.e.
« Si tout se passe bien » car en Indre-et-Loire c’est compliqué d’ériger des éoliennes. La région Centre-Val de Loire est une des premières centrales à vent en France mais aucune commune tourangelle n’a encore vu un dossier aller à son terme. Soit parce que des élus ont dit non, soit parce que les habitants ont résisté, soit parce que les associations environnementales ont grogné. Les choses pourraient tout de même évoluer d’ici peu avec la validation du chantier de La-Chapelle-Blanche-Saint-Martin par la préfecture qui a le dernier mot pour l’ensemble des procédures. En attendant les entreprises prospectent… et tentent de convaincre. Par tous les moyens, y compris la carotte.
Des éoliennes à 600m des premières habitations
Pour obtenir le soutien de la population, le duo de sociétés qui veut se baser à Brizay teste ainsi une méthode originale : un appel au financement participatif… avec intérêts. Pas pour financer le projet en lui-même (estimé à plus de 13 millions d’€) mais pour participer à la phase d’études techniques et environnementales à hauteur de 50 000€. Le procédé a été imaginé par Lendopolis et chaque trimestre, les prêteurs reçoivent le remboursement d’une partie de leur capital + des intérêts à un taux compris entre 5 et 6%. Sachant que la mise minimum est de 20€ et le maximum compris entre 1 000 et 3 000€ selon le profil des prêteurs.
(Un système similaire a été imaginé pour un projet à Bridoré avec 115 prêteurs. Malgré les risques affichés de ce type d’investissements, les professionnels assurent qu’un rebmoursement est prévu même en cas d’abandon des plans de construction).
« C’est une main tendue » explique la société Soleil du Midi qui a également rôdé ses arguments pour rassurer les riverains : des éoliennes à 600-700m des premières habitations quand la limite légale est à 500m, des engins d’une hauteur raisonnée (150m alors que les plus grands peuvent être deux fois plus élevés) ou encore l’organisation d’une visite sur un parc éolien de la Vienne pour que les habitants se rendent compte du bruit réel des machines : « ils les entendront peut-être quelques jours par an mais ne seront pas gênés au quotidien. »
Quel impact sur les animaux du bois ?
Une large majorité de projets éoliens font l’objet de recours. Nombre d’entre eux n’aboutissent pas… malgré leur atout écologique. Sensiblement agacés par certains arguments d’opposants, les promoteurs assurent également que leurs plans ne contrarient pas du tout le tourisme (le château du Rivau est à 5km du bois par la route, la Forteresse de Chinon à 15km par la route également, un peu moins à vol d’oiseau) mais ce n’est pas l’avis d’une association environnementale locale (ADDER) qui dénonçait l’impact sur le paysage dès 2018 ainsi que les conséquences sur la faune du bois de la Gabillière.
A ça, les professionnels répondent que les études sont justement en cours pour mesurer les perturbations éventuelles sur les animaux (risques de collisions mortelles pour les oiseaux et les chauve-souris…). Un mât a été posé pour étudier leurs habitues. Les sociétés rappellent également leur obligation de « compenser » les arbres coupés par des plantations ailleurs ou des cotisations à des organismes en faveur du développement durable. Sur 150 hectares de bois situé à 110m d’altitude, 1% devrait être défriché.
L’équivalent de la consommation électriques de 11 500 à 23 000 personnes
Pour présenter leur schéma de financement, les investisseurs organisent une réunion publique mardi 28 mai à 18h30 à la salle polyvalente de Brizay. Occasion pour eux de rappeler que leurs éoliennes seront capables de produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 11 500 à 23 000 habitants, soit 40 à 90% de la population de la communauté de communes du Val de Vienne.
De plus, et d’après leurs dires, ça pourrait apporter de nouvelles ressources à la commune, les riverains pourront investir dans la société exploitante pour toucher des dividendes et des tarifs préférentiels seront accordés aux personnes habitant à proximité du parc. Ce dernier a vocation à tourner pendant 20 à 25 ans.
Olivier Collet
Photos des exploitants.