Au Conseil Régional, entre subventions généreuses et fermeté

Train, routes, haut débit, aéroport… François Bonneau investit beaucoup, mais pas à tout va. Il s’en explique.

Cette année, la région Centre-Val de Loire va investir 300 millions d’euros. A titre de comparaison, c’est 15 fois le budget des nouveaux projets d’une ville comme Tours. C’est aussi à peu de choses près le prix d’une seconde ligne de tramway. Une enveloppe particulièrement conséquente, donc, mais le Conseil Régional (dirigé par la gauche et présidé par le socialiste François Bonneau) affirme avoir les moyens de ses ambitions : « notre dette est théoriquement remboursable en 2,9 années alors que c’est plus de 5 ans en moyenne pour les autres régions françaises. » Ce qui ne veut cependant pas dire qu’en 2020 la région n’aura plus de crédits : « un certain nombre d’investissements peuvent se faire par l’emprunt car c’est au bénéfice des générations qui viennent. L’objectif ce n’est pas zéro emprunt mais un niveau qui ne génère pas d’effet financier. Il faut qu’on se donne une petite possibilité d’évolution, avec des emprunts plus importants pour de grands projets, mais en deçà du niveau moyen des autres régions. »

« Notre région est bien gérée » clamait François Bonneau pendant la campagne pour sa réélection en 2015, et il continue de le dire aujourd’hui. Ce qui lui permet de mener à bien sa promesse phare : la gratuite des transports scolaires dès septembre 2017 (hors grandes agglomérations comme Tours et Orléans), et ce sans parler d’augmentation d’impôts malgré un coût de 10 millions d’euros. « En 1998 nous avions été la première région à proposer les manuels scolaires gratuits. Puis, en 2004, la première à garantir des séjours en Europe gratuits pour les classes. Et si on met cela en œuvre aujourd’hui, c’est parce qu’on sait qu’on peut le faire. Ca correspond à une conception de l’éducation, pour que tous les jeunes puissent avoir accès aux mêmes chances et aux mêmes services quelle que soit la situation de leur famille. »

Dans le domaine de l’éducation, ce sont également 80 millions d’euros qui vont être injectés dans les lycées, gérés par la région, « pour la mise aux normes des bâtiments, l’amélioration des performances énergétiques, la modernisation des équipements » détaille le président de région qui projette aussi la construction de deux nouveaux établissements dans le Loiret et en Eure-et-Loir. La région Centre-Val de Loire soutient aussi les universités (32 millions sur 5 ans) et pourrait par exemple s’impliquer dans un chantier qui s’annonce essentiel à Tours : la rénovation du site de la fac des Tanneurs en bord de Loire.

Plutôt sûre d’elle financièrement, la région sert donc souvent d’appui aux autres collectivités locale pour réaliser des projets, « assumer leurs responsabilités » comme le dit François Bonneau qui insiste bien sur le fait qu’il va consacrer 170 millions d’euros en 5 ans dans l’installation du haut débit : « si on ne le fait pas, certains territoires ne seront desservis que dans 10 ou 15 ans et ça va créer une inéquité considérable. C’est pour cela que l’on a choisi d’intervenir. »

Seconde priorité affichée : « on va mettre le paquet sur le ferroviaire. » La région est notamment en train de travailler à la réouverture de la ligne TER Chartres-Orléans (le tronçon Chartres-Vosves est de nouveau actif depuis fin 2016), en attendant la mise en place de trains entre Orléans et Châteauneuf-sur-Loire. « On participe aussi à de nombreux chantiers de rénovation comme pour la ligne Tours-Loches. On n’a pas le choix car la SNCF nous dit ‘si vous ne participez pas, on fera rouler les trains à 40km/h sur ces tronçons.’ »

L’élu ne le cache pas, les relations sont assez tendues avec la compagnie ferroviaire : « on a obtenu une réduction des prétentions financières de la SNCF et on lui a imposé des pénalités quand la qualité de service n’était pas au rendez-vous avec également une indemnisation des voyageurs. Depuis, il y a quelques évolutions positives mais encore insuffisantes. Il y a encore trop de trains qui tombent en panne ou de caténaires qui chutent sur les voies. J’ai du mal à le comprendre et je me dis que la maintenance peut s’améliorer. » De nouveaux trains, payés par l’Etat, vont par ailleurs être acquis pour assurer les liaisons Intercités comme Paris Austerlitz-Les Aubrais-Blos-Amboise-Tours. Il s’agira de rames Regio 2N de Bombardier (ça ressemble à ça) et – peut-être – qu’elles seront équipées du wifi.

A noter que la région va aussi reprendre les lignes de car (le réseau Fil Vert en Touraine) : « il faudra aller vers une uniformisation du prix du billet » affirme le président Bonneau qui prépare aussi une refonte des différentes lignes existantes tout en garantissant que les différentes petites sociétés de transport aujourd’hui impliquées ne seront pas laissées de côté. Il faut cependant s’attendre à des modifications : « à certains endroits, il y a à la fois du train et du car aux mêmes heures. Peut-être que l’on pourra faire jouer la complémentarité… » suggère le socialiste.

Si sur ce sujet le débat reste encore ouvert, il est en revanche tranché en ce qui concerne l’éventuel soutien de la région à des projets d’aménagement routier. Suite à un accident survenu le 11 janvier à Chambourg-sur-Indre sur la D943, une pétition a réclamé des aménagements pour sécuriser l’axe Tours-Loches. Et les élus du sud-Touraine ont demandé un soutien de la région. Ce sera non : « dans un souci d’efficacité, je pense qu’il est important que les routes puissent être assumées par un concours entre l’Etat et les départements. La situation de la D943 est préoccupante, il est très urgent que des travaux s’engagent mais la région s’implique déjà au-delà de ses missions sur d’autres questions comme le haut débit. La région est beaucoup plus efficace quand elle croise ses priorités avec celles des territoires. »

En clair, le Conseil Régional est généreux mais ce n’est pas non plus une tirelire dans laquelle on peut venir piocher dès que l’on a un gros projet à mener… C’est vrai aussi pour l’aéroport de Tours d’ailleurs. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine affirme qu’elle n’a plus les moyens de payer et le prochain départ de l’école de chasse d’ici 2020 pose question car l’armée ne s’impliquera plus autant dans la gestion de la piste tourangelle. Aujourd’hui, la région verse 900 000€ par an pour développer l’aviation à Tours, « est-ce qu’on peut aller plus loin ? Je ne le pense pas » déclare François Bonneau. « La région n’entend pas se retirer mais n’a pas les moyens de prendre la place de ceux qui se désengagent. Des équations comme celles-ci, il en arrive tous les jours sur mon bureau. Alors on cherche des solutions… »

Olivier COLLET

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